Le Sosyalist Eşitlik Partisi – Dördüncü Enternasyonal (Parti de l'égalité socialiste – Quatrième Internationale), en solidarité politique avec le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), a tenu son congrès fondateur du 13 au 15 juin 2025. Le processus de constitution officielle du parti s'est achevé en août. D'autres sections du CIQI ont adressé leurs salutations à ce congrès, qui seront publiées sur le WSWS dans les prochains jours. Nous commençons par ceux du président national du Parti de l'égalité socialiste (États-Unis), David North.

Chers camarades,

Je suis profondément honoré de transmettre les salutations du Parti de l'égalité socialiste des États-Unis aux délégués du congrès fondateur du Sosyalist Eşitlik Partisi (Parti de l’égalité socialiste). Votre congrès est l'aboutissement d'années de travail politique intense et fondé sur les principes. Les efforts de notre regretté camarade Halil Çelik pour établir une section du Comité international de la Quatrième Internationale en Turquie ont désormais porté leurs fruits.

Votre congrès se tient à un moment critique de la crise du capitalisme mondial. Au moment même où vous vous réunissez, Israël, le chien d'attaque féroce de l'impérialisme américain, étend son attaque génocidaire contre Gaza en attaquant l'Iran. Les États-Unis, centre de l'impérialisme mondial et leader autoproclamé du «monde libre» capitaliste, se transforment en dictature militaro-policière. Le monde capitaliste tout entier sombre dans la barbarie.

Mais la croissance maligne du fascisme n'est qu'un aspect de la réalité politique contemporaine. On assiste également à la recrudescence de la lutte des classes mondiale et à la résurgence du marxisme révolutionnaire.

Ce dernier processus trouve son expression dans votre congrès fondateur. Il marque une étape importante dans l'histoire du mouvement trotskyste international. Objectivement, ce congrès représente une extension du travail de la Quatrième Internationale à un pays et une région du monde qui occupent une place de plus en plus déterminante dans la géopolitique violente de l'impérialisme mondial.

De l'autre côté de la mer Noire, à quelques centaines de kilomètres seulement au nord d'Istanbul, la guerre en Ukraine, fomentée par l'impérialisme, en est à sa quatrième année. La Turquie partage une frontière avec huit pays, dont trois – la Syrie, l'Irak et l'Iran – ont été directement attaqués par l'impérialisme et ses alliés. Les trois voisins transcaucasiens – la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan – sont des zones de conflit intense, engendrées par les préparatifs de guerre de l'impérialisme américain et de ses alliés contre la Russie et la Chine.

Outre son conflit perpétuel avec la Grèce – qui peut à tout moment dégénérer en guerre ouverte – la classe capitaliste turque est profondément impliquée dans tous les conflits de la région. À l'époque de l'Empire byzantin, Constantinople était connue comme le «carrefour des civilisations». Dans le monde contemporain, Ankara est l'un des principaux carrefours de la crise et du chaos capitaliste international.

Mais devant la bourgeoisie turque, principal gendarme régional des intérêts impérialistes, se dresse une classe ouvrière de plus en plus puissante qui se pose en force majeure dans la lutte des classes mondiale. La conjonction de l'industrialisation et de l'urbanisation a entraîné une croissance considérable du prolétariat en Turquie. C'est dans cette puissante force sociale que vous construirez le Sosyalist Eşitlik Partisi.

Depuis 1975, la part de la population vivant en zone urbaine est passée de 40 pour cent à près de 80 pour cent. La population d'Istanbul a quintuplé, celle d'Ankara a triplé et celle d'Izmir a quadruplé. La population d'Antalya était d'environ 200 000 habitants en 1975. Aujourd'hui, elle dépasse les 2,6 millions.

Il y a un demi-siècle, le nombre total de salariés en Turquie représentait moins de 30 pour cent de la population active. Ce pourcentage dépasse aujourd'hui 70 pour cent. La classe ouvrière occupe une place prépondérante dans des secteurs clés de l'économie : l'industrie manufacturière, la métallurgie, la construction, l'aérospatiale, la chimie et l'agriculture.

La transformation économique et démographique de la Turquie constitue le fondement objectif de la construction d'une section puissante du Comité international. Cependant, les facteurs objectifs ne suffisent pas à déterminer l'issue des processus politiques. Le facteur subjectif – la volonté et la détermination des révolutionnaires marxistes à défendre leurs principes malgré les obstacles et les difficultés – est d'une importance décisive.

