Malgré l'annonce mercredi par le président américain Joe Biden qu'Israël avait accepté l’application d’ un cessez-le-feu dans le génocide de Gaza, l'armée israélienne continue son déchaînement de violence dans toute l'enclave palestinienne.
Les forces israéliennes ont tué 86 personnes et en ont blessé 558 depuis l'annonce, le plus grand nombre de morts quotidiens depuis plus d'une semaine. Parmi les morts figurent 23 enfants. Jeudi, l'armée israélienne a annoncé qu'elle avait attaqué «50 cibles terroristes» à Gaza.
Le Centre d'information palestinien rapporte que «l'aviation et l'artillerie de l'occupation ont poursuivi leurs raids et violents bombardements jeudi dans diverses parties de la bande de Gaza, ciblant rues, maisons et rassemblements de personnes déplacées, causant des dizaines» de morts.
«Ces dernières 24 heures, l'armée israélienne a intensifié ses attaques à travers la bande de Gaza, ciblant principalement des bâtiments et des installations publiques. Plus de gens ont été tués à l'intérieur de leurs maisons et de leurs abris, où ils cherchaient refuge et protection », rapporte Al Jazeera.
Malgré des déclarations antérieures accusant les négociateurs du Hamas de «chantage», le bureau du Premier ministre israélien a annoncé jeudi qu'un accord avait été atteint et qu'un vote du cabinet de sécurité israélien aurait lieu le 17 janvier. Il semble y avoir d’importantes divisions au sein du cabinet de sécurité concernant l'accord. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a déclaré jeudi qu'il démissionnerait du gouvernement si l'accord était ratifié: «Si cet accord irresponsable est approuvé et mis en œuvre, nous, membres de Force juive, présenterons des lettres de démission au Premier ministre.»
Amichai Chikli, le ministre israélien de la Diaspora, a été plus nuancé dans sa déclaration sur l'accord. Il a précisé qu'il ne s'agirait pas d'un retrait complet des troupes israéliennes de Gaza. «Le fondement le plus essentiel de cet accord est le refus d'Israël de s'engager à mettre fin à la guerre», a-t-il écrit. «Tout aussi important, le Hamas n'obtient pas sa demande de retrait complet des forces de Tsahal de Gaza. L’armée continuera à contrôler le corridor de Philadelphie (avec cinq avant-postes et des patrouilles sur toute sa longueur) et le périmètre le long des frontières de Gaza », a-t-il écrit sur X.
Il a clairement indiqué que la future administration Trump ne ferait qu’intensifier le soutien américain au génocide. Elle était «[S]ans aucun doute la plus favorable à Israël de tous les temps» Il a ajouté: «Hier soir, j'ai écouté attentivement @michaelgwaltz, le conseiller à la Sécurité nationale du président Trump, un véritable ami d'Israël, qui a déclaré dans une interview à Fox News que le nouveau gouvernement soutenait le droit d'Israël à poursuivre la guerre si nécessaire et soulignait l'importance de s'assurer que le Hamas ne continuerait pas à gouverner Gaza». Il dit encore: «Le secrétaire à la Défense désigné, @PeteHegseth, a déclaré cette semaine lors de son audience de confirmation qu'il soutenait le droit d'Israël “de détruire le Hamas et de l'éliminer jusqu'au dernier homme”».
La situation humanitaire à Gaza, quant à elle, continue de se détériorer. La Directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell, a déclaré la semaine dernière: «Pour les enfants de Gaza, la nouvelle année a apporté plus de morts et de souffrances dues aux attaques, aux privations et à l'exposition croissante au froid.»
Elle a poursuivi ainsi: «Au moins 74 enfants ont apparemment été tués dans des violences incessantes dans la bande de Gaza au cours des sept premiers jours de 2025. Des enfants ont été tués dans plusieurs événements faisant de nombreuses victimes, notamment des attaques nocturnes à Gaza-ville, à Khan Younis et à Al Mawasi, une «zone de sécurité» désignée unilatéralement dans le sud. On a rapporté que l'attaque la plus récente, hier [15 janvier 2025], avait tué cinq enfants à Al Mawasi ».
Dans une déclaration du 14 janvier, l’ONG Save the Children écrit: «L'utilisation d'armes explosives à Gaza en 2024 a condamné en moyenne 475 enfants chaque mois – soit 15 enfants par jour – à des handicaps potentiellement à vie, dus notamment à de graves blessures aux membres et à des défaillances auditives... »
Cela «montrait qu’au cours des 11 premiers mois de 2024, au moins 5 230 enfants ont subi des blessures nécessitant un soutien de réhabilitation significatif qui est inaccessible dû aux attaques par l’armée israélienne des hôpitaux et des travailleurs de la santé, et aux restrictions à l'entrée des fournitures cruciales, les soumettant à une forte probabilité de handicap.»
La Dre Ana Jeelani, chirurgienne orthopédique de l'organisation partenaire de Save the Children, Medical Aid for Palestinians (MAP), déclare: «Lorsque vous traitez des enfants blessés, ils ont des os en croissance, donc si vous avez une blessure à la partie croissante de votre os, cette partie cessera de croître. Elle ajoute :« Les blessures ne guérissent pas dû au niveaux accrus de malnutrition – nous essayons essentiellement de recoudre des blessures qui ne cicatrisent pas.» Les enfants vont vers des amputations parce que les os ne guérissent pas, les membres sont fixés mais pas fonctionnels en raison de la gravité de la situation ».
Dans un rapport distinct, le Fonds des Nations Unies pour la population écrit que «plus de 40 000 femmes enceintes connaissent des niveaux d'insécurité alimentaire d'urgence (phase 4 de l'IPC [classification des phases de la sécurité alimentaire] et plus de 8 000 subissent des conditions d'insécurité alimentaire catastrophiques (phase 5 de l'IPC) ». Il ajoute: «À l'heure actuelle, les soins obstétricaux et néonatals d'urgence ne sont disponibles que dans sept des 18 hôpitaux partiellement fonctionnels de Gaza, quatre hôpitaux de campagne sur 11 et un dispensaire communautaire.»
Au début du mois, une étude de référence a révélé que le bilan officiel des morts à Gaza (qui est de 46 000) sous-estimait de plus de 40 % le nombre réel de morts, et que ce dernier «dépassait probablement les 70 000».
(Article paru en anglais le 17 janvier 2025)