Non à l’«offre finale» provocante de National Steel Car! Constituons un Comité de base chez NSC pour mener la grève et mobiliser un vaste soutien dans la classe ouvrière!

Confrères et consœurs,

L’offre contractuelle dite «finale» de National Steel Car est une provocation. L’entreprise réalise des bénéfices exceptionnels et son carnet de commandes est plein, mais elle est déterminée à nous imposer des salaires de misère et des conditions de travail épouvantables pendant encore trois ans. Le fait que l’équipe de négociation du Syndicat des Métallos (USW) ait refusé d’appeler à voter un «non» retentissant et à la préparation immédiate d’une grève démontre une fois de plus que la bureaucratie syndicale ne se battra pas pour nos intérêts. C’est pourquoi nous formons le Comité de base des travailleurs de National Steel Car (National Steel Car Rank-and-File Committee – NSCRFC), et nous invitons tous les travailleurs de l’usine de Hamilton à s’y joindre pour le développer. Contactez-nous à cette adresse: nscrfc@gmail.com

Manifestation de travailleurs devant l’usine National Steel Car de Hamilton, en Ontario, le jeudi 9 juin 2022. L’usine a connu trois décès en tout depuis que Quoc Le, un travailleur de 51 ans, a trouvé la mort dans un horrible accident de travail. [Photo: Hamilton and District Labour Council ]

Le contrat proposé prévoit des «augmentations» salariales pathétiques de 4 % la première année et de 3 % les deux années suivantes. Il ne prévoit pas d’ajustement au coût de la vie ni de mesures sérieuses pour améliorer l’épouvantable bilan de l’usine en matière de sécurité. L’embauche proposée de deux représentants en santé-sécurité est une plaisanterie cruelle, puisqu’ils travailleront en coopération avec la direction de l’entreprise pour appliquer son régime brutal dans des lieux de travail où sont survenus d’innombrables blessures et trois décès en autant d’années.

On nous dit toujours que «c’est ça la norme dans l’industrie» et que «c’est le mieux qu’on peut faire» ou, pire encore, que «c’est un partenariat». Après avoir vu trois de nos collègues se faire tuer au cours des trois dernières années, cela semble être un «partenariat» à sens unique, du Syndicat des Métallos agissant en tant que complice docile de la direction de l’entreprise.

Contre la bureaucratie du Syndicat des Métallos!

Au cœur du problème, il y a le fait inéluctable que la bureaucratie du Syndicat des Métallos n’a tout simplement pas nos intérêts à cœur dans cette négociation, ou dans toute autre «négociation» qu’elle a entamée au cours des quatre dernières décennies. Nous avons souffert d’augmentations salariales inférieures à l’inflation pendant des années, alors que le taux d’inflation déclaré était inférieur à 1 ou 2 %. Les travailleurs nouvellement embauchés souffrent d’un système d’échelons négocié par le Syndicat des Métallos (sans que cela soit précisé) depuis plus d’une décennie. Nos pensions sont réduites depuis plus d’une décennie. Nous subissons une accélération de la production (les «super lignes») et devons nous contenter d’équipements de qualité médiocre et de conditions de travail dangereuses. Pendant que NSC s’en met plein les poches, le Syndicat des Métallos reste là sans rien faire, apparemment impuissant. Encore une fois, faut-il le répéter: trois personnes sont mortes chez NSC au cours des trois dernières années! Et où est l’appareil du Syndicat des Métallos pendant tout ce temps? Eh bien, il «négocie» directement ou indirectement ce à quoi nous sommes confrontés quotidiennement. À part faire venir plus souvent le ministère du Travail sur le site, élaborer des règles absurdes sur les fontaines et infliger quelques amendes qui représentent de l’argent pour NSC, qu’est-ce qui a vraiment changé? Les chiffres de production restent les mêmes, tandis que presque rien n’est fait pour remédier à la menace quotidienne qui pèse sur la vie et l’intégrité physique des travailleurs.

