La Commission Deschênes : La dissimulation par l’État du rôle joué par le Canada pour servir de refuge aux criminels de guerre nazis

Fin septembre, le parlement fédéral du Canada, dirigé par le premier ministre Justin Trudeau, s’est levé à l’unisson pour applaudir Yaroslav Hunka, un criminel de guerre nazi ukrainien âgé de 98 ans qui avait servi dans la Waffen-SS. La couverture médiatique qui s’en est suivie, tant au Canada qu’à l’étranger, a cherché à banaliser cet incident, le qualifiant d’« accident » ou de « bévue » inexplicable. Article après article, on a nié que l’État canadien ait eu des relations significatives avec les criminels de guerre nazis et leurs collaborateurs nationalistes d’extrême droite en Ukraine et ailleurs en Europe de l’Est, bien que ce fait peu glorieux fasse depuis longtemps l’objet de recherches universitaires.

Le parlement canadien applaudit Yaroslav Hunka, ancien membre de la Waffen-SS. Le chef d’état-major de la défense du Canada, le général Wayne Eyre, se trouve à l’extrême gauche.

L’un des refrains les plus courants est que le Canada a mené une enquête publique approfondie sur la présence de criminels de guerre dans le pays au milieu des années 1980 – la commission Deschênes – et qu’il a blanchi les membres de la division Waffen-SS Galicia comme Hunka de toutes les allégations de complicité dans des crimes de guerre.

Ce que ce discours intéressé dissimule, c’est que la Commission Deschênes a été, du début à la fin, une opération de dissimulation de la part de l’establishment. L’enquête a été conçue de manière à garantir un blanchiment du rôle de l’État canadien dans l’octroi d’un refuge aux criminels de guerre nazis après la Seconde Guerre mondiale, y compris jusqu’à 2000 membres de la Division Galicie de la Waffen-SS. En outre, elle n’a même pas abordé la question des dizaines de milliers d’autres collaborateurs nazis nationalistes ukrainiens d’extrême droite – membres de l’Organisation des nationalistes ukrainiens – et de leurs homologues d’autres pays d’Europe de l’Est qui ont été accueillis au Canada à la fin des années 1940 et dans les années 1950.

Ils ont tous été complices de ce qui compte parmi les crimes les plus monstrueux de l’histoire de l’humanité : la guerre d’anéantissement menée par les nazis contre l’Union soviétique, qui a coûté la vie à quelque 27 millions de citoyens soviétiques, et l’holocauste de 6 millions de Juifs d’Europe.

La décision du gouvernement canadien d’offrir un refuge aux criminels de guerre nazis, encouragée et soutenue par les services de renseignement américains et britanniques, a suscité l’indignation et la colère dès le départ. Dans les années qui ont suivi la guerre, les organisations ukrainiennes et juives de gauche ont adressé des protestations répétées au Parlement et au gouvernement, les invitant à faire preuve de prudence dans l’accueil des collaborateurs nazis. L’Association des Ukrainiens canadiens unis, qui a succédé à l’association de gauche Ukrainian Farmer Labour Temple Association (UFLTA), a adressé au Sénat canadien des mises en garde spécifiques concernant la présence de criminels de guerre dans les camps de personnes déplacées, notamment de membres de la Waffen-SS. En raison des innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité qu’elle a commis, notamment la répression sanglante de l’opposition civile au régime nazi et le rôle central qu’elle a joué dans l’extermination massive des Juifs, la Waffen-SS a été déclarée organisation criminelle lors du procès de Nuremberg.

Mais ces avertissements ont été cavalièrement écartés, dans le cadre d’une campagne de lobbying soutenue menée par le Congrès des Ukrainiens canadiens (UCC), organisme d’extrême droite financé par le gouvernement, afin d’obtenir l’entrée au Canada des anciens combattants de la Division Galicie. L’UCC a également fait pression avec succès pour que des milliers de membres des deux factions de l’OUN – l’OUN-M dirigée par Andrij Melnyk et l’OUN-B dirigée par Stepan Bandera – puissent entrer au Canada. L’un des vétérans de l’OUN accueillis par le Canada était Mykhailo Chomiak, rédacteur en chef du journal pronazi Krakivski Visti, qui avait fait campagne pour la création de la division de Galicie et publié des articles antisémites. Chomiak était le grand-père de l’actuelle vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland.

Soulignant l’ampleur de l’afflux de fascistes, l’OUN-B, organisée sous le nom de « Ligue canadienne pour la libération de l’Ukraine », puis de « Ligue des Ukrainiens du Canada » (LUC), est parvenue à établir 30 sections à travers le Canada en 1950, alors que son chef, Bandera, continuait à promouvoir ses opinions fascistes et à organiser une campagne terroriste antisoviétique en Ukraine. Au Québec, l’Église catholique a joué un rôle majeur en permettant aux collaborateurs nazis du régime français de Vichy d’entrer au Canada et de se rendre en Amérique latine.

Il est incontestable que l’installation des criminels de guerre nazis et de leurs complices d’extrême droite était une politique d’État, sanctionnée au plus haut niveau du gouvernement. Dans un rapport présenté en 1948 à la commission sénatoriale permanente sur l’immigration et le travail, le sénateur Thomas Crerar a déclaré que les personnes déplacées d’Ukraine et d’Europe de l’Est « exerçaient une influence anticommuniste très saine » sur le lieu de travail. Les fascistes ukrainiens étaient utilisés pour briser les grèves et attaquer les réunions de travailleurs.

Le sénateur Crerar, citant les patrons des mines, loue « l’influence anticommuniste très saine » des collaborateurs nazis. [Photo: Government of Canada-Hansard]

L’historien canadien de renom Irving Abella – qui a révélé l’hostilité acharnée de l’élite dirigeante canadienne à l’égard des immigrants juifs fuyant les persécutions nazies dans le livre qu’il a coécrit avec Harold Troper, None is too Many : Canada and the Jews of Europe 1933-1948 – a fait remarquer qu’un tatouage SS sur le bras faisait office de « passeport » pour le Canada d’après-guerre. Dans le même temps, Ottawa a poursuivi sa politique d’avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, consistant à rejeter systématiquement les immigrants juifs qui, contrairement aux anciens nazis, étaient considérés comme une menace communiste potentielle.

Dans les années 1980, la colère suscitée par la présence de nazis dans le pays est devenue trop forte pour que l’élite dirigeante du Canada puisse l’ignorer. Simon Wiesenthal, qui a découvert où se trouvaient les criminels de guerre nazis dans le monde entier, a présenté des preuves crédibles de la présence au Canada de nazis originaires d’Allemagne, d’Ukraine et d’autres pays, dont jusqu’à 2000 anciens membres de la Waffen-SS.

En février 1985, le gouvernement progressiste-conservateur dirigé par Brian Mulroney a annoncé la mise en place d’une enquête publique sur les criminels de guerre au Canada, sous la direction de l’ancien juge de la Cour d’appel du Québec, Jules Deschênes. Mais, comme c’est depuis longtemps la pratique au Canada en matière de commissions royales et d’enquêtes publiques, la commission Deschênes a été créée non pas pour exposer la vérité, mais pour la masquer et l’enterrer.

La commission Deschênes s’est vu confier un mandat encadré et délibérément circonscrit de manière à garantir qu’elle enterrerait toute l’affaire. Ottawa ne tolérerait pas que soient perturbées les relations politiques étroites qu’il a développées pendant des décennies avec les forces nationalistes d’extrême droite d’Ukraine et de toute l’Europe de l’Est dans le cadre de sa politique anticommuniste de la guerre froide, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il a notamment aidé les collaborateurs ukrainiens des nazis, dans les deux ailes de l’OUN, à élaborer un nouveau récit visant à dissimuler leurs crimes et à se présenter comme des combattants de la « libération nationale » contre le « totalitarisme » soviétique.

La carrière de Peter Savarin, ancien combattant de la division Galicia de la Waffen-SS, témoigne de l’importance et de l’influence croissantes de ces forces. Savarin a été chancelier de l’université de l’Alberta dans les années 1980 et président du Parti progressiste-conservateur de l’Alberta. Leader du Congrès mondial des Ukrainiens libres, il a été l’un des fondateurs de l’Institut canadien d’études ukrainiennes, affilié à l’université de l’Alberta, qui a joué un rôle de premier plan dans la légitimation et la promotion du nationalisme ukrainien d’extrême droite. Savarin a reçu l’Ordre du Canada moins d’un an après la conclusion de la Commission Deschênes.

