Déclaration de principes du Sosyalist Eşitlik Partisi – Dördüncü Enternasyonal (Parti de l'égalité socialiste – Quatrième Internationale)

Le Sosyalist Eşitlik Partisi – Dördüncü Enternasyonal (Parti de l'Égalité Socialiste – Quatrième Internationale), en solidarité politique avec le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), a tenu son congrès fondateur du 13 au 15 juin 2025. Le processus de formation officielle du parti s’est achevé en août. Le congrès a adopté à l’unanimité trois résolutions: la «Déclaration de principes» (programme officiel), «Les fondements historiques et internationaux du Sosyalist Eşitlik Partisi – Dördüncü Enternasyonal», et la «Constitution». Nous publions ci-dessous la «Déclaration de principes».

Les tâches mondiales du Sosyalist Eşitlik Partisi

1. Le Sosyalist Eşitlik Partisi – Dördüncü Enternasyonal (Parti de l'Égalité Socialiste – Quatrième Internationale) est en solidarité avec le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), le Parti mondial de la révolution socialiste fondé par Léon Trotsky en 1938. Les principes du Sosyalist Eşitlik Partisi intègrent les expériences essentielles des bouleversements révolutionnaires du XXe siècle, ainsi que la lutte menée par les marxistes pour le programme de la révolution socialiste mondiale. La révolution socialiste, qui marque la brutale entrée des masses dans la lutte politique consciente, annonce la transformation la plus grande et la plus progressiste de la forme d’organisation sociale de l’humanité dans l’histoire mondiale – la fin d’une société fondée sur les classes et, par conséquent, de l’exploitation de l’homme par l’homme. Une transformation d’une telle ampleur est l’œuvre d’une époque historique tout entière. Les principes du Sosyalist Eşitlik Partisi sont déduits de cette époque et s’y réfèrent nécessairement, une époque qui s’est ouverte avec l’éruption de la Première Guerre mondiale en 1914, suivie peu après par la conquête du pouvoir d’État par la classe ouvrière russe dans la Révolution d’octobre 1917.

2. La Quatrième Internationale, sur laquelle est aligné le Sosyalist Eşitlik Partisi, est née de la lutte implacable menée par les internationalistes marxistes, sous la direction de Léon Trotsky, contre la dégénérescence bureaucratique de l’Union soviétique et la trahison du programme de révolution socialiste mondiale par le régime dictatorial dirigé par Staline et ses sbires. La source politique de cette trahison, qui a conduit en 1991 à la dissolution de l’URSS, réside dans la substitution du nationalisme à l’internationalisme par le régime stalinien. La bureaucratie stalinienne n’était pas le produit de la révolution d’Octobre, mais celui de la contre-révolution capitaliste naissante. Comme Trotsky l’a démontré, cette bureaucratie était «l'organe de la bourgeoisie mondiale dans l'État ouvrier». Sa prévision s’est vue confirmée de manière saisissante par la transformation des staliniens chinois, soviétiques et est-européens en oligarques aux richesses colossales.

3. La révolution socialiste est par nature internationale. Comme l’a écrit Trotsky: «La révolution socialiste commence sur le terrain national, se développe sur l'arène internationale et s'achève sur l'arène mondiale. Ainsi la révolution socialiste devient permanente au sens nouveau et le plus large du terme: elle ne s'achève que dans le triomphe définitif de la nouvelle société sur toute notre planète.» Ce principe fondamental de la Quatrième Internationale, qui définit avant tout le programme et l’identité politique du Sosyalist Eşitlik Partisi, a été forgé dans la lutte contre la «théorie» stalinienne du «socialisme dans un seul pays». La stratégie de la classe ouvrière, en Turquie comme dans tous les pays, doit partir d’une analyse des conditions mondiales. L’ère des programmes nationaux a pris fin avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Près d’un siècle plus tard, compte tenu de la formidable croissance de l’économie mondiale et de son intégration globale, les conditions économiques internationales et les exigences des rivalités inter-impérialistes et inter-capitalistes sont devenues les principaux déterminants de la vie nationale. Ainsi, comme l’a expliqué Trotsky, «l'orientation nationale du prolétariat ne doit et ne peut découler que d'une orientation mondiale et non l'inverse».

4. Où que les luttes révolutionnaires de la classe ouvrière éclatent en premier lieu – que ce soit dans un pays capitaliste avancé ou moins développé, en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud ou en Australasie – la conflagration sociale assumera inévitablement une dimension mondiale. La révolution socialiste ne pourra pas, et ne saurait, s’achever dans un cadre national. Elle se réalisera, comme Trotsky l’a prévu dans sa Théorie de la révolution permanente, sur l’arène mondiale.

