Après les élections fédérales et l'approbation des crédits de guerre les plus importants depuis le régime nazi, la classe dirigeante allemande poursuit systématiquement son offensive de guerre. Elle se concentre sur l'expansion militaire à l'est et sur les préparatifs de guerre contre la Russie, une puissance nucléaire.
Mardi, la ministre des affaires étrangères par intérim, Annalena Baerbock (Verts), s'est rendue à Kiev. Elle a assuré au régime ukrainien, truffé d'extrémistes de droite, que le soutien allemand et européen à la guerre de l'OTAN contre la Russie allait être maintenu.
Tout en affirmant mensongèrement que Kiev était « prêt pour un cessez-le-feu sans conditions préalables », elle a déclaré de manière menaçante : « Poutine, quant à lui, temporise et poursuit sa guerre d'agression en violation du droit international. On ne peut pas faire confiance à Poutine dans cette situation. » Dans ces conditions, a-t-elle ajouté, il ne peut y avoir de « levée des sanctions ».
Venant de Baerbock, toute référence au « droit international », à la « démocratie » ou aux « droits de l'homme » est une provocation hypocrite. Elle est l'un des partisans les plus agressifs du génocide israélien contre les Palestiniens et justifie ouvertement les frappes israéliennes contre des cibles civiles qui tuent régulièrement des centaines de civils, dont beaucoup de femmes et d'enfants.
Il y a quelques jours, Baerbock a rendu une nouvelle visite au régime syrien HTC et à son chef Abou Mohammed al-Joulani (de son vrai nom Ahmed Hussein al-Charaa) et lui a promis un soutien supplémentaire de 300 millions d'euros. Elle a remis ce « cadeau d'hospitalité » peu après que les milices d'al-Joulani, proches d'Al-Qaïda, eurent massacré plus d'un millier de membres de la minorité alaouite dans des massacres de type pogrom.
La propagande de Baerbock sur le « droit international » sonne également faux en ce qui concerne la Russie. En fait, ce sont les puissances impérialistes occidentales qui sont les principaux agresseurs en Ukraine et en Europe de l'Est, et non Moscou. En encerclant systématiquement la Russie sur le plan militaire, les puissances de l'OTAN ont délibérément provoqué l'invasion réactionnaire du régime de Poutine le 24 février 2022. Depuis lors, elles n'ont cessé d'intensifier le conflit. Surtout, l'Allemagne et l'UE répondent aux négociations directes entre le président Donald Trump et Poutine par une nouvelle escalade de la guerre.
Dans un message officiel du ministère des Affaires étrangères sur X, Baerbock a annoncé : « Grâce à la réforme du frein à l'endettement, nous pouvons continuer à soutenir l'armée ukrainienne au cours des prochaines années et élargir notre architecture de sécurité européenne. Nous voulons utiliser cela pour atteindre plus de 3 % du PIB pour notre capacité de défense dans les prochaines années. »
En d'autres termes, le plus grand programme de réarmement allemand depuis l'ère nazie sert directement à intensifier la guerre contre la Russie. L'amendement à la Constitution, soutenu par les Verts et le Parti de gauche, exempte toutes les dépenses de défense supérieures à 1 % du PIB des limites strictes imposées par le frein à l'endettement et leur permet d'augmenter sans contrainte. Les 3 % mis de l’avant par Baerbock ne sont donc qu'un début.
Après la réunion à Kiev, le président ukrainien et dictateur de facto Volodymyr Zelensky a exprimé sa gratitude pour le soutien de Baerbock, écrivant que l'Allemagne était « le leader en Europe en termes d'ampleur de l'aide apportée à l'Ukraine, qu'il s'agisse de soutien financier, d'armement ou de renforcement de notre défense aérienne ». Cette aide comprend six systèmes IRIS-T, trois systèmes Patriot et des canons antiaériens Gepard. Il s'est dit « reconnaissant au Bundestag [parlement] d'avoir décidé de fournir à l'Ukraine 3 milliards d'euros supplémentaires ». Cela signifie que « le soutien de l’Allemagne s'élèvera cette année à 7 milliards d'euros ».
En ce qui concerne le nouveau gouvernement allemand, une grande coalition de chrétiens-démocrates (CDU) et de sociaux-démocrates (SPD), Zelensky a déclaré qu'il « espérait » qu'il fournirait également les redoutables missiles de croisière Taurus à Kiev. « Nous y travaillerons », a-t-il répondu lorsqu'on lui a demandé s'il s'attendait à ce que le chancelier désigné Friedrich Merz (CDU) prenne une décision rapide lorsqu'il prendrait ses fonctions. Il a indiqué que des discussions étaient déjà en cours, mais qu'il ne souhaitait pas commenter les détails avant que Merz ne devienne chancelier.
Au début de la campagne électorale, Merz s'était déjà prononcé en faveur de la livraison de missiles de croisière Taurus et donc en faveur d'une escalade massive de l'offensive de guerre contre la Russie. Le Taurus a une portée de plus de 500 kilomètres et peut attaquer des cibles à l'intérieur de la Russie, y compris la capitale Moscou.
Le jour même de la visite de Baerbock à Kiev, la brigade de combat allemande prévue en Lituanie a été officiellement mise en service. Selon un communiqué de presse de l'armée allemande, l'unité « passe à l'état-major de la brigade régulière avec un déploiement militaire sur le lieu d'affectation à Vilnius ». Cela signifie que la nouvelle Panzerbrigade 45 « a été officiellement établie en tant qu'unité militaire majeure de l'armée allemande ».
En outre, le centre médical de la brigade à Rokantiskés et une société de soutien du personnel et de communication à Nemenciné ont été mis en place. Les unités allemandes sont appelées à grossir rapidement.
