Que pensez-vous de l'approbation des tarifs douaniers par l'UAW ? Faites-le-nous savoir en remplissant le formulaire à la fin de cet article. Toutes les contributions resteront anonymes.
Le syndicat des Travailleurs unis de l'automobile (United Auto Workers – UAW) a approuvé sans réserve les droits de douane annoncés par Trump sur l'industrie automobile mondiale. Les mesures comprennent un droit de douane de 25 % sur toutes les automobiles et certaines pièces automobiles produites en dehors des États-Unis.
Un droit de douane est une taxe sur les importations, payée par l'entreprise qui les importe et répercutée sur les ménages sous la forme de prix plus élevés.
Le communiqué de l'UAW déclare dans son titre : « Dans une victoire pour les travailleurs de l'automobile, les droits de douane sur les automobiles marquent le début de la fin de l'ALÉNA et du désastre du “libre-échange” ». La bureaucratie syndicale affirme que la guerre commerciale « ramènera des milliers d'emplois bien rémunérés ».
Le langage nationaliste « America First » avec lequel la déclaration est rédigée pourrait tout aussi bien provenir de l'administration Trump elle-même. En tout cas, il se peut très bien qu'elle ait été produite en consultation avec elle.
La déclaration attribue les licenciements collectifs, auxquels l'UAW a activement participé, aux « récentes décisions des dirigeants de l'industrie automobile de transférer des emplois au Mexique », en essayant d'opposer les travailleurs américains à leurs frères et sœurs d'Amérique latine : dans de nombreux cas, littéralement, étant donné le nombre considérable d'immigrés dans la classe ouvrière américaine.
Le texte se termine par une demande à Trump de « commencer immédiatement la renégociation de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) », le successeur de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), afin d'imposer « un plus gros pourcentage de pièces fabriquées aux États-Unis pour les véhicules assemblés et vendus aux États-Unis ».
Cela revient à approuver les attaques de Trump contre le Canada et le Mexique, visant à transformer l'Amérique du Nord en une forteresse dominée par les États-Unis. L'objectif de Trump est de réorganiser les chaînes d'approvisionnement afin de préparer la guerre à la fois contre les «ennemis » officiels comme la Russie et la Chine et même contre les soi-disant « alliés ». Ses menaces d'annexer le Groenland, territoire du Danemark, membre de l'OTAN, le soulignent.
L'impact pratique de ces droits de douane sera la perte de dizaines, voire de centaines de milliers d'emplois de part et d'autre des frontières américano-canadienne et américano-mexicaine, ainsi qu'au Japon et en Europe, une augmentation massive des prix pour le consommateur américain et une augmentation des profits pour les entreprises américaines.
Trump met en place ces droits de douane dans le cadre d'une attaque frontale contre les emplois et le niveau de vie de la classe ouvrière, dans l'intérêt de l'oligarchie financière. Ils s'accompagnent du licenciement de dizaines et de centaines de milliers de fonctionnaires et de la destruction des programmes d'assurance sociale Medicare et Social Security auxquels les travailleurs ont cotisé toute leur vie, le tout mis en œuvre par la mise en place d'une dictature présidentielle.
Will Lehman, un ouvrier socialiste de l'automobile qui s'est présenté contre Shawn Fain lors de l'élection syndicale de 2022, a déclaré :
Il y a quelques mois à peine, Fain criait que Trump était un briseur de grève et qu'il se fichait éperdument de la classe ouvrière. Maintenant, il veut que les travailleurs pensent que tout cela a changé et que Trump s'est transformé en défenseur de la classe ouvrière.
Il poursuit :
Mais ce n'est pas seulement la lâcheté qui motive la déclaration de l'UAW. L'appareil de l'UAW et d'autres bureaucraties syndicales promeuvent sans relâche le nationalisme et le protectionnisme depuis des décennies comme moyen de diviser les travailleurs de leurs frères et sœurs de classe à l'échelle internationale et de les aligner derrière leurs exploiteurs patronaux « américains ». Cette perspective nationaliste s'est traduite par une catastrophe pour les travailleurs : des décennies de fermetures d'usines et de baisse des salaires, le tout supervisé et accepté par Fain et ses prédécesseurs à la tête des appareils syndicaux.
La bureaucratie syndicale montre clairement qu'elle s'aligne sur un gouvernement ouvertement fasciste qui tente d'ériger une dictature. Le soutien de l'UAW, qui prétend faussement parler au nom de 1,1 million de membres, confère une légitimité aux attaques de Trump contre les immigrés et les travailleurs latino-américains, bien que le président de l'UAW, Shawn Fain, ait essayé de manière absurde de séparer verbalement cette question de celle des droits de douane.