5. Le programme du Sosyalist Eşitlik Partisi exprime les intérêts de la classe ouvrière, la force sociale révolutionnaire internationale, dirigeante et décisive de la société capitaliste moderne. La tâche centrale du Sosyalist Eşitlik Partisi est de gagner le soutien des travailleurs turcs au programme du socialisme international. Sur la base de ce programme, le Sosyalist Eşitlik Partisi s’efforce d’unifier et de mobiliser la classe ouvrière pour la conquête du pouvoir politique et l’établissement du pouvoir ouvrier en Turquie. Cela créera ainsi les conditions objectives nécessaires au développement d’une société véritablement démocratique, égalitaire et socialiste.

6. Ces objectifs ne peuvent être réalisés que dans le cadre d’une stratégie internationale, dont le but est l’unification mondiale des travailleurs de tous les pays et la création d’États socialistes unis du monde. Le Sosyalist Eşitlik Partisi collabore étroitement avec ses partis frères au sein du CIQI pour construire de nouvelles sections du parti mondial au Moyen-Orient, en Asie centrale, en Europe et ailleurs. Il défend la perspective des États socialistes unis d’Europe et du Moyen-Orient, en opposition à l’adhésion à l’Union européenne capitaliste et aux frontières artificielles tracées par les puissances impérialistes au Moyen-Orient.

La crise du capitalisme

7. Le capitalisme, ainsi que le système impérialiste qui se développe sur ses fondements économiques, est la principale cause de la pauvreté humaine, de l’exploitation, de la violence et de la souffrance dans le monde moderne. En tant que système d’organisation socio-économique, le capitalisme a depuis longtemps épuisé son rôle historiquement progressiste. L’histoire sanglante du XXe siècle – avec ses deux guerres mondiales, ses innombrables conflits «locaux», le cauchemar du nazisme et d’autres formes de dictatures militaro-policières, ses éruptions de génocides et de pogroms – constitue une condamnation irréfutable du système capitaliste. Le nombre de victimes de la violence inspirée par le capitalisme se chiffre en centaines de millions. Et ce chiffre n’inclut même pas la relégation des peuples de continents entiers à une pauvreté sans fin, avec toutes les misères qui l’accompagnent.

8. L’ampleur gigantesque des forces productives existantes et les avancées extraordinaires de la science et de la technologie sont plus que suffisantes non seulement pour abolir la pauvreté, mais aussi pour garantir à chaque être humain sur la planète un niveau de vie élevé. L’humanité ne peut atteindre ce niveau de prospérité qu’en assurant la continuité de la vie et des ressources sur Terre à travers le contrôle démocratique par la classe ouvrière internationale des forces productives existantes. La culture devrait s’épanouir dans une richesse matérielle sans précédent. Mais au lieu de cela, les conditions de vie se détériorent pour la classe ouvrière, et la culture humaine, privée de perspective et d’espoir pour l’avenir, traverse une crise profonde. La source de la contradiction entre ce qui est et ce qui devrait être réside dans un système économique mondial fondé sur la propriété privée des moyens de production et sur la division irrationnelle du monde en États-nations rivaux.

9. Tous les efforts visant à améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière et à résoudre les problèmes sociaux graves se heurtent à l’obstacle de la propriété privée des moyens de production, à l’anarchie du marché capitaliste, aux impératifs économiques du système de profit et, enfin, à l’avidité insatiable et à la folie de l’argent de la classe dirigeante même. L’affirmation que le marché capitaliste serait un répartiteur infaillible des ressources et un arbitre suprêmement sage des besoins sociaux est totalement discréditée au vu d’une série de faillites de nombreux milliards de dollars qui ont ébranlé le système économique mondial jusqu’à ses fondations après la crise de 2008, et du déversement de milliers de milliards de dollars dans les marchés financiers mondiaux après la pandémie de COVID-19. La frontière entre transactions financières «légitimes» et fraude criminelle s’est tellement amenuisée qu’elle en est devenue presque invisible. La séparation du processus d’accumulation de richesse personnelle de celui de la production de valeur réelle est le reflet de la putréfaction générale du système capitaliste. Le gonflement massif des marchés boursiers par la spéculation et la financiarisation a engendré des degrés d’inégalité sociale sans précédent, une poignée d’individus détenant plus de richesses que la moitié inférieure de la population mondiale.

