Dans les premières semaines de 2025, une vague de virus respiratoires infecte des millions de personnes dans le monde

Au lendemain des fêtes de fin d’année, les maladies respiratoires telles que le COVID-19, la grippe et le VRS connaissent à nouveau une progression rapide aux États-Unis, en Europe et en Chine. Des vaccins sont disponibles contre ces agents pathogènes et les moyens de contenir rapidement leur propagation sont bien connus. Mais les gouvernements capitalistes ont au contraire abandonné les mesures de santé publique judicieuses et affichent leur politique du «laisser-sévir», qu’ils appuient politiquement par une massive campagne de désinformation.

Détections de virus par sous-type signalées à FluNet, du 1er janvier 2019 au 23 décembre 2024. [Photo: World Health Organization]

Aux États-Unis, de nombreux hôpitaux du Midwest et du Nord-Est s’efforcent de rétablir le port du masque obligatoire en raison des craintes de ce que l’on appelle la quadri-épidémie (COVID-19, VRS, grippe et norovirus, une grippe intestinale qui se transmet par voie oro-fécale et contre laquelle un vaccin est actuellement en phase 2 d’études). Le nombre croissant de visites aux urgences témoigne de l’absence de mesures de santé publique visant à lutter contre les agents pathogènes respiratoires.

Deux grands systèmes de santé de la région métropolitaine de Détroit, le Detroit Medical Center et Corewell Health, limitent le nombre de visiteurs qu'ils autorisent dans leurs établissements. La Dre Rachel Klamo, présidente de la Michigan Academy of Family Physicians, a déclaré au Detroit Free Press: « Nos hôpitaux sont remplis. Les hôpitaux du sud-est du Michigan, bien sûr, fonctionnent à une haute capacité. La charge de morbidité est actuellement élevée, et une grande partie est respiratoire. Nous constatons des taux élevés de grippe de type A et B, de virus respiratoire syncytial ou VRS, et également de COVID-19. Certains hôpitaux du sud-est du Michigan sont actuellement extrêmement touchés par le COVID et ont beaucoup de patients qui sont très, très malades à cause du COVID. Nous sommes à des niveaux plus élevés que nous l’avons été pendant longtemps.»

Dans les trois derniers mois de 2024, entre le 1er octobre et le 14 décembre 2024, pendant la dernière accalmie des infections au COVID, le CDC (Centre de contrôle et prévention des maladies) a estimé qu'il y avait eu 9,3 millions de cas de grippe, 4,2 millions de consultations médicales, 140 000 hospitalisations et 13 000 décès. Pour le VRS, au cours de la même période, il y a eu 1,2 million de cas, 60 000 hospitalisations et 3 100 décès. Pour le COVID, les chiffres étaient de 4,9 millions de cas, 1,1 million de consultations, 130 000 hospitalisations et 15 000 décès.

Incidences de maladies respiratoires aux Etats-Unis à partir de 28 décembre 2024

Pour le Royaume-Uni, la Dre Evonne Curran, médecin à la retraite ayant travaillé au Glasgow Royal Hospital de 1988 à 2022, a déclaré au journal The I Paper qu’elle n’avait jamais rencontré auparavant une crise hivernale de maladies infectieuses comme celle qui inonde actuellement les systèmes de santé du pays. Curran a déclaré à propos des quatre virus «qui circulent dans les hôpitaux à des niveaux absolument élevés […] Lorsque tant d’infections entrent par les portes des hôpitaux, ce que vous feriez normalement pour contenir les infections est de fermer ce poste et ce service. Mais lorsque vous avez 12 ambulances alignées devant les urgences et que vous cherchez désespérément à mettre des patients dans des lits, vous allez utiliser des lits partout où vous le pouvez et placer des patients n’importe où. Je pense qu’il est compréhensible que les gens soient terrifiés à l’idée d’aller à l’hôpital en ce moment. Je ne voudrais pas aller à l’hôpital dans la situation actuelle.»

L’épouse de l’ex-Premier ministre Boris Johnson (qui prônait de «laisser les cadavres s’empiler haut par milliers»), Carrie Johnson, 38 ans, a été hospitalisée pendant près d’une semaine après avoir contracté la grippe et une pneumonie et souffert d’une respiration très difficile. Cela ne fait que souligner la gravité de ces agents pathogènes pour la santé. Alors que les riches et les célèbres ont accès à des établissements de santé de luxe avec des médecins à leur entière disposition, pour la plupart des gens de la classe ouvrière le manque d’accès rapide aux médecins signifie qu’ils continueront à travailler et verront leur santé se détériorer dangereusement avant de se faire soigner dans les salles bondées des urgences.

Inévitablement, la vague actuelle d’infections ne fera que s’aggraver avec le retour des élèves dans les écoles et des étudiants dans les universités après les vacances.

Comme l’a observé Curran à juste titre, «tout le monde pense [encore] que les gens ne se lavent pas les mains, mais ce n’est pas le cas. Ce sont des virus aéroportés et même le norovirus reste dans l’air pendant plusieurs heures et est plus susceptible d’être inhalé. Ainsi, plus il y a de personnes infectées à l’hôpital, plus la contamination de l’air est importante. On ne peut pas se sortir de cette quadri-épidémie en se lavant les mains, car elle se propage principalement par ce que l’on inspire et expire.»

Compte tenu des vagues répétées de COVID, chacune avec des taux d’hospitalisation et de décès plus élevés que la grippe, le virus SARS-CoV-2 reste un pathogène redoutable, et la population doit veiller à éviter les infections en portant un masque N95 bien ajusté et en utilisant des filtres HEPA dans les environnements intérieurs. Les vaccins continuent d’offrir une protection importante contre les formes graves de la maladie et les décès, ainsi que contre le développement du COVID long à partir de ces infections.

Ce qui est peut-être plus déconcertant, c’est que moins de 40 pour cent des Américains ont prévu de bénéficier du dernier vaccin contre le COVID-19 et un peu plus de la moitié ont déclaré qu’ils pourraient se faire vacciner contre la grippe. Selon une enquête réalisée en octobre par le Pew Research Center, «une plus petite proportion d’entre eux déclarent qu’ils recevront un vaccin actualisé (24 pour cent) ou qu’ils en ont déjà reçu un (15 pour cent)».

La majorité de ceux qui choisissent de ne pas recevoir de rappels de vaccin contre la COVID croient à tort que «ce n’est pas nécessaire», malgré les nombreuses études démontrant le risque croissant de maladies cardiaques, de séquelles neurologiques, de COVID longue durée et de risques potentiels de cancers associés aux infections répétées. Cette disparité entre science du COVID et compréhension du public est le résultat de l’attaque bipartite féroce contre la science et la santé publique qui a déterminé la réponse à la pandémie continue de COVID.

Pourcentage de tests positifs pour les virus respiratoires. [Photo: CDC]

Une étude récente sur les troubles cognitifs liés au COVID-19 longue durée, publiée dans Nature, révèle par exemple que ces patients présentaient des taux plus élevés de fatigue, de dépression et d’anxiété et obtenaient de moins bons résultats aux tests cognitifs. Ils présentaient des troubles de la flexibilité mentale, de la mémoire verbale à court terme, de la mémoire de travail et de la vitesse de traitement. Ces études ont pour corollaire des expériences réelles de travailleurs. Selon une autre étude publiée par des chercheurs de la Ohio State University, le COVID-19 longue durée continuait de provoquer des perturbations quotidiennes importantes dans la vie personnelle et professionnelle de ceux ayant survécu au virus, bien que la plupart d’entre eux aient été infectés en 2020.

L’étude indique que «pour ceux ayant continué à travailler après leur infection au COVID-19, l’effort et l’énergie nécessaires au travail ont laissé peu de place à la participation à d’autres activités de la vie quotidienne et ont rendu difficile la participation aux rendez-vous médicaux recommandés. Les participants ont fait état des répercussions financières des changements d’emploi, notamment la perte de revenus et les changements d’assurance, aggravés par le coûts élevé des soins de santé».

En outre, poursuit l’étude: «Un quart des patients ayant participé à l’étude ont signalé des limitations d’activité importantes et deux tiers ont déclaré souffrir d’un handicap. Les personnes atteintes de COVID long présentent une probabilité plus faible d’avoir un emploi à temps plein et un potentiel de chômage plus élevé que celles ne souffrant pas de COVID long.»

Le plus flagrant, dans le climat de négation du COVID, est l’incapacité des survivants souffrant de COVID long à répondre à leurs besoins de santé. L’auteure principale de l’étude, la Dre Sarah MacEwan, a déclaré à l’Ohio Capital Journal: «Une chose que nous avons découverte grâce à ce travail est que les prestataires de soins ne croient pas les gens au sujet de leurs symptômes, ou qu’ils sont écartés ou poussés vers d’autres diagnostics qui, selon eux, ne reflètent pas leur expérience.» Selon MacEwan, «la vraie question est de savoir s’ils obtiennent ce dont ils ont besoin de la part des prestataires de soins qu’ils peuvent atteindre là où ils se trouvent.»

Évolution de la transmission du COVID-19 aux États-Unis au cours des 12 derniers mois et prévisions. [Photo: Pandemic Mitigation Collaborative]

Selon le Pandemic Mitigation Collaborative (PMC), dirigé par le Dr Mike Hoerger, expert international de premier plan en analyse de la santé et modélisateur du COVID-19 à Tulane, le nombre moyen d’infections par le coronavirus aux États-Unis s’élève actuellement à 3,55 par personne. Aux États-Unis, la souche XEC du virus représente près de 50 pour cent de toutes les infections actuelles au COVID et continue de dominer le paysage respiratoire. Dans son dernier rapport, le PMC note que les infections au COVID sont remontées à environ 1 million de cas par jour et pourraient dépasser 1,5 million par jour au plus fort de la 10e vague.

Ce qui est particulièrement déconcertant, c’est que, comme certains l’ont observé, les creux continuent de monter à chaque vague de COVID, ce qui souligne la folie de vouloir définir ce virus comme endémique, comme s’il s’était stabilisé ou était sous contrôle. Ce qui reste à définir, ce sont les implications à long terme des infections répétées par le SARS-CoV-2 sur la santé globale de la population. Les données suggèrent que les maladies infectieuses pourraient être l’un des principaux facteurs causaux des maladies non transmissibles.

Une étude publiée la semaine dernière dans le Journal of the American Medical Association a révélé une corrélation positive entre le cumul des infections dans la petite enfance et les risques d’infection ultérieurs et l’utilisation d’antibiotiques systémiques plus tard dans l’enfance. Parmi les 614 enfants qui ont participé à une étude menée à Copenhague, les auteurs ont noté que les enfants ayant un cumul d’infection élevé (égal ou supérieur à 16 épisodes) au cours des trois premières années de vie présentaient un risque significativement plus élevé (2,39 fois) d’infections modérées à sévères et de traitements antibiotiques systémiques (1,34 fois) plus tard dans l’enfance. Ces résultats soulignent l’importance de la prévention des infections, et non de l’infection de masse (aussi appelée « immunité collective ») comme politique de santé publique.

Les prochaines audiences de confirmation de Robert F. Kennedy Jr., qui a avancé des théories complotistes anti-vaccins et un assortiment de conceptions anti-scientifiques, à la tête du ministère de la Santé et des Services sociaux, posent d'importantes questions politiques et sociales. Sa nomination est une menace pour les progrès de la santé publique qui ont augmenté l'espérance de vie et le bien-être des travailleurs dans le monde entier.

Sous les auspices de la production capitaliste et du recours à des formes de gouvernement plus autoritaires, ces acquis sont menacés, et la campagne de désinformation utilisée pour semer la méfiance envers la science et la santé publique constitue un effort pour saper la conscience sociale et politique de la classe ouvrière.

En effet, la nomination de RFK Jr. et la seconde administration Trump ne feront qu’accélérer la descente vers la barbarie qui est en cours depuis plusieurs décennies. Seule la classe ouvrière a la capacité d’inverser cette trajectoire par une révolution sociale à l’échelle internationale.

(Article paru en anglais le 14 janvier 2025)

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