La police américaine a arrêté plus de 2.500 manifestants antiguerre en moins de trois semaines

Moins de trois semaines après l’arrestation de 108 étudiants à l’université Columbia pour avoir établi le Gaza Solidarity Encampment, plus de 2.500 personnes aux États-Unis ont été arrêtées et inculpées au pénal pour avoir participé à des actes similaires de désobéissance civile.

Des manifestants pro-palestiniens scandent des slogans contre la police de l’Université de Chicago alors qu'ils sont tenus à l’écart de la cour de l’université, le mardi 7 mai 2024. [AP Photo/Charles Rex Arbogast]

Dans de nombreux cas, les étudiants et les enseignants ont été accusés de «violation de propriété» pour s’être assis dans l’herbe ou avoir occupé des bâtiments du campus, tandis que des journalistes filmant des étudiants en train de se faire arrêter ont également été emprisonnés.

Au moment d’écrire ces lignes, la police arrête des professeurs et des étudiants à l’Université du Massachusetts Amherst. La section locale des étudiants pour la justice en Palestine (SJP) et du Comité de solidarité avec la Palestine (PSC) a signalé mardi soir que des enseignants avaient été arrêtés dans son campement. Le reportage incluait une photo montrant plusieurs personnes menottées portant des gilets de sécurité orange.

Les SJP et le PSC ont indiqué que la police antiémeute avait encerclé le campement, suscitant les railleries d’une foule grandissante qui scandait «Pourquoi l’antiémeute? Il n’y a pas d’émeute.»

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À New York, où le maire démocrate Eric Adams a supervisé l’arrestation de plus de 500 personnes, la police de New York a de nouveau été filmée en train d’agresser et d’arrêter massivement des manifestants mardi soir. Plus de 1.000 personnes ont manifesté dans la rue dans le cadre d’une marche «All Out for Rafah».

De nombreux manifestants ont défilé jusqu’aux marches de la bibliothèque publique de New York. Plus tard dans la soirée, un contingent de manifestants s’est détaché et a rejoint le campement de Gaza au Fashion Institute of Technology (FIT), une université publique et la dernière école de la ville où un campement subsiste.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, la police se prépare à prendre le campement d’assaut. La journaliste indépendante, Katie Smith, basée à New York, a constaté que «des centaines de policiers étaient postés à l’intérieur et autour» du campement après 22 h.

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Les arrestations massives dans tout le pays, de jeunes gens pour la plupart et de leurs professeurs, sont dirigées par la Maison-Blanche. Le président Joe Biden, dans de multiples déclarations, y compris dans un discours prononcé mardi au Capitole à l’occasion de la journée de commémoration de l’Holocauste, continue de répéter le gros mensonge selon lequel l’opposition au génocide sioniste du peuple palestinien est une expression d’antisémitisme.

Commentant l’attaque bipartisane contre les manifestants anti-guerre, le candidat du Parti de l’égalité socialiste à la présidence des États-Unis, Joseph Kishore, a écrit:

Biden a une nouvelle fois calomnié les manifestants en les qualifiant d’«antisémites» et de «violents», alors même que lui-même et l’ensemble de l’establishment politique soutiennent la répression policière brutale des manifestations pacifiques.

Kishore a fait remarquer que le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, s’adressant à l’événement commémoratif de l’Holocauste, a comparé «les étudiants qui manifestent contre le génocide à des nazis».

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«Johnson», Kishore a poursuivi:

[...] compare outrageusement la culture de l'idéologie nazie dans les universités allemandes, encouragée par l’État et la classe dirigeante, avec les protestations contre le massacre actuel des Palestiniens, qui font l’objet d'une répression policière brutale.

Biden et Johnson ont tous deux déclaré que les universités étaient devenues des environnements hostiles pour les étudiants juifs. En fait, beaucoup de ceux qui protestent sont juifs. Les étudiants juifs n'ont pas été menacés par les manifestants, mais arrêtés et battus par la police.

La diffamation des manifestants anti-génocide, qualifiés d’«antisémites» et de «terroristes», a conduit à une explosion de la violence et du harcèlement anti-musulman et anti-arabe. Mardi, le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a demandé l’arrestation et le renvoi d’un professeur sioniste de l’Arizona après la diffusion d’une vidéo le montrant en train de menacer une musulmane qui tentait de s’éloigner de lui.

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Dans un communiqué de presse publié mardi, le directeur général de CAIR-Arizona, Azza Abuseif, a écrit que les actions du professeur Jonathan Yudelman s’inscrivaient dans «un schéma plus large d’islamophobie et d’intolérance religieuse utilisé par des extrémistes pro-Israël et pro-génocide».

Columbia University Apartheid Divest, une coalition de plus de 100 organisations étudiantes, a rapporté mardi qu’un conducteur sioniste avait intentionnellement foncé sur le groupe alors qu’il manifestait. Une personne a été blessée et a dû être conduite à l’hôpital.

Un porte-parole de la police de New York (NYPD) a confirmé au Daily Beast que le conducteur du véhicule était Reuven Kahane, âgé de 57 ans. Le porte-parole du NYPD a déclaré que Kahane était accusé d’agression au second degré.

Outre Kahane, le Daily Beast a confirmé que la police de New York avait également arrêté Maryellen Novak, 55 ans, qui a été hospitalisée après avoir été heurtée par la voiture, et John Rozendaal, 63 ans. Novak a été inculpée de méfait criminel et de rassemblement illégal, tandis que Rozendaal n’a été inculpé que du premier chef. Les organisateurs de la manifestation ont dit d’eux qu’ils tentaient de «désamorcer» la situation.

Reuven Kahane est le cousin de Meir Kahane, le fondateur de l’organisation terroriste Ligue de défense juive (LDJ). Un drapeau de la LDJ a été photographié sur le campus de l’UCLA moins de 48 heures avant que des voyous pro-génocide n’attaquent le campement des étudiants.

Selon des témoins, Kahane a observé des manifestants devant les maisons de riches administrateurs de Columbia et de Barnard et a demandé un tract à un manifestant, et lui a alors saisi le bras. Après que le manifestant a pu s’éloigner, Kahane a quitté les lieux au volant de sa voiture pour revenir peu de temps après. Des témoins affirment qu’il est alors monté sur le trottoir et a foncé sur les manifestants.

La journaliste indépendante Talia Jane, citant une vidéo de l’arrestation qui n’a pas encore été publiée, a vu la police faire «des déclarations désobligeantes aux étudiants protestataires, les traitants de “put*** d’abrutis” et leur disant “il y a des conséquences quand on est adulte”». Pendant ce temps, des témoins ont vu des policiers rire et agir «en potes» avec Kahane.

(Article paru en anglais le 8 mai 2024)