C’EST ASSEZ!

Il est temps de regarder en face les dures réalités auxquelles nous sommes confrontés. Nous devons reconnaître que nous sommes confrontés à une bataille sur deux fronts dans ces négociations. L’ennemi évident est NSC. L’autre, franchement, c’est la bureaucratie du Syndicat des Métallos à laquelle nous payons des cotisations, mais qui semble agir moins comme une organisation de lutte de pour la classe ouvrière que comme un entrepreneur de main-d’œuvre bon marché. Nous, les travailleurs de NSC, devons nous libérer des chaînes de la bureaucratie du Syndicat des Métallos et, par extension, des autres «syndicats» affiliés à l’AFL-CIO et au CTC. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons nous battre pour ce dont nous avons vraiment besoin et non pour ce que l’entreprise et le Syndicat des Métallos conviennent dans notre dos.

Nous sommes en train de créer un comité de base des travailleurs de National Steel Car (NSCRFC). Qu’est-ce qu’un comité de base?

Les comités de base sont des organisations démocratiques dirigées par les travailleurs sur le terrain. Pas par des bureaucrates à Toronto ou à Pittsburgh. Ces comités sont essentiels pour poursuivre le combat que nous devons mener inévitablement. Au moyen des comités, les travailleurs peuvent partager des informations et établir des lignes de communication au sein de chaque équipe et de chaque chaîne de production afin que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. Il est essentiel que les comités de base deviennent le moyen pour les travailleurs de s’unir dans un réseau pour briser l’isolement imposé par les bureaucraties syndicales (dans notre cas, le Syndicat des Métallos) et libérer toute la force de l’ensemble de la classe ouvrière. Et si jamais il y a une action syndicale à NSC, nous savons déjà que le Syndicat des Métallos va nous isoler et nous laisser poireauter avec ses maigres indemnités de grève, ce qui obligera beaucoup d’entre nous à accepter une entente mauvaise.

Pour quoi lutte le NSCRFC?

Nous demandons instamment à tous les travailleurs de voter puissamment «non» lors du vote de mercredi sur l’entente et de se joindre au Comité de base des travailleurs de NSC, le NSCRFC, pour s’assurer que notre grève est menée par et pour la base, notamment en étendant la lutte contre la réduction des salaires réels, l’accélération des cadences de travail et les conditions de travail dangereuses que tous les travailleurs subissent tant en Ontario que dans le reste de l’industrie ferroviaire en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde.

Voici quelques-unes de nos revendications concernant ce dont nous avons besoin pour mener une vie raisonnablement confortable.

1. Pour une augmentation salariale annuelle de 10 % ET le rétablissement immédiat de la clause d’indemnité de vie chère dans notre contrat! Par ailleurs, le point de départ devrait être nos tarifs avec «incitatifs», et NON nos tarifs journaliers. Il s’agit de commencer à compenser l’augmentation salariale minimale que le Syndicat des Métallos a «négociée» et prétend être la «norme du secteur» depuis au moins dix ans. Cela nous permettra également de dépasser le taux d’inflation actuel, car toute augmentation inférieure à ce taux constitue une baisse de salaire dans les faits et ne fait qu’aider NSC. Nous voyons tous nos revenus s’éroder en raison de l’inflation. Il ne fait aucun doute que NSC a augmenté les prix qu’elle pratique en raison de l’inflation, mais elle a bénéficié d’une main-d’œuvre bon marché grâce à du Syndicat des Métallos. Nous voulons récupérer une partie de ces avantages!

2. Pour la fin du travail à la pièce! Le travail à la pièce est un outil de gestion obsolète qui monte les travailleurs les uns contre les autres dans une course vers le bas pour remplir les poches de l’entreprise. C’est aussi la principale raison pour laquelle les gens prennent des raccourcis et créent des conditions de travail dangereuses qui nous tuent littéralement.

3. Pour un doublement immédiat de la limite de 10.000 dollars pour les prestations en soins de santé! Ce plafond est bloqué depuis trop longtemps et doit être modifié pour refléter notre époque.

