La nouvelle administration du président Donald Trump a intensifié mercredi ses attaques fascistes contre les droits démocratiques et sociaux du peuple américain, tandis que les dirigeants nerveux du Parti démocrate mettaient en garde contre une réponse trop agressive à l'assaut de Trump et affirmaient même que ce dernier avait déjà commencé à reculer.
La liste des actions substantielles annoncées, prises ou pouvant l’être par la Maison-Blanche de Trump nécessite une mise à jour quotidienne. La liste de mercredi comprend certaines actions prises lundi soir ou mardi mais confirmées par la Maison-Blanche seulement mercredi :
Affirmer l'autorité absolue de Trump dans l'ensemble du gouvernement fédéral, sans tenir compte des lois et des précédents. Cela inclut le licenciement de personnes nommées par les démocrates à la Commission pour l'égalité des chances en matière d'emploi (EEOC) et au Conseil national des relations de travail (NLRB) ; le renvoi forcé de l'inspecteur général du ministère américain de l'Agriculture de son bureau après qu'elle a contesté son licenciement par Trump, le qualifiant d'illégal ; licencier des avocats du ministère de la Justice qui travaillaient dans le bureau du conseiller spécial Jack Smith, qui a porté plainte contre Trump au sujet de l'attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole et de la saisie illégale de documents classifiés ; et mettre fin aux poursuites engagées contre deux employés de Trump, son valet Walt Nauta et Carlos De Oliveira, gestionnaire immobilier à Mar-a-Lago, pour leur rôle dans l'affaire des documents classifiés.
Réaffirmer l'interdiction d'utiliser des fonds fédéraux pour tout programme ne répondant pas aux définitions établies dans un précédent décret de Trump contre les programmes de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI), tout en exigeant des écoles qu'elles s'engagent dans une « éducation patriotique » qui glorifie la façon dont « les États-Unis se sont admirablement rapprochés de leurs nobles principes tout au long de leur histoire ». Quatre hauts fonctionnaires, dont le secrétaire à la Défense, sont chargés de présenter, dans un délai de 90 jours, un plan visant à « éliminer le financement ou le soutien fédéral au traitement et à l'endoctrinement illégaux et discriminatoires dans les écoles primaires et secondaires, y compris sur la base de l'idéologie du genre et de l'idéologie discriminatoire en matière d'équité [...] ».
Un décret qui incorpore dans la politique officielle du gouvernement les exigences de la chasse aux sorcières de la commission de la Chambre des représentants qui a enquêté sur les protestations des campus contre le génocide israélien à Gaza. Le décret exige que toutes les agences fédérales fassent rapport dans les 60 jours sur l'autorité dont elles disposent pour riposter aux manifestations « découlant de l'antisémitisme sur les campus après le 7 octobre 2023 ». Il s'agit notamment de « recommandations visant à familiariser les établissements d'enseignement supérieur avec les motifs d'inadmissibilité [...] afin que ces établissements puissent surveiller et signaler les activités des étudiants et du personnel étrangers en rapport avec ces motifs et veiller à ce que ces rapports sur les étrangers conduisent, le cas échéant et conformément à la législation applicable, à des enquêtes et, si cela se justifie, à des mesures d'expulsion de ces étrangers ». En d'autres termes, les étudiants étrangers identifiés comme des opposants au génocide de Gaza et aux autres crimes de l'État d'Israël seront expulsés. Ceci de la part d'un président qui, en 2017, a déclaré que les néo-nazis, qui défilaient et scandaient « les juifs ne nous remplaceront pas ! », étaient « des gens très bien ».
Un mémorandum au secrétaire à la Défense Pete Hegseth et à la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem pour « prendre toutes les mesures appropriées pour étendre le Centre d'opérations pour les migrants à la station navale de Guantanamo Bay à pleine capacité afin de fournir un espace de détention supplémentaire pour les étrangers criminels de haute priorité illégalement présents aux États-Unis, et pour répondre aux besoins connexes en matière d'application de la loi sur l'immigration identifiés par le ministère de la Défense et le ministère de la Sécurité intérieure ». Guantanamo Bay doit devenir un camp de concentration pour les migrants détenus, en particulier ceux originaires de pays comme le Venezuela, Cuba et le Nicaragua qui refusent d'accepter les vols d'expulsions américains.
Le caractère dictatorial de ces actions, et en particulier des deux dernières, n'a guère besoin d'être expliqué. Trump s'arroge l'autorité de décider quelles lois il respectera et lesquelles il ignorera, ordonne la transformation de l'éducation K-12 en un système de lavage de cerveau patriotique – le Pentagone se voyant confier un rôle de surveillance sans précédent – et étend la persécution des immigrés pour inclure ceux qui étudient légalement aux États-Unis s'ils expriment des opinions politiques auxquelles la Maison-Blanche s'oppose. Enfin, le président fasciste exige la création d'un vaste camp de concentration, géré par la marine américaine, où les immigrants détenus peuvent être emprisonnés indéfiniment.
Face à ce déchaînement contre les droits démocratiques et les précédents constitutionnels et juridiques, la direction du Parti démocrate au Congrès se prosterne. Le chef de la minorité de la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a lancé un appel à une « contre-offensive globale sur trois fronts », qui semble consister à « ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire ». Le chef de la minorité du Sénat, Chuck Schumer, a tenu une conférence de presse au pied levé, après que la Maison-Blanche a annulé le mémorandum publié lundi ordonnant une pause dans toutes les subventions et tous les transferts fédéraux, affirmant de manière ridicule que Trump « sentait la pression », soi-disant générée par les démocrates.
En réalité, après qu'un juge fédéral a suspendu temporairement le mémorandum publié par le Bureau de la gestion et du budget, la Maison-Blanche a retiré le mémorandum tout en réaffirmant la politique qui y est décrite, en invoquant la « confusion » créée par la mise en œuvre soudaine et désordonnée du mémorandum.
Plus important encore, Trump a continué à recueillir le soutien du Parti démocrate pour ses attaques réactionnaires contre la classe ouvrière. Il a mentionné pour la première fois le plan de Guantanamo Bay – élaboré plus tard dans la soirée dans un message officiel – lors de la cérémonie de signature de la loi Laken Riley à la Maison-Blanche. Il s'agit d'une mesure anti-immigration brutale, qui exige la détention, en vue de l'expulsion, de toute personne sans papiers accusée de n'importe quel délit, même d'une contravention mineure au Code de la route. Le projet de loi a été soutenu par des dizaines de démocrates de la Chambre des représentants et par suffisamment de démocrates du Sénat pour surmonter l'obstruction. Le sénateur de Pennsylvanie John Fetterman, l'un de ses partisans démocrates, était présent lors de la signature de la loi, et Trump a fait référence à plusieurs reprises au caractère bipartisan de la loi et a remercié les démocrates qui ont voté en sa faveur.
Les démocrates se disent « choqués » par la rapidité des actions de Trump, et leurs apologistes dans les médias affirment que les démocrates sont « impuissants » à faire quoi que ce soit pour l'arrêter. Ces deux affirmations sont des mensonges. Trump a déclaré à plusieurs reprises qu'il serait « un dictateur dès le premier jour », et les démocrates ont cité ces menaces pendant la campagne électorale de 2024. Comment peuvent-ils être surpris, et même « choqués », que Trump fasse ce qu'il a dit qu'il ferait ?
Plutôt que d'être « impuissants » à s'opposer à Trump ou « d'attendre que le sentiment public se retourne potentiellement contre Trump », comme l'a prétendu Politico, les démocrates ont fait des calculs politiques bien différents. Ils ne craignent pas le soutien supposé de Trump au sein de la population. Leur principale crainte est l'inverse : que la résistance populaire de la classe ouvrière éclate lorsque les politiques de guerre de classe de Trump commenceront à prendre effet. Des manifestations ont déjà eu lieu à la suite des rafles de travailleurs immigrés et de leurs familles ordonnées par Trump. Ces manifestations vont croître de manière exponentielle à mesure qu'il deviendra évident que l'ensemble de la classe ouvrière est attaquée.
Les mesures annoncées lundi à la suite de la pause dans le financement – et seulement légèrement retardées par l'ordonnance du tribunal – auront un impact sur des dizaines de millions de travailleurs. Toutes les familles dont les enfants sont inscrits au programme Head Start ou bénéficient de déjeuners et de petits-déjeuners à l'école, toutes les personnes bénéficiant de Medicaid et d'autres programmes fédéraux qui impliquent des subventions aux gouvernements locaux et étatiques ou à des agences caritatives, seront dévastées. Une explosion politique est inévitable.
Le rôle du Parti démocrate, l'un des deux principaux instruments politiques de l'oligarchie financière, est de supprimer cette opposition politique ou de la détourner vers des voies sûres qui ne menacent pas les profits et la richesse des super-riches. Le commentaire de Politico cite la préoccupation d'un stratège démocrate selon laquelle «il y a un espace à occuper ».
C'est en effet le cas, et cet espace peut et doit être comblé par le parti socialiste révolutionnaire, le Parti de l’égalité socialiste. Il existe un énorme vide politique aux États-Unis, et au niveau international, entre le système politique capitaliste officiel, qui se dirige vers la droite et donne du pouvoir à des fascistes comme Trump, et la grande majorité de la population, la classe ouvrière, qui se lance dans de grandes luttes pour défendre les emplois, le niveau de vie et les droits démocratiques, et qui s'oppose à la menace croissante d'une guerre mondiale.
(Article paru en anglais le 30 janvier 2025)