Anatomie d’une dissimulation

Le mandat de la commission Deschênes, la nature des organisations qui ont obtenu un statut officiel lors de l’enquête et donc une influence significative sur les preuves qu’elle a examinées, ainsi que le temps très court alloué à ses travaux ont été conçus pour produire une conclusion prédéterminée : il y avait peu, voire pas du tout, de criminels de guerre nazis au Canada.

La commission a été chargée de ne pas enquêter sur les décisions des gouvernements canadiens précédents, excluant ainsi tout examen ou réexamen de la décision prise au lendemain de la Seconde Guerre mondiale d’autoriser les collaborateurs nazis à entrer dans le pays. La commission n’était également autorisée qu’à déterminer si la législation canadienne existante permettait de poursuivre les anciens combattants de la Waffen-SS pour crimes de guerre. L’accent mis sur les membres de la Waffen-SS était intentionnel de la part de l’establishment politique, qui voulait éviter des questions plus larges qui auraient mis en lumière la façon dont le Canada était devenu un refuge pour les nazis d’Allemagne et leurs collaborateurs de toute l’Europe de l’Est.

De plus, Deschênes n’a disposé que de 11 mois pour rassembler les preuves. La commission a accordé un statut officiel à deux organisations défendant les criminels de guerre ukrainiens : l’UCC et la Fraternité de la 1re division de Galicie de l’armée nationale ukrainienne, une organisation d’anciens combattants de la division de Galicie, également connue sous le nom de 14e division de grenadiers de la Waffen-SS. Le statut officiel signifiait que ces organisations avaient le pouvoir de contre-interroger les témoins et de faire pression de manière agressive pour que des preuves soient exclues de la procédure.

Yaroslav Hunka (au centre) parmi les troupes nazies de la division Waffen-SS de Galicie. [Photo: Ivan Katchanovski/Twitter or X]

L’UCC s’est donné beaucoup de mal pour discréditer le travail de la commission, notamment en le dénonçant comme un complot soviétique. Elle a créé la Commission des libertés civiles (CLC) pour influencer la couverture médiatique de l’enquête et faire pression sur le gouvernement. L’Institut canadien d’études ukrainiennes de l’Université d’Alberta, dirigé par Savarin, a organisé des « conférences académiques » pour dénoncer la commission Deschênes.

Les conditions d’acceptation des preuves provenant d’Union soviétique et de Pologne, où vivaient la grande majorité des témoins oculaires des crimes de la division Galicie et de la Waffen-SS dans son ensemble, ont été fixées à un niveau absurdement élevé sous la pression de l’UCC. Cette campagne était motivée par l’instinct de conservation. La présentation de preuves provenant de l’Union soviétique aurait mis à nu non seulement les crimes de guerre de la Waffen-SS, mais aussi ceux de l’OUN et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), qui était dirigée par l’aile Bandera de l’OUN. L’image soigneusement entretenue d’une UPA ayant héroïquement combattu « les deux camps », c’est-à-dire l’Union soviétique et les nazis, aurait été brisée. Deschênes aurait même été contraint d’élargir son enquête aux crimes de guerre commis par des membres de l’OUN et de l’UPA lors de leur participation à la police auxiliaire nazie à un stade antérieur de la guerre. C’est au cours de cette période, qui a suivi l’invasion nazie de l’Union soviétique en juin 1941, mais précédé la création de la division de Galicie au printemps 1943, que les nationalistes ukrainiens ont été le plus directement impliqués dans l’Holocauste, bien que l’UPA ait perpétré d’importants massacres de Juifs et de Polonais.

Or, Deschênes lui-même est intervenu pour empêcher une telle issue. Lorsque l’Union soviétique, à la surprise des nationalistes ukrainiens et canadiens, a accepté, au cours de l’été 1986, les conditions strictes imposées pour la présentation des preuves à la commission, Deschênes a déclaré qu’il n’y avait « pas de temps » pour les examiner. Peu de temps après, Deschênes mettait fin aux travaux et publiait le rapport de la commission.

