Vendredi, l’ensemble du Parlement canadien et le premier ministre Justin Trudeau ont ovationné Yaroslav Hunka, un Ukrainien ancien membre de la Waffen SS d’Adolf Hitler, qui a joué un rôle de premier plan dans l’extermination des Juifs d’Europe entre 1941 et 1945. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, présent au Parlement en tant qu’invité d’honneur, s’est également joint au tonnerre d’applaudissements.
Cette adoption publique choquante d’un criminel de guerre nazi et d’un participant aux plus grands crimes de l’histoire de l’humanité a mis en lumière les liens de longue date du gouvernement canadien avec les collaborateurs fascistes ukrainiens des nazis et leurs descendants politiques, ainsi que la réhabilitation plus large du fascisme dans le cadre de la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie en Ukraine.
Vendredi, le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, a présenté Hunka, qui était assis dans la tribune parlementaire. Il a été décrit comme un «vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes et qui continue à soutenir les troupes aujourd’hui, même à l’âge de 98 ans».
Yaroslav Hunka, a poursuivi Rota, est un héros ukrainien, un héros canadien, et nous le remercions pour tous les services qu’il a rendus. À l’unisson, Zelensky, Trudeau, la vice-première ministre Chrystia Freeland, les chefs des partis d’opposition, tous les députés et sénateurs présents et les hauts gradés de l’armée canadienne se sont levés pour ovationner Yaroslav Hunka. Celui-ci s’est à son tour levé et a brandi le poing.
Il est rapidement apparu que ce «héros» ukrainien et canadien était un criminel de guerre. Hunka avait «combattu pour l’indépendance de l’Ukraine» en tant que membre d’une unité spéciale de la SS nazie, la 14e division Galizien de la Waffen SS. À l’exception de ses officiers supérieurs, la division Galizien était composée d’Ukrainiens, pour la plupart membres de l’une des ailes rivales de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), une organisation fasciste.
Créée par Himmler en 1943, la 14e division Waffen SS Galizien s’est entraînée dans les camps de concentration nazis et a perpétré des massacres de Polonais, de Juifs et de Slovaques. Le tribunal de Nuremberg a par la suite estimé que le simple fait d’appartenir à la SS constituait un acte criminel.
La révélation du rôle de Hunka dans les SS a déclenché une tempête sur les médias sociaux. Ivan Katchanovksi, conférencier à l’université d’Ottawa et critique du rôle du Canada dans l’instigation et la poursuite de la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie à propos de l’Ukraine, a attiré l’attention sur des messages postés par Hunka qui décrivent et parlent avec fierté de son engagement dans la Waffen SS.
Des organisations juives ont demandé au Parlement canadien de présenter des excuses pour avoir célébré un ancien combattant SS. «Des excuses sont dues à tous les survivants de l’Holocauste et à tous les vétérans de la Seconde Guerre mondiale qui ont combattu les nazis», a déclaré un communiqué des Amis du Centre Simon-Wiesenthal. «Et une explication doit être fournie sur la façon dont cet individu est entré dans les couloirs sacrés du Parlement canadien et a reçu la reconnaissance du président de la Chambre et une ovation debout.»
Trudeau, le chef du Parti conservateur, Pierre Polièvre, le chef du NPD, Jagmeet Singh, et d’autres encore se démènent aujourd’hui pour se dissocier des événements de vendredi. Tous affirment qu’ils n’ont joué aucun rôle dans le rappel honorifique de Hunka par le président de la Chambre et qu’ils n’étaient pas au courant de son appartenance à la Waffen SS. «Le premier ministre ne l’a pas rencontré», a déclaré Karina Gould, leader du gouvernement à la Chambre. «Je suis profondément troublée par ce qui s’est passé. Je demande instamment aux députés d’éviter de politiser cet incident.»
Dimanche, le président de la Chambre des représentants, Rota, a présenté des excuses préliminaires dans lesquelles il a personnellement accepté toute responsabilité dans la célébration de Hunka par le Parlement. «J’ai pris connaissance par la suite d’informations supplémentaires qui me font regretter ma décision d’honorer Hunka», a déclaré Rota. Je tiens à préciser que personne, y compris mes collègues parlementaires et la délégation ukrainienne, n’était au courant de mon intention ou de mes remarques avant que je ne les prononce». Et ce, bien que le passé de Hunka soit connu de tous et que Hunka lui-même s’en soit vanté!
Il est impossible de prendre au sérieux les affirmations selon lesquelles le Président a été laissé à lui-même dans la rédaction de son introduction au discours de Zelensky devant le Parlement. Comme Trudeau l’a clairement indiqué dans ses propres remarques lors de la visite de Zelensky, son gouvernement – qui bénéficie en cela du soutien de l’ensemble de la classe dirigeante canadienne – est déterminé à soutenir la guerre en Ukraine «aussi longtemps qu’il le faudra» pour remporter la victoire. Il a défini cela comme la restauration des frontières du régime de Kiev d’avant 2014, y compris la reprise de la Crimée, et, dans des moments plus francs, comme un «changement de régime» à Moscou.