4. Pour une semaine de vacances supplémentaire pour les travailleurs de NSC! Nous avons tous besoin de prendre des congés en raison de la nature physique de notre travail et toute personne qui travaille depuis plus de dix ans dans ce secteur mérite tout simplement ce temps supplémentaire. De nombreux travailleurs ne prennent tout simplement pas le temps qui leur est actuellement alloué parce qu’ils n’en ont pas les moyens.

5. Pour la fin de la période de «taux de formation» à deux niveaux de 2080 heures négociée par les Métallos il y a plus de dix ans! Nous savons que cette mesure a été temporairement suspendue, mais elle peut être rétablie sur un coup de tête de NSC. Si les «experts» de NSC ne peuvent pas déterminer si quelqu’un a la capacité de travailler ici en 90 jours (3 mois), alors il est temps d’appeler ce «taux de formation» ce qu’il est réellement – une autre forme de main-d’œuvre bon marché qui permet à NSC d’empocher des profits supplémentaires pendant un an. Sans parler du bris de solidarité que cela provoque, ce qui, nous le soupçonnons, fait partie de l’objectif de l’entreprise.

6. Pour la surveillance des négociations contractuelles par les travailleurs de la base, comprenant la diffusion en direct de tous les pourparlers! Plus de secrets! Plus de cachotteries! Plus d’accords en coulisses! Nous sommes au XXIe siècle et nous devrions tous savoir de ce qui est discuté afin de pouvoir prendre une décision en toute connaissance de cause. En outre, nous avons besoin d’une semaine pour examiner toute proposition d’accord afin de voir tout ce qui est en petits caractères et qui nous affectera avant de voter. Fini le délai de réflexion de 48 heures et le vote à l’emporte-pièce d’un document qui régira notre vie professionnelle pour les trois à cinq prochaines années, avec ce qui s’apparente à un pistolet sur la tempe.

7. Pour le contrôle par les travailleurs de la base des conditions de santé et de sécurité à l’usine! Nos lieux de travail ont gagné les surnoms de «National Death Car» et de «National Coffin» en raison des taux élevés de décès et de blessures régulières survenant sur les lieux de travail. Ces conditions épouvantables ont été créées et maintenues conjointement par la direction de l’entreprise et la bureaucratie du Syndicat des Métallos. Nous demandons à ce que les travailleurs puissent contrôler la vitesse des chaînes de production, les objectifs de production et toutes autres décisions en matière de santé et de sécurité. Les travailleurs doivent avoir le droit d’arrêter tout travail immédiatement lorsqu’un grave problème de sécurité se pose.

Contre le nationalisme canadien! Pour l’unité internationale de la classe ouvrière!

Nous avons déjà mentionné l’isolement que le Syndicat des Métallos s’efforce d’imposer en ayant des sections locales cloisonnées. Pourtant, nous sommes loin d’être isolés des problèmes auxquels tous les travailleurs sont confrontés dans le monde entier. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés quotidiennement chez NSC sont fondamentalement les mêmes que ceux auxquels la classe ouvrière est confrontée partout dans le monde. Baisse des revenus, inflation, conditions de travail dangereuses, horaires de travail pénibles, etc. ces problèmes se répètent partout. Au fur et à mesure que les gens s’en rendent compte, ils entrent en lutte contre les divers gouvernements et entreprises qui ont l’intention de maintenir les accords d’exploitation de classe qui sont à la base des sociétés dans lesquelles nous vivons. L’une des principales tâches de notre comité de base est d’étendre notre lutte en établissant des liens avec les travailleurs qui luttent contre des conditions similaires en usine et dans les autres lieux de travail au Canada, aux États-Unis et partout ailleurs dans le monde. Cette lutte est avant tout politique, puisque ce sont les gouvernements capitalistes qui appliquent et président des politiques d’austérité et des attaques contre les droits des travailleurs afin de financer la guerre et l’enrichissement de l’élite financière.

En France, la population se révolte contre l’austérité imposée par le gouvernement Macron concernant les pensions et l’âge de la retraite. Le gouvernement Macron prétend «qu’il n’y a plus d’argent» et que les gens doivent simplement accepter la situation. Pourtant la France dispose d’un budget illimité pour son armée dans la guerre contre la Russie instiguée par les États-Unis et l’OTAN, mais rien pour les travailleurs français. Les «syndicats» cherchent à s’accommoder à ce programme au lieu de le combattre comme le feraient de véritables organisations de la classe ouvrière.

Au Royaume-Uni, la classe ouvrière se heurte également au programme d’austérité mis en place par le gouvernement pour contribuer au financement de la guerre de l’OTAN contre la Russie et les renflouements sans fin de l’oligarchie financière. Les élites britanniques préfèrent que les gens s’extasient devant le couronnement d’un roi ridicule au sourire niais pour faire diversion, afin qu’elles puissent imposer des mesures d’austérité, plutôt que de se préoccuper un tant soit peu du bien-être économique de leurs citoyens. Quant aux syndicats pro-capitalistes, ils cherchent à arriver à un arrangement avec le gouvernement britannique pour maintenir la «rentabilité» de la Poste royale et des vestiges du système de transport ferroviaire public sur le dos des travailleurs qu’ils prétendent représenter. Les travailleurs de la base dans ces syndicats se révoltent littéralement contre les bureaucraties qui les trahissent. Vous n’en entendrez pas parler dans les grands médias.

Aux États-Unis, l’administration Biden, de mèche avec le syndicat des Teamsters, a fait avaler aux travailleurs du rail, en décembre, un contrat favorable aux transporteurs ferroviaires, et qui n’aborde pas les principaux problèmes en matière de sécurité, d’effectifs inadéquats et d’horaires de travail inhumains. Il n’est pas surprenant que deux mois plus tard, des problèmes de sécurité aient provoqué le déraillement d’un train de la Norfolk Southern en Ohio, plongeant toute une ville dans une véritable catastrophe toxique. La Norfolk Southern, cette même entreprise qui a exigé l’accord concocté par l’administration Biden et les syndicats du rail, vient d’accuser les travailleurs de NSC d’être à l’origine d’un autre déraillement aux États-Unis.

Ce que nous disons, c’est que nous ne pouvons pas laisser les bureaucrates du Syndicat des Métallos décider de ce dont nous avons besoin. L’appareil du Syndicat des Métallos n’est pas différent de tous ces autres «syndicats» que l’on trouve dans les autres pays en termes de position de classe. Ces organisations ont depuis longtemps abandonné toute lutte réelle contre les employeurs, et elles travaillent avec eux pour obtenir des accommodements et des «partenariats» dans le jeu du profit, aux dépens des travailleurs de la base comme nous. Le Syndicat des Métallos est un fervent défenseur du nationalisme canadien, qui nous divise de nos frères et sœurs de classe d’ailleurs en Amérique du Nord. Il est également un soutien essentiel au gouvernement libéral de Trudeau, qui est en faveur de la guerre et de l’austérité, et qui lui-même s’appuie sur un partenariat étroit avec la bureaucratie syndicale pour imposer des attaques pro-patronales contre les droits et les conditions de travail des travailleurs.

Face à cela, nous proposons d’affilier notre comité de base à l’Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC). La raison d’être de l’IWA-RFC est d’unifier les luttes de la classe ouvrière à travers le monde dans une contre-offensive contre le programme de guerre de classe de l’élite dirigeante: guerre impérialiste, attaques contre les droits démocratiques et austérité. Nous appelons tous les travailleurs de NSC à contacter le NSCRFC à l’adresse nscrfc@gmail.com et à se joindre à nous afin de faire avancer notre lutte pour des lieux de travail plus sécuritaires, de meilleurs salaires et des emplois assurés pour tous.

(Article paru en anglais le 27 juin 2023)