Québec Solidaire se rallie à la campagne impérialiste contre l'Iran sous le prétexte de défendre les «droits des femmes»

Québec Solidaire, le parti de la pseudo-gauche au Québec, donne son plein appui à la campagne impérialiste hypocrite dénonçant la république islamique iranienne pour ses violations des droits démocratiques et surtout ceux des femmes.

Dans ses efforts pour promouvoir une telle campagne, Ruba Ghazal, une députée de Québec Solidaire d'origine palestinienne, a collaboré étroitement avec des députés et représentants des trois autres partis de l'establishment capitaliste québécois – la Coalition Avenir Québec chauvine et de droite, le Parti québécois indépendantiste et le Parti libéral fédéraliste – qui sont tous de fervents partisans de la participation d'Ottawa aux guerres de conquête menées par Washington au cours des dernières décennies.

Ghazal a donné le ton en déposant une motion à l'Assemblée nationale «pour condamner la violente répression des manifestations et les abus aux droits de la personne commis par le régime théocratique iranien envers sa population depuis la mort de la jeune femme kurde, Mahsa Amin». La motion a été, sans surprise, adoptée à l'unanimité.

Derrière son ton de supériorité morale typique des brigands impérialistes américains, canadiens et européens, la motion passe complètement sous silence tous les crimes des États-Unis et de leurs alliés, dont le Canada, à travers le monde et particulièrement dans le Moyen-Orient.

Le World Socialist Web Site s’oppose au régime clérical iranien, caractérisé par la pauvreté de masse, le chômage élevé, la corruption et la répression des luttes de la classe ouvrière. Ce régime nationaliste bourgeois a pris le pouvoir en supprimant les organisations indépendantes de la classe ouvrière et en détournant l'immense mouvement progressiste et anti-impérialiste qui a renversé en 1979 la dictature brutale du Shah alors soutenue par Washington.

Des Iraniens manifestent contre la mort d’une jeune femme de 22 ans, Mahsa Amini, après sa détention par la police de la moralité, à Téhéran, le 20 septembre 2022. [AP Photo/Middle East Images, File] [AP Photo/Middle East Images, File]

Mais, les larmes de crocodile versées par Ghazal, qui se vante de parler «d'une seule voix» avec ses amis impérialistes, sur le sort des femmes iraniennes ne doivent tromper personne.

Où est l'indignation de Ghazal et de la direction de QS après des décennies de menaces de guerre et sanctions économiques brutales imposées par les États-Unis, autant sous les démocrates que sous les républicains, qui privent l’Iran de la capacité d'acheter la nourriture, les médicaments et les équipements médicaux dont les masses iraniennes ont cruellement besoin?

Où est leur indignation devant l'alliance de longue date que maintiennent Washington et Ottawa avec l'Arabie Saoudite, un pays despotique où les femmes sont victimes de discrimination et où les droits élémentaires des citoyens sont complètement brimés?

Où est l'indignation de QS devant les crimes perpétrés contre les hommes et les femmes d'Irak, d'Afghanistan, de Libye et de Syrie, qui ont vu leurs pays ravagés par des guerres menées par Washington et ses alliés, avec le plein appui de Ottawa et Québec, pour le contrôle des matières premières et de ces régions géostratégiques?

Dans la mesure où QS a parlé de ces guerres, c'est dans le but, comme dans le cas de l’Iran, d’utiliser son image de «gauche» pour donner du crédit au prétexte des «droits de l'homme» avancé par les gouvernements impérialistes pour justifier leurs agressions. QS joue le même rôle vis-à-vis la guerre de l'OTAN contre la Russie en Ukraine. Il a déposé une motion au début de la guerre, aussi adoptée à l'unanimité par l’Assemblée nationale, qui dénonçait «l’agression» russe tout en passant sous silence le rôle provocateur de l'OTAN en Europe de l'Est et ses préparatifs de longue date pour affronter militairement la Russie dans la but de contrôler ses immenses ressources géostratégiques.

Si QS a depuis gardé le silence sur la guerre en Ukraine, ce n’est pas simplement parce que c’est un parti provincialiste qui a peu d’intérêt pour ce qui se passe en dehors du Québec. C’est plus fondamentalement parce que sa position ne se distingue en rien de la fièvre impérialiste et guerrière qui s’est emparée de toute l’élite dirigeante canadienne et québécoise.

C’est pourquoi QS n’a pas dit un mot sur les actions dangereuses et provocatrices de l'OTAN qui sont en train d'embraser le conflit et de l'amener vers un conflit nucléaire. Il s’est tu en particulier sur le rôle du Canada dans cette escalade, avec ses livraisons massives d'armes à l'Ukraine et son soutien logistique à celle-ci pour l’aider à viser les forces russes.