Tout porte à croire que des personnes haut placées au sein du gouvernement et leurs alliés du Congrès des Ukrainiens canadiens (CUC) voulaient profiter de la visite de Zelensky pour poursuivre leurs efforts de longue date visant à promouvoir et à honorer publiquement les nationalistes ukrainiens d’extrême droite qui ont collaboré avec les nazis. Il ne fait aucun doute qu’ils ont calculé qu’ils auraient des alliés en la personne de Zelensky et de son entourage. Après tout, le régime ukrainien célèbre ouvertement Stepan Bandera, son OUN (B) et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), qui, dans leur quête d’une Ukraine ethniquement «pure», ont participé à la fois à l’Holocauste et à la «guerre d’extermination» d’Hitler contre l’URSS. Elle a également intégré le bataillon Azov et d’autres groupes fascistes qui vénèrent Bandera et son UPA dans l’armée et les services de sécurité ukrainiens.
Selon des informations crédibles, il était prévu que Trudeau et Zelesnky rencontrent Hunka. Le vétéran SS a effectivement rencontré la leader parlementaire du gouvernement, Gould.
De nombreuses personnes étaient présentes, à commencer par Zelensky et la vice-première ministre Freeland, qui auraient immédiatement su, d’après la description de Rota, que Hunka était un fasciste et qu’il était soit membre de la Waffen SS, soit de l’OUN (B) de Bandera et de son UPA.
L’État canadien, comme l’a largement documenté le World Socialist Web Site, est associé depuis trois quarts de siècle à l’extrême droite ukrainienne. Après la Seconde Guerre mondiale, il a donné asile à des dizaines de milliers de collaborateurs nazis des deux factions de l’OUN, les a aidés à blanchir leurs crimes et les a utilisés comme outils de sa politique de guerre froide, notamment contre l’influence de la gauche au sein de l’importante communauté ukrainienne du Canada. Ottawa a également permis à quelque 2000 anciens membres de la Division Galizien, dont Hunka, de venir au Canada.
Pendant des années, le CUC a été au centre d’un réseau d’organisations culturelles ukrainiennes et de programmes d’études universitaires visant à promouvoir un nationalisme ukrainien d’extrême droite, virulemment anti-communiste et anti-russe. Après la dissolution de l’URSS par la bureaucratie stalinienne, il a joué un rôle majeur, avec le soutien du gouvernement canadien, dans la réinjection d’un nationalisme d’extrême droite en Ukraine, et en est venu à jouer un rôle de plus en plus important et provocateur dans la politique étrangère du Canada.
Le CUC défend depuis longtemps les anciens combattants de la Waffen SS. Hunka est lui-même actif au sein du CUC et un fonds de dotation a été créé en son nom et en celui de sa défunte épouse à l’Institut canadien d’études ukrainiennes de l’université d’Alberta.
L’alliance entre l’impérialisme canadien et l’extrême droite ukrainienne est incarnée par la vice-première ministre et ministre des Finances du gouvernement actuel, Chrystia Freeland, qui, dès son plus jeune âge, s’est inscrite dans des groupes de jeunes du CUC. Son grand-père maternel, Mikhalio Chomiak, était le rédacteur en chef de Krakivski Visti, le seul journal ukrainien autorisé à paraître sous l’occupation nazie. Il publiait un flux constant de provocations antisémites et faisait campagne pour la création d’une division SS composée d’Ukrainiens.
La plus fervente va-t-en-guerre du gouvernement, Freeland a souvent parlé avec amour de la façon dont son grand-père l’a éduquée dans la culture et le nationalisme ukrainiens. Lorsque des informations sur le rôle de son grand-père en tant que collaborateur nazi ont fait surface pour la première fois, l’establishment politique et les grands médias se sont joints à elle pour les dénoncer et les qualifier de «désinformation» russe.
L’élite canadienne, comme celle de ses alliés de l’OTAN, tente de dissimuler les intérêts stratégiques prédateurs qui animent sa guerre sans cesse croissante contre la Russie en affirmant qu’elle défend la «démocratie» et la «souveraineté» de l’Ukraine. Mais les forces ultra-réactionnaires sur lesquelles elle s’appuie pour mener idéologiquement et militairement cette guerre – comme le souligne l’ovation de vendredi pour un meurtrier SS nazi et membre honoré du CUC pro-Bandera – illustrent son véritable caractère.
(Article paru en anglais le 25 septembre 2023)