L’étroite coordination entre l’UCC et le gouvernement a été soulignée par le sort de John Sopinka, le principal conseiller juridique de l’UCC devant la commission. C’est Sopinka qui a exercé les pressions les plus fortes pour bloquer les preuves soviétiques, notamment en employant des tactiques dilatoires pour tirer parti du délai strict de 11 mois fixé par la commission pour la collecte des preuves. Peu après la conclusion de la commission, Sopinka a été nommé à la Cour suprême du Canada, bien qu’il n’ait jamais siégé un seul jour.

Conclusions et suites de la Commission

Les conclusions du rapport de la commission Deschênes auraient difficilement pu mieux convenir aux nationalistes ukrainiens d’extrême droite s’ils les avaient rédigées eux-mêmes. Faisant fi du droit international, y compris des décisions du procès de Nuremberg, la commission a disculpé la division Galicie collectivement et individuellement. Deschênes a exploité un détail juridique pour déclarer que les membres de la Division Galicie de la Waffen-SS « ne doivent pas être inculpés en tant que groupe ». Le Canada n’a pas signé l’accord de Londres qui a servi de base aux tribunaux de Nuremberg. Par conséquent, selon Deschênes, le droit canadien ne permettait pas de suivre le jugement de Nuremberg qui a déclaré que la Waffen-SS était une organisation criminelle dans son ensemble et que le simple fait d’appartenir à ses rangs constituait un crime de guerre.

Mais la commission est allée encore plus loin. Elle a déclaré que tous les membres de la Division Galicie étaient individuellement « innocents » de tout crime de guerre parce qu’ils avaient fait l’objet d’un « contrôle de sécurité individuel avant d’être admis au Canada ». Cette conclusion n’est pas moins scandaleuse que le mépris de la commission pour les procès de Nuremberg. Le mandat même de la Commission Deschênes l’empêchait de réexaminer les décisions des gouvernements canadiens précédents. Or, ce sont précisément ces décisions d’admettre des milliers de membres de la Waffen-SS qui ont été citées comme « preuve » que ces individus n’étaient pas coupables de crimes de guerre ! Les décisions antérieures du gouvernement canadien ont été considérées a priori comme légitimes, simplement parce qu’il s’agissait de décisions du gouvernement canadien.

Il est facile de comprendre pourquoi les nationalistes ukrainiens et leurs apologistes au sein de l’establishment politique et des médias ont invoqué cette dissimulation parrainée par l’État pour nier leur collusion avec les nazis et leur implication dans les pires crimes de guerre de l’histoire de l’humanité.

Dans la mesure où une critique de la Commission Deschênes a émergé au sein de l’establishment canadien, c’est qu’une partie du travail de la Commission, un dossier séparé contenant une liste de centaines de noms de criminels de guerre nazis présumés vivant au Canada, devrait être rendue publique. Cette liste, qui comprend les noms de plusieurs dizaines de personnes que la Commission recommandait de poursuivre pour crimes de guerre, est restée confidentielle en 1986, lors de la publication du rapport de la Commission.

Si de telles demandes sont tout à fait justifiées et pourraient contribuer à démasquer les criminels de guerre nazis, une analyse approfondie de l’étendue de la complicité de l’impérialisme canadien dans la dissimulation des collaborateurs nazis après la Seconde Guerre mondiale nécessite une enquête beaucoup plus large. Depuis l’enquête Deschênes, d’énormes quantités de preuves supplémentaires sont devenues disponibles en raison de la dissolution stalinienne de l’Union soviétique, qui a ouvert de vastes archives historiques.

En outre, la commission n’a même pas abordé la question de l’implication des membres de l’OUN et de l’UPA dans des crimes de guerre, notamment lorsqu’ils ont servi dans des unités militaires/policières soutenant l’invasion de l’Union soviétique par les nazis en juin 1941. La guerre d’extermination planifiée qui s’est déroulée au cours des mois suivants comprenait un pogrom sanglant contre la population juive de Lviv, lancé et dirigé par les nationalistes ukrainiens en juin-juillet 1941.