Commentant sa motion sur l’Iran, Ghazal a dit: «Il faudra tout faire en notre pouvoir pour que la révolution ne s’essouffle pas et pour que ce régime infâme tombe». Ces propos montrent que toute cette propagande «pro-femmes» à laquelle QS participe de façon criminelle, n'a qu'un objectif: préparer le terrain idéologique pour renverser, par la voie militaire si nécessaire, le régime iranien, qui est perçu par l'impérialisme américain et canadien comme étant hostile à leurs intérêts.

Ghazal et Québec Solidaire représentent les sections aisées de la classe moyenne, qui ont depuis longtemps fait leur paix avec l'impérialisme. Ayant accédé à une position confortable dans le système capitaliste, elles craignent et s'opposent à tout mouvement de masse contre l'ordre capitaliste établi. Leur rôle est de garder l’opposition sociale montante dans le cadre de la politique capitaliste et de chercher à ranimer le programme nationaliste discrédité de l’indépendance du Québec.

Au Canada, QS parle à peine des luttes de la classe ouvrière et travaille avec la bureaucratie syndicale pour supprimer les luttes des travailleurs. Dans sa politique étrangère, QS défend les intérêts de la classe dirigeante canadienne et québécoise. Il soutient non seulement la guerre de l’OTAN contre la Russie, mais aussi le rôle croissant du Canada dans l’offensive militaro-stratégique des États-Unis contre la Chine. Faisant tout pour se présenter comme «respectable» devant la classe dirigeante, QS a envoyé sa motion à l'ONU, ce rassemblement de pays impérialistes dirigé par les États-Unis.

La position proimpérialiste de Québec Solidaire sur l'Iran met également à nu son projet réactionnaire de création d'une troisième République en Amérique du Nord, qui rejoindrait le camp des pays impérialistes. En 2019, QS adoptait officiellement la position qu’un Québec indépendant devrait se doter d’une armée. L'une des raisons avancées était que cela servirait à rassurer Washington que le territoire québécois serait suffisamment patrouillé pour qu'il ne devienne pas une quelconque menace pour les intérêts américains, dans le contexte de «la montée en puissance de pays susceptibles de rivaliser avec les États-Unis, comme la Chine...» De plus, QS appuie, par son silence complice, la hausse massive de 70 pour cent des dépenses militaires annoncée par le gouvernement libéral fédéral de Trudeau en 2017 et l'achat pour des dizaines de milliards de dollars d'équipements militaires, y compris une nouvelle flotte de navires de guerre et de chasseurs.

Les politiques proimpérialistes de Québec Solidaire et des couches sociales aisées qu'il représente sont un phénomène international. Tous les partis «cousins» de QS au niveau international défendent les intérêts prédateurs de leur pays: SYRIZA en Grèce, Die Linke en Allemagne ou encore PODEMOS en Espagne. Ce dernier, qui est dans une coalition avec le PSOE, l'un des deux partis de gouvernement de la classe dirigeante espagnole, est en train d'imposer un budget contenant la plus grande augmentation de dépenses militaires de l'histoire de l'Espagne.

Un dernier point doit être fait. En faisant bloc avec tous les autres partis de l'Assemblée nationale au nom des «droits démocratiques des femmes iraniennes», QS se solidarise avec des partis qui ont alimenté le chauvinisme anti-immigrants depuis plus d'une décennie, en particulier envers les femmes musulmanes. La Coalition Avenir Québec (et l'Action démocratique du Québec qui l'a rejointe), le Parti libéral et le Parti québécois ont tous encouragé ou imposé l'adoption de lois qui légifèrent sur ce que les femmes musulmanes peuvent ou ne peuvent pas porter. 

Au nom de la «laïcité» et des «valeurs québécoises», ces lois empêchent la petite minorité qui porte le niqab ou la burqa d'utiliser ou fournir des services publics, dont les soins de santé (loi 62 et loi 21), et interdisent le port du foulard islamique pour certains employés en «position d'autorité», comme les dizaines de milliers d'enseignantes (loi 21).

Ces débats promus sans cesse par tous les partis de l'establishment politique ainsi que les médias capitalistes ont alimenté l'extrême-droite et les gestes haineux à l'égard des immigrants. Plusieurs femmes musulmanes portant le foulard islamique ont expliqué comment leur quotidien a été changé par ces lois et les campagnes chauvines dont elles sont issues: perte d'emploi, changement de carrière forcé, crainte de sortir de chez elle, agressions, etc.

QS et Ghazal, qui ont toujours présenté ces débats comme «légitimes» et caché leur véritable objectif – diviser la classe ouvrière sur des lignes ethniques et linguistiques et faire des immigrants les boucs émissaires de l'immense crise sociale causée par le système capitaliste – sont pleinement complices de ce dangereux recul social à l'égard des femmes musulmanes qu'ils prétendent défendre en Iran.

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