Dans le travail persistant et fondé sur les principes qui a posé les fondements du Sosyalist Eşitlik Partisi, vous, chers camarades, vous avez démontré la volonté et la détermination nécessaires. Vous fondez, pour la première fois, un parti trotskyste, c'est-à-dire un parti marxiste véritablement révolutionnaire, en Turquie.

Cependant, bien qu’il n’y ait jamais eu auparavant de section de la Quatrième Internationale en Turquie, l’héritage politique de la Révolution bolchevique et la personnalité révolutionnaire de Léon Trotsky sont profondément ancrés dans l’histoire du pays.

Premièrement, c’est un fait historique irréfutable que la révolution prolétarienne en Russie a été le facteur décisif de la victoire du mouvement d'indépendance turc sur l'impérialisme britannique et français. Ce lien historique n'a pas été effacé par la perfidie ultérieure de la bourgeoisie nationale turque.

Deuxièmement, les quatre années d'exil de Trotsky sur l'île de Prinkipo (Büyükada) ont été d'une importance historique considérable et ont laissé une marque indélébile sur la vie intellectuelle turque. Il est notoire que les écrits de Trotsky entre 1929 et 1933 – son autobiographie Ma Vie, l'Histoire de la Révolution russe et ses efforts pour mobiliser la classe ouvrière allemande contre le fascisme – ont été des chefs-d'œuvre historiques de la littérature politique.

Comme le démontrent les réunions commémoratives organisées par le SEG en 2023 et 2024 à Büyükada, le refuge donné à Trotsky reste une source de fierté pour la classe ouvrière et les meilleurs éléments de l'intelligentsia démocratique.

Le Sosyalist Eşitlik Partisi est un parti récent en Turquie, mais c'est un parti de l’histoire. Le contenu intégral de la lutte pour le marxisme à l'échelle mondiale est présent dans le programme et l'action du SEP en Turquie. Nos partis sont des sections du Parti mondial de la révolution socialiste. Notre travail collectif repose sur le postulat théorique et politique essentiel, expliqué par Trotsky, selon lequel « le parti révolutionnaire du prolétariat ne peut se fonder que sur un programme international correspondant au caractère de l'époque, celle du développement maximal et de l'effondrement du capitalisme ». 

Écrit il y a près d’un siècle, dans sa critique dévastatrice du programme nationaliste stalinien du «socialisme dans un seul pays», le principe de l’internationalisme socialiste comme fondement de la stratégie de la révolution de la classe ouvrière s’est accru – en conséquence de la vaste croissance de l’économie mondiale et de son réseau de réseaux de production mondiaux – de plusieurs ordres de grandeur.

C'est contre le principe indissociable de l'internationalisme socialiste et contre notre insistance sur le rôle révolutionnaire central de la classe ouvrière que tous les adversaires du marxisme et du trotskysme dirigent leurs attaques. Il est significatif que le leader nationaliste kurde Öcalan, justifiant sa capitulation devant l'État turc, ait affirmé dans ses écrits de prison que le prétendu échec du marxisme résultait de son « accent excessif mis sur le prolétariat et l'internationalisme ». Force est de constater la coïncidence entre la critique du marxisme par Öcalan et celle formulée par Cliff Slaughter, une vingtaine d'années plus tôt, dans son attaque dirigée contre la « trop grande insistance » de la Workers League sur l'indépendance politique de la classe ouvrière.

Toutes les formes d’anti-marxisme – le stalinisme, la social-démocratie, le nationalisme bourgeois, le pablisme, l’anarchisme, les innombrables formes de radicalisme petit-bourgeois et la «politique d’identité» de la pseudo-gauche – ont été discréditées.

Un siècle d'expérience historique, marqué par les vicissitudes de la révolution et de la contre-révolution, a confirmé la théorie de la révolution permanente. Seuls les partis affiliés au Comité international de la Quatrième Internationale s'appuient sur un programme à la hauteur des défis de notre époque et luttent pour celui-ci.

Le congrès fondateur du Sosyalist Eşitlik Partisi en Turquie renforce énormément le travail du Comité international de la Quatrième Internationale.

Vous avez ouvert un nouveau front puissant dans la lutte pour la victoire de la révolution socialiste mondiale.

Longue vie à la mémoire du camarade Halil Çelik !

Vive le Sosyalist Eşitlik Partisi!

Vive le Comité international de la Quatrième Internationale !

En avant vers la victoire de la révolution socialiste mondiale !

David North

Au nom du Parti de l'égalité socialiste (États-Unis)

14 juin 2025