La détermination de l’élite dirigeante canadienne à éviter tout examen de cet épisode et d’innombrables autres aspects de la collaboration étendue de l’OUN avec les nazis est motivée par des considérations politiques historiques et contemporaines. L’alliance étroite entre l’impérialisme canadien et l’extrême droite ukrainienne a été développée en tant qu’élément clé du programme anticommuniste de la guerre froide d’Ottawa dans la période d’après-guerre, qui était inséparable de son partenariat militaro-stratégique avec Washington. L’impérialisme américain a mené la guerre froide comme une croisade pour l’hégémonie impérialiste américaine dans le monde, qu’il a poursuivie en menant des guerres sanglantes et en parrainant des coups d’État militaires violents dans un pays après l’autre. Si l’on pouvait compter sur les nationalistes d’extrême droite pour soutenir ces opérations militaires agressives, ils remplissaient également une fonction politique intérieure essentielle. Les anciens collaborateurs nazis des nationalistes ukrainiens, en particulier, ont joué un rôle clé dans les efforts déployés par l’élite dirigeante canadienne pour purger et contrôler le mouvement ouvrier. Alors qu’avant la Seconde Guerre mondiale, la diaspora ukrainienne du Canada était un bastion de la politique socialiste de gauche, l’après-guerre a été marquée par une transformation radicale, l’UCC et ses organisations apparentées, soutenues par l’État, diffusant la propagande impérialiste de la guerre froide et soutenant l’adhésion explicite des syndicats canadiens à l’anticommunisme de droite.

À la fin des années 1980, les représentants de l’impérialisme canadien se préparaient à redéployer leurs alliés nationalistes ukrainiens canadiens d’extrême droite dans leur patrie ancestrale, où la volonté des staliniens de restaurer le capitalisme par la dissolution de l’Union soviétique ouvrait de nouvelles possibilités de placer l’Ukraine sous la domination de l’impérialisme occidental. Ces descendants politiques des collaborateurs nazis se sont révélés être une force essentielle pour injecter dans la population un nationalisme ukrainien anticommuniste et antirusse enragé, jetant ainsi les bases idéologiques de l’État capitaliste ukrainien nouvellement « indépendant ».

Plus de trois décennies plus tard, alors que l’impérialisme canadien joue un rôle majeur dans la guerre menée par les États-Unis contre la Russie, le fait que la Commission Deschênes soit utilisée par les bellicistes pour dissimuler les crimes de guerre perpétrés par des membres de la Waffen-SS comme Yaroslav Hunka souligne qu’il s’agissait d’une opération de blanchiment. Alors que les grandes puissances s’engagent dans une nouvelle redivision du monde, l’élite dirigeante est déterminée à réhabiliter les collaborateurs nazis alors qu’elle commet des crimes de guerre à une échelle tout aussi horrible que ceux perpétrés au cours des quatre premières décennies du siècle dernier. La collaboration étroite d’Ottawa et de Washington avec le régime d’extrême droite de Kiev, y compris le soutien à des groupes tels que le Bataillon Azov et le parti Svoboda, dont les racines remontent à l’OUN, un groupe de collaboration nazie, en est la preuve éclatante.

Cette politique illustre à quel point il est grotesque que l’establishment politique et les médias bourgeois qualifient d’« antisémites » les protestations contre le génocide actuel des Palestiniens par l’État israélien, soutenu par l’impérialisme. Ils agissent ainsi tout en travaillant main dans la main avec les descendants politiques des forces qui ont été complices de l’Holocauste des Juifs d’Europe.

Comme l’écrivait le World Socialist Web Site en conclusion de la série « Les amis fascistes de l’impérialisme canadien » en mai 2022, « La principale raison pour laquelle les classes dirigeantes des puissances impérialistes mettent en avant des forces d’extrême droite et carrément fascistes est leur peur mortelle de la montée croissante de la classe ouvrière dans le monde. Après des décennies de répression de la lutte des classes par les syndicats et les partis de “gauche” de l’establishment, les travailleurs de tous les pays sont poussés à la lutte par les conditions de vie impossibles créées par l’inflation galopante, les inégalités sociales sans précédent, les infections et les décès massifs dus à la pandémie et la perspective d’être transformés en chair à canon pour les intérêts géostratégiques de l’élite dirigeante. Exposer devant les masses laborieuses les liens politiques et idéologiques entre les crimes horribles perpétrés par les impérialistes au cours de la première moitié du 20e siècle et la renaissance de méthodes similaires de répression et de pillage aujourd’hui est crucial pour transformer ces premières expressions de la colère de la classe ouvrière en un mouvement politique conscient contre le capitalisme ».

(Article paru en anglais le 4 janvier 2023)

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