Selon l'armée, « environ 500 membres de la brigade serviront en Lituanie » d'ici la fin de l'année. Ensuite, « de plus en plus de troupes seront progressivement transférées d'Allemagne jusqu'à ce que l'objectif de 4800 soldats et 200 employés civils soit atteint ».
Le communiqué de presse de l'armée ne laisse planer aucun doute sur le fait que le premier déploiement de troupes de combat allemandes en Europe de l'Est depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale s'inscrit dans le cadre d'une préparation globale à la guerre contre la Russie. À l'été 2023, le ministre de la défense Pistorius (social-démocrate, SPD) a décidé « de stationner en permanence une brigade de combat allemande en Lituanie », indique le communiqué. Cela signifie que « l'Allemagne prend ses responsabilités au sein de l'OTAN ».
« Au-delà de la brigade en Lituanie », la Bundeswehr (forces armées) sera « visible dans de nombreux exercices en Lituanie cette année ». Par exemple, la « Division des forces rapides » participera à l'exercice « Griffin Lightning » en mai avec environ 700 soldats et à l'exercice « Swift Response » avec jusqu'à 500 soldats. En outre, la 37e brigade blindée « Freistaat Sachsen » participera à l'exercice « Grand Eagle II » avec jusqu'à 1000 soldats en septembre.
Quatre-vingts ans après la chute du Troisième Reich et les crimes les plus horribles de l'histoire de l'humanité – l'holocauste de 6 millions de Juifs et la guerre d'anéantissement menée par Hitler contre l'Union soviétique – rien de moins que le déchaînement complet du militarisme allemand, y compris l'armement nucléaire, est à nouveau à l'ordre du jour. Les va-t-en-guerre des médias, en particulier, ne laissent planer aucun doute à ce sujet.
Un commentaire paru dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) s'insurge contre les « entraves du traité Deux plus quatre » (ou Traité de Moscou), c'est-à-dire l'accord signé à Moscou le 12 septembre 1990 entre les gouvernements de l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est, ainsi que la France, l'Union soviétique, la Grande-Bretagne et les États-Unis, qui a longtemps été considéré comme l'accord de paix final de la Seconde Guerre mondiale.
Le traité a limité « les options de l'Allemagne si elle doit se défendre contre la Russie », explique le FAZ. Les propagandistes de guerre allemands parlent toujours de défense quand ils veulent dire attaque, et l'auteur du commentaire cité, Rainer Müller, ne cache pas sa mentalité revancharde.
Ce n'est qu'avec l'accord « Deux plus quatre » que l'Allemagne a obtenu « l'unification de la République fédérale [Allemagne de l'Ouest] et de la RDA [Allemagne de l'Est] et la souveraineté de l'État, ce que beaucoup ne croyaient plus possible, mais à un prix qui allait au-delà des territoires de l'Est », déplore-t-il. « L'Allemagne a accepté de renoncer aux armes nucléaires, biologiques et chimiques et de limiter ses forces armées à 370 000 soldats. »
Le message est clair : pour construire une force de guerre nucléaire armée jusqu'aux dents – Müller évoque le chiffre de 500 000 soldats – le traité doit être rompu si nécessaire. Contrairement à Trump et à Poutine, l'Allemagne a aimé agir « comme un parangon du droit international », mais « ne doit pas sombrer dans le processus », prévient le FAZ.
Les autres médias de l'establishment sont également en mode guerre. La couverture de l'édition actuelle de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel montre le futur chancelier Merz et la présidente de la Commission européenne et ancienne ministre de la défense Ursula von der Leyen (tous deux CDU) en uniforme de la Bundeswehr devant une toile de fond de camouflage militaire. Au-dessous d'eux figure la question « Prêt pour la guerre ? » L'article de couverture conclut que même les crédits de guerre qui viennent d'être mis en place ne suffisent pas à rendre l'Allemagne véritablement « prête pour la guerre ».
Les auteurs se plaignent :
Les points faibles sont énormes : en matière de missiles, de défense aérienne, de cyberdéfense et de satellites, l'Europe est largement sans défense. Pendant des décennies, presque tout a été négligé ou laissé aux Américains. Soudain, un billion d'euros pour de nouvelles dépenses de défense ne semblent plus si imposants : chaque nouveau char Leopard coûte environ 25 millions d'euros, chaque Eurofighter environ 140 millions.
Et même s'il y avait beaucoup d'argent, il faudrait des gens pour construire, programmer et exploiter les systèmes d'armes.
Dans un autre essai du même numéro, le rédacteur en chef Lothar Gorris s'interroge : « Sommes-nous prêts à envoyer nos enfants à la guerre ? L'ancien manifestant anti-OTAN et antinucléaire répond sans équivoque à cette question par « oui ». Ce faisant, il parle au nom de toute une classe moyenne supérieure aisée, autrefois pacifiste, mais aujourd'hui prête à enjamber les cadavres de ses propres enfants pour servir les intérêts prédateurs de l'impérialisme allemand. Gorris parle cyniquement d'un « tournant personnel ».
En même temps, il admet que son fils de 18 ans n'était pas vraiment enthousiaste lorsqu'il lui a demandé « s'il avait déjà pensé à [s'engager] dans la Bundeswehr ».
L'opposition au militarisme et à la guerre est énorme au sein de la population et surtout chez les jeunes. Pour faire face à cette folie, ils doivent se tourner vers une perspective socialiste et s'orienter vers la classe ouvrière internationale. C'est ce pour quoi se battent le Sozialistische Gleichheitspartei (Partide l'égalité socialiste) et son organisation de jeunesse, le Mouvement international des jeunes et des étudiants pour l’égalité sociale (IYSSE).
(Article paru en anglais le 3 avril 2025)