Le gouvernement libéral du Canada va adhérer au bouclier antimissile « Golden Dome » de Trump

Le président Donald Trump rencontre le premier ministre canadien Mark Carney dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, le mardi 6 mai 2025, à Washington. [AP Photo/Evan Vucci]

Dans le cadre d'une escalade considérable du militarisme canadien, le gouvernement libéral de Mark Carney a levé les restrictions sur les activités de défense antimissile afin de rejoindre le système « Golden Dome » du président américain Donald Trump. Le Golden Dome, qui tire son nom de la couleur préférée de Trump, est un projet de bouclier antimissile qui intégrera les radars et les systèmes d'interception terrestres et navals existants à de nouveaux intercepteurs spatiaux sous la forme de satellites lourdement armés.

Selon Trump, le Golden Dome est la continuation de l'Initiative de défense stratégique spatiale avortée, surnommée « Star Wars », proposée par Ronald Reagan en 1983. Golden Dome, qui lancera des armes dans l'espace, sera l'un des programmes militaires les plus coûteux jamais entrepris par les États-Unis.

Les plans du gouvernement Carney visant à rejoindre le Golden Dome devraient servir d'avertissement aux travailleurs canadiens quant au caractère avancé des plans de guerre des puissances impérialistes. Les travailleurs canadiens devraient s'opposer aux politiques militaristes du dictateur fasciste en puissance Trump, non pas du point de vue du nationalisme canadien ou des questions de « souveraineté », mais en unissant leur lutte à celle des travailleurs américains contre les machinations du gouvernement Carney et les actions et plans prédateurs des deux puissances impérialistes nord-américaines.

La décision du gouvernement Carney de rejoindre le Golden Dome marque un revirement de la politique canadienne, vieille de 20 ans, qui consistait à ne pas s'intégrer directement à la défense antimissile américaine. Cette évolution conduira à une fusion sans précédent des armées américaine et canadienne dans le contexte d'une troisième guerre mondiale qui se développe rapidement pour le redécoupage du monde entre les grandes puissances. Il n'y a rien de « défensif » dans le Golden Dome : l'objectif de ce bouclier antimissile est d'empêcher toute riposte en cas de première frappe nucléaire contre la Russie ou la Chine. Il vise avant tout à créer l'infrastructure grâce à laquelle l'impérialisme américain et canadien pourra mener un conflit nucléaire « gagnable ».

Le 15 juillet, le ministre de la Défense David McGuinty s'est rendu au quartier général du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) dans le Colorado pour rencontrer le général américain Gregory Guillot, qui cumule les fonctions de commandant du Commandement nord-américain et du commandement conjoint américano-canadien du NORAD. À cette occasion, McGuinty a annoncé qu'Ottawa avait « levé toutes les restrictions sur la défense aérienne et antimissile du Canada ». Des sources du ministère de la Défense ont depuis confirmé que les responsables américains avaient été informés que la décision prise en février 2005 par le premier ministre Paul Martin de ne pas adhérer au système américain de défense antimissile existant avait été annulée.

À l'époque, le gouvernement libéral minoritaire de Martin avait refusé de participer à un programme conjoint de défense antimissile avec les États-Unis, optant plutôt pour un accord dans lequel le Canada partageait des données radar et des renseignements en échange de la protection américaine contre les missiles de croisière et hypersoniques. Cette décision était motivée par le coût énorme du programme et par l'opposition populaire à une époque où Washington était empêtré dans une guerre criminelle profondément impopulaire en Irak.

Assurer la part du gâteau de l'impérialisme canadien dans le partage du monde

Mais les temps changent. Aujourd'hui plus que jamais, l'impérialisme canadien considère son partenariat militaro-stratégique avec Washington comme essentiel pour faire avancer ses intérêts dans le monde. De plus, dans un contexte où la position mondiale des États-Unis s'est considérablement affaiblie, notamment leur prédominance économique, l'élite dirigeante canadienne a l'intention de se rapprocher encore davantage de son allié américain.

« L'environnement des menaces a radicalement changé et le Canada doit s'y préparer », a déclaré McGuinty. « En supprimant les restrictions obsolètes sur nos politiques de défense aérienne et antimissile, le Canada franchit une nouvelle étape nécessaire pour renforcer la sécurité des Canadiens et la souveraineté du Canada. »

Mais les vives tensions qui sont apparues entre les deux puissances impérialistes nord-américaines depuis le retour de Trump à la Maison-Blanche continuent d'éclipser et de perturber les tentatives de la bourgeoisie canadienne de consolider son partenariat militaro-stratégique avec Washington. La question de l'adhésion au « Golden Dome » est soulevée dans le cadre des efforts déployés par les impérialistes canadiens pour conclure un nouvel accord économique et de sécurité avec Trump, dont les politiques commerciales d’« Amérique d’abord » et les menaces d'annexion du Canada ont ébranlé l'alliance étroite qui unit les deux voisins depuis plus de huit décennies.

Trump a déclaré en mai que le gouvernement canadien avait demandé à rejoindre son programme de défense antimissile Golden Dome. Sur sa plateforme Truth Social, il s'est réjoui : « J'ai dit au Canada, qui souhaite vivement faire partie de notre fabuleux système Golden Dome, que cela lui coûterait 61 milliards de dollars s'il restait une nation distincte, mais inégale, mais que cela ne lui coûterait RIEN s'il devenait notre 51e État bien-aimé. Ils réfléchissent à cette offre ! » Depuis la publication de Trump, le prix indiqué est passé à 71 milliards de dollars américains (97,6 milliards de dollars canadiens).

Au total, Trump a déclaré que le projet Golden Dome coûterait 175 milliards de dollars américains (242 milliards de dollars canadiens) et serait achevé dans un délai de trois ans. Le Bureau du budget du Congrès américain a toutefois déclaré que le coût du système pourrait atteindre 831 milliards de dollars américains et que les résultats budgétaires dépendraient largement de la mesure dans laquelle le coût du lancement des satellites équipés de capteurs pourrait être réduit.

Ce sont inévitablement les classes ouvrières canadienne et américaine qui devront supporter le poids énorme du coût d'un tel programme. Ce bouclier s'ajoute aux sommes astronomiques que les deux pays dépensent chaque année pour leur armée, au détriment des programmes sociaux et des services publics.

Avant même que le gouvernement Carney n'annonce son intention de rejoindre le Golden Dome, il avait commencé à imposer des coupes budgétaires sauvages dans tout le pays. Le 9 juin, Carney a annoncé une augmentation immédiate de 9,3 milliards de dollars, soit 17 %, des dépenses militaires. Pour financer cette augmentation massive du budget de guerre canadien, le gouvernement a donné instruction à tous ses ministères de réduire leurs dépenses discrétionnaires de 15 % au cours des trois prochaines années, soit 7,5 % en 2026, 10 % en 2027 et 15 % en 2028. L'ampleur de l'engagement financier que représente le projet Golden Dome – 97,6 milliards de dollars canadiens – nécessitera inévitablement des coupes encore plus importantes et des licenciements dans le cadre d'une offensive générale de guerre de classe contre la classe ouvrière canadienne.

Les dirigeants des Forces armées canadiennes (FAC) sont impatients de se joindre aux initiatives américaines de défense antimissile dans le cadre d'une volonté plus large d'intégrer encore davantage les armées des deux pays. En fait, les discussions concernant l'adhésion à un système intégré de défense antimissile balistique (BMD) avec les États-Unis étaient en cours au sein du gouvernement canadien depuis au moins deux ans. Une note d'information du ministère de la Défense nationale (MDN) datant de 2023 exhortait activement le gouvernement Trudeau à se joindre à un tel programme, soulignant « le besoin croissant pour le Canada d'adopter une approche intégrée et globale en matière de défense antimissile » ainsi que « la nécessité de revoir la politique canadienne [de 2005] sur la BMD nord-américaine ».

Un élément majeur de la campagne électorale fédérale de Carney était axé sur la réduction de la dépendance économique et militaire du Canada vis-à-vis des États-Unis en renforçant les liens commerciaux et de défense avec d'autres nations, notamment celles de l'Union européenne (UE). Carney et les libéraux, qui quelques semaines avant les élections étaient confrontés à une défaite électorale écrasante, ont été portés au pouvoir par une vague d'hostilité populaire envers le fasciste et dictateur en puissance Trump.

La décision soudaine du gouvernement libéral de se joindre au projet Golden Dome de Trump a été prise sans aucune discussion publique, entièrement dans le dos de la population. Étant donné que Trump est à juste titre une figure largement décriée par une grande partie de la population canadienne, cela devrait être considéré comme un avertissement que la classe dirigeante au Canada, tout comme aux États-Unis, fait fi de plus en plus des formes démocratiques de gouvernement.

Lors du rassemblement en ligne du Premier mai de cette année, Keith Jones, secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste (Canada), a mis en garde contre la trajectoire du gouvernement Carney, tout en dénonçant sa fausse «opposition » à Trump :

Dans la mesure où Carney ou tout autre représentant politique de la classe dirigeante s'oppose à Trump, c'est uniquement dans le but de défendre les profits de la classe dirigeante canadienne, ses intérêts géostratégiques mondiaux et son droit prioritaire d'exploiter les travailleurs du Canada et ses ressources abondantes.

Même aujourd'hui, l'option de loin préférée de la bourgeoisie canadienne est de s'assurer un rôle dûment reconnu en tant que partenaire junior de Washington et de Wall Street dans une forteresse nord-américaine dirigée par Trump, visant à garantir l'hégémonie mondiale des États-Unis contre la Chine et tous les autres prétendants.

Préparation d'un massacre sous couvert de « défense »

La défense antimissile américaine se compose actuellement du système GMD (Ground-based Midcourse Defence) en Alaska et en Californie, conçu pour intercepter les missiles balistiques intercontinentaux dans l'espace, avec un taux de réussite de 55 % lors des essais. Le système Patriot est conçu pour défendre les positions sur le champ de bataille et les sites stratégiques contre les missiles à courte portée, tandis que le système mobile THAAD (Terminal High Altitude Area Defence) assure la défense régionale contre divers types de missiles. Enfin, le système naval Aegis assure l'interception des missiles depuis la mer. Golden Dome vise à intégrer tous les systèmes susmentionnés, qui sont basés à terre et en mer, tout en ajoutant une nouvelle couche spatiale de satellites équipés de capteurs et d'intercepteurs pour détecter les missiles ou les avions entrants et les détruire à différentes étapes de leur trajectoire.

En substance, Golden Dome prétend créer un mur impénétrable au-dessus de l'Amérique du Nord, rendant l'impérialisme américain imperméable à toute riposte en cas de frappe préventive. Patrycjia Bazylczyk, chercheuse associée au projet de défense antimissile du Center for Strategic and International Studies, basé à Washington, a clairement énoncé les objectifs des États-Unis : « Nous pensons à nos grands rivaux, tels que la Russie et la Chine [...] Ils disposent d'armes hypersoniques, de missiles de croisière, etc., toute une série d'armes différentes qui ont des trajectoires et des caractéristiques uniques qui posent des défis en matière de détection et d'interception. » La construction rapide d'un bouclier antimissile de cette envergure est une provocation délibérée envers la Russie et la Chine. Les deux puissances reconnaissent à juste titre le caractère belliqueux du projet et sont susceptibles de réagir de manière tout aussi imprudente.

L'indifférence des puissances impérialistes nord-américaines face aux conséquences dévastatrices d'une guerre menée avec des armes nucléaires est encore soulignée par les nombreuses incertitudes technologiques du projet Golden Dome. Loin d'offrir un bouclier de protection infaillible à l'Amérique du Nord contre les attaques, les systèmes concernés comportent des marges d'erreur élevées. Outre l'escalade probable des coûts du projet, les défauts théoriques et pratiques flagrants du Golden Dome révèlent le caractère imprudent et dérangé des impérialistes, prêts non seulement à incinérer des dizaines et des centaines de millions de personnes à l'étranger, mais aussi à sacrifier une grande partie de leur « propre » population dans leur quête délirante d'un conflit nucléaire « gagnable ».

« Les ogives voyagent à une vitesse supérieure à 3000 km/h pendant la phase terminale, lorsqu'elles se sont détachées du missile et rentrent dans l'atmosphère », écrit Tracy Moran du National Post. « En outre, le système [Golden Dome] devrait faire face à plusieurs ogives à la fois, à des leurres et aux efforts de l'ennemi pour brouiller ses fréquences. Il s'agit essentiellement d'essayer d'utiliser une balle pour toucher une balle, au milieu d'une tempête chaotique. »

De plus, le délai entre le suivi et l'identification des menaces de missiles et la décision de riposter est très court. La nature chaotique et urgente des engagements basés sur des missiles nécessiterait en effet que les États-Unis contrôlent les arsenaux canadiens. Les responsables américains ont d'ailleurs admis qu'il pourrait être nécessaire de confier le commandement américain à des systèmes d'intelligence artificielle (IA) afin de suivre correctement la trajectoire des missiles hypersoniques qui voyagent à une vitesse plusieurs fois supérieure à celle du son.

La seule force au sein de la société capable de mettre fin à une conflagration mondiale – qui représente aujourd'hui une menace existentielle pour la survie même de l'humanité – est la classe ouvrière internationale unie autour d'un programme véritablement socialiste. La lutte contre les derniers plans de guerre des impérialistes doit être combinée à l'opposition à la guerre impérialiste dans le monde entier, de la guerre menée par les États-Unis pour soumettre la Russie au génocide horrible soutenu par les impérialistes qui se déroule actuellement à Gaza. Cela nécessite la construction d'un mouvement international contre la guerre qui reliera la lutte contre l'impérialisme à l'opposition aux coupes budgétaires de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans les services publics et les salaires des travailleurs pour financer les plans de guerre insensés de l'oligarchie financière. La base pour développer cette lutte est un programme socialiste et internationaliste visant à renverser le système capitaliste de profit, la cause fondamentale de la guerre.

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