Cette déclaration intervient également alors que l'UAW n'a pas levé le petit doigt pour défendre ses membres sur les campus, des étudiants diplômés qui sont la cible d'enlèvements et d’expulsions de la part de Trump pour avoir participé à des manifestations contre le génocide de Gaza. Jeudi, Marco Rubio s'est vanté que plus de 300 visas d'étudiants avaient été révoqués.
Les travailleurs ont réagi avec fureur à la déclaration de l'UAW, indiquant clairement que la bureaucratie ne parle pas en leur nom. « Nous devrions changer le nom de l'Union internationale pour celui de syndicat des “briseurs de grève” », a ironisé un travailleur sur Facebook. « Il est franchement dégoûtant d'être fier de prendre la nourriture et les revenus de vos frères et sœurs au nord de chez vous », a déclaré un autre. « Nous avons été solidaires avec vous pendant de nombreuses années de difficultés. »
La déclaration de l'UAW fait partie d'un ensemble plus large de grandes sections de la bureaucratie qui soutiennent Trump. Cela inclut le président général des Teamsters, Sean O'Brien, qui a également explicitement soutenu les expulsions de masse, ainsi que les déclarations de l'AFL-CIO sur sa volonté de « travailler avec » Trump. Les syndicats des travailleurs fédéraux tentent de bloquer les grèves et limitent les travailleurs à écrire à leurs députés et à déposer des griefs auprès des agences fédérales du travail qui sont elles-mêmes sur la sellette.
L'UAW ajoute une condition à la fin de sa déclaration selon laquelle les travailleurs « doivent être tenus à l'écart de toute perturbation accompagnant le processus de relocalisation, avec le soutien financier du gouvernement fédéral si nécessaire ». De qui pensent-ils se moquer ? De telles mesures ne viendront ni de Trump ni d'aucune section de la classe dirigeante, qui reprend toutes les concessions qu’elle a pu faire aux travailleurs en lutte.
Comme il l'a toujours fait, le nationalisme sert à détourner l'attention du rôle de la bureaucratie syndicale dans la « négociation » de millions d'emplois depuis la fin des années 1970. En 2023, l'UAW a eu recours à une grève limitée pour obtenir l'adoption d'une entente de capitulation qui est maintenant utilisée pour procéder à des licenciements collectifs. L'UAW a menti aux travailleurs temporaires, affirmant qu'ils passeraient à temps plein, mais des milliers d'entre eux ont été immédiatement licenciés.
Face à la colère bouillonnante, le président de l'UAW, Shawn Fain, a lancé l'année dernière une campagne creuse en imputant les pertes d'emplois chez Stellantis, l'entreprise franco-italo-américaine qui a succédé à Chrysler, à des dirigeants « étrangers ». Apparemment, Ford et General Motors, qui procèdent également à des licenciements collectifs, tant aux États-Unis que dans leurs activités mondiales, n'ont rien à se reprocher.
Les affirmations selon lesquelles le Mexique est responsable des pertes d'emplois sont empiriquement fausses. En fait, l'industrie automobile mondiale supprime des centaines de milliers d'emplois pour faire supporter à la classe ouvrière le coût des ventes plus faibles que prévu de véhicules électriques, l'impact économique de la guerre en Ukraine et d'autres crises géopolitiques. Le passage aux véhicules électriques est lui-même lié à des plans visant à réduire la main-d'œuvre d'un tiers.
Ces licenciements s'aggraveront encore sous l'effet des tarifs douaniers et des guerres commerciales.
Pendant ce temps, les syndicats de tous les pays réagissent en se ralliant à leur « propre » drapeau. La présidente d'Unifor, le syndicat canadien de l'automobile, a récemment fait une apparition conjointe avec le nouveau premier ministre et ex-banquier central Mark Carney, déclarant son soutien à la guerre commerciale contre les États-Unis pour sauver les emplois «canadiens ». Unifor est né d'une scission nationaliste au sein de l'UAW dans les années 1980, lorsqu'on a prétendu à tort qu'un syndicat distinct au Canada permettrait d'éviter les pertes d'emplois comme aux États-Unis.
La véritable tâche à laquelle sont confrontés les travailleurs des États-Unis, du Canada et du Mexique n'est pas de se rallier à « leur propre » section nationale de capitalistes, mais de s'unir les uns aux autres au-delà des frontières pour l'expropriation de l'industrie automobile et sa socialisation sous le contrôle des travailleurs. Cela est nécessaire non seulement pour sauver des emplois, mais aussi pour éliminer la source de la dictature et du fascisme : les immenses inégalités sociales et la domination d'oligarques comme Elon Musk et Jeff Bezos.
La lutte contre Trump nécessite le développement de comités de base, dans le cadre de l'Alliance ouvrière internationale des comités de base, organisés pour briser, et non réformer, l'appareil syndical, créer de nouveaux organes de lutte qui mettront les travailleurs aux commandes, et unir les travailleurs de tous les pays dans une offensive commune contre la classe dirigeante.
(Article paru en anglais le 28 mars 2025)