10. Les conséquences mortelles pour l’humanité du système capitaliste, fondé sur la propriété privée des moyens de production et la division du monde en États-nations rivaux, se sont manifestées de manière spectaculaire avec la pandémie de coronavirus. À l’instar de la Première Guerre mondiale, la pandémie est un «événement déclencheur» qui intensifie et accélère les profondes contradictions du système capitaliste mondial. La crise sanitaire s’est inévitablement transformée en crise sociale et politique mondiale, en raison de la politique des classes dirigeantes, qui privilégient le profit au détriment des vies humaines. La pandémie mondiale s’est muée en lutte de classe mondiale, à mesure qu’il devient de plus en plus évident que les principales classes de la société – la classe capitaliste et la classe ouvrière – ont des intérêts inconciliablement opposés.

11. La réponse inepte, erratique et inhumaine à la pandémie a révélé à la fois l’incompétence et le caractère criminel des gouvernements dans chaque pays, ainsi que la faillite politique et morale du capitalisme et des élites dirigeantes. Malgré le danger sanitaire incommensurable posé par la propagation de la pandémie, qui menace principalement la classe ouvrière, la classe dirigeante s’est concentrée presque exclusivement sur l’impact économique de la crise; c’est-à-dire sur la manière dont la maladie affecterait les marchés financiers et la richesse personnelle des 1 à 5 % les plus riches de la société. Partout dans le monde, les classes dirigeantes ont cherché à accroître leurs profits et à faire avancer leurs intérêts, plutôt qu’à contenir la pandémie et à empêcher la mort de millions de personnes. Alors que des millions sont morts et que des milliards ont été infectés, subissant les effets durables du COVID-19, c’est la classe ouvrière mondiale qui a été la principale victime des conséquences économiques et sociales dévastatrices de la pandémie.

12. La politique du Zéro-COVID menée en Chine a démontré qu’il était possible de contenir et d’éliminer la maladie. Toutefois, une pandémie mondiale, par sa nature même, ne peut être éradiquée qu’à l’échelle mondiale. Cela ne peut être accompli que par la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière internationale, et non par la bourgeoisie, qui a refusé de mettre en place une réponse mondiale à la pandémie et qui subordonne la vie humaine au profit privé et aux intérêts géopolitiques des États-nations rivaux. Le Sosyalist Eşitlik Partisi, aux côtés de ses partis frères au sein du CIQI, lutte pour une stratégie d’élimination mondiale du Covid-19 afin de sauver des vies et mettre fin à la pandémie. Dans le cadre de ce combat, il soutient l’Enquête mondiale des travailleurs sur la pandémie de COVID-19 lancée par le CIQI.

13. Le Sosyalist Eşitlik Partisi souligne que, pour exploiter pleinement le potentiel de la science et de la technologie au service de l’humanité, il faut nationaliser la richesse des milliardaires de la santé, les vaccins doivent être exempts de brevets et accessibles à tous, et les entreprises pharmaceutiques ainsi que les hôpitaux privés transformés en établissements publics placés sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière.

14. Le conflit irréconciliable entre le système de profit et la survie même de l’humanité trouve, au sens littéral, son expression la plus maligne dans la crise du réchauffement climatique et de l’environnement naturel. La cause de cette crise ne réside pas, comme le prétendent faussement les médias bourgeois, dans la croissance démographique. Elle n’est pas non plus le résultat de la science et de la technologie – dont le développement est essentiel au progrès de la civilisation humaine – mais plutôt dans leur usage détourné par un ordre économique irrationnel et obsolète. L’impossibilité de trouver une solution véritable au problème de plus en plus crucial du changement climatique et des autres crises environnementales dans le cadre du système de profit est une «vérité qui dérange» que les politiciens bourgeois – y compris ceux qui se disent préoccupés par l’environnement – refusent d’admettre. Toutes les données scientifiques indiquent que seule une réorganisation socialiste de l’économie mondiale – dans laquelle l’environnement planétaire ne serait plus pris en otage par le profit ou les intérêts nationalistes destructeurs – permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière suffisante pour éviter la catastrophe.

15. La solution à la crise économique qui s’étend et à la dégradation de la condition sociale de la classe ouvrière ne réside pas dans une réforme du capitalisme, car celui-ci est irréformable. La crise est de nature systémique et historique. Tout comme le féodalisme a cédé la place au capitalisme, le capitalisme doit céder la place au socialisme. Les principales ressources industrielles, financières, technologiques et naturelles doivent être soustraites à la sphère du marché capitaliste et de la propriété privée, transférées à la société et placées sous la supervision et le contrôle démocratiques de la classe ouvrière. L’organisation de la vie économique fondée sur la loi de la valeur capitaliste doit être remplacée par sa réorganisation socialiste, basée sur une planification économique démocratique dont le but est la satisfaction des besoins de la société.

L'impérialisme et la guerre

16. Bien que le système économique fonctionne à l’échelle mondiale, avec l’industrie et la finance contrôlées par des entreprises transnationales, le capitalisme reste enraciné dans un système d’États-nations. En dernière analyse, l’État national sert de base opérationnelle à partir de laquelle la classe dirigeante de chaque pays poursuit ses intérêts sur la scène mondiale. La course incontrôlable des principales puissances impérialistes – au premier rang desquelles les États-Unis – pour la domination géopolitique, les sphères d’influence, les marchés, le contrôle des ressources vitales et l’accès à la main-d’œuvre bon marché mène inévitablement à la guerre.

Le Sosyalist Eşitlik Partisi s’oppose à l’usage de la violence militaire par les pays impérialistes et leurs alliés capitalistes locaux pour atteindre leurs objectifs, sous des prétextes de «guerre contre le terrorisme» ou de «droits de l’homme». Les gouvernements et les médias qualifient de «terroristes» tous ceux qui résistent à l’occupation de leur pays par des armées étrangères. Le Sosyalist Eşitlik Partisi dénonce cette calomnie lancée par l’impérialisme et défend le droit fondamental des peuples à se défendre, à protéger leurs foyers et leurs pays contre les envahisseurs néocoloniaux. Cette position de principe n’atténue en rien l’opposition du Sosyalist Eşitlik Partisi aux actes violents visant des civils innocents, que ce soit dans les pays occupés ou ailleurs dans le monde. De tels actes, qui peuvent être légitimement qualifiés de terroristes, sont politiquement réactionnaires. Le meurtre de civils innocents provoque la colère, la confusion et la désorientation du public. Il accentue les divisions sectaires et communautaires au sein du pays occupé. Lorsqu’il est pratiqué à l’échelle internationale, le terrorisme sape la lutte pour l’unité de la classe ouvrière et sert les intérêts des éléments impérialistes et capitalistes qui exploitent ces événements pour justifier et légitimer le recours à la guerre.

18. Depuis que la bureaucratie stalinienne a dissous l’Union soviétique en 1991, le monde entier est pris dans un maelström toujours plus vaste de guerres impérialistes. Les puissances impérialistes dirigées par les États-Unis, et leurs alliés régionaux comme la Turquie, ont dévasté des pays allant de l’Afghanistan à l’Irak, en passant par la Syrie, la Libye et le Yémen, causant la mort de millions de personnes et transformant des dizaines de millions de gens en réfugiés. Plus de trente années d’agression impérialiste et l’expansion vers l’est de l’OTAN visant la Russie ont conduit en février 2022 à ce qu’éclate la guerre en Ukraine. La campagne de guerre menée par les puissances impérialistes, États-Unis en tête, pour le repartage du monde, ciblant en premier lieu la Russie et la Chine, s’est désormais transformée en guerre ouverte avec la Russie. Le danger croissant d’une troisième guerre mondiale nucléaire ne peut être écarté que par la mobilisation massive de la classe ouvrière internationale contre la guerre impérialiste, sur la base d’un programme socialiste.

19. La classe dirigeante turque a soutenu les guerres de changement de régime en Libye et en Syrie, lancées par les puissances impérialistes de l’OTAN. Ces guerres étaient la réponse impérialiste aux soulèvements révolutionnaires de la classe ouvrière en Tunisie et en Égypte en 2011. Profondément engagée dans l’alliance de l’OTAN dirigée par les États-Unis, la classe dirigeante turque considère que manœuvrer entre les États-Unis et l’OTAN d’une part et la Russie et la Chine de l’autre, ainsi que les interventions militaires ouvertes ou secrètes, comme les principaux moyens de faire avancer ses intérêts dans la lutte en cours pour le repartage des ressources naturelles et des intérêts géopolitiques au Moyen-Orient, en Méditerranée orientale, en Afrique du Nord et dans le Caucase. Dans le cadre d’une offensive impérialiste plus large pour un nouveau partage du monde, l’ancien conflit entre la Turquie et la Grèce ressurgit, faisant planer le danger d’un affrontement militaire direct aux conséquences incertaines. Le Sosyalist Eşitlik Partisi appelle les classes ouvrières turque et grecque à rejeter le militarisme et le nationalisme de «leurs» classes dirigeantes et à unir leurs forces sur la base d’un programme socialiste international. Une revendication essentielle de cette lutte est la sortie de l’OTAN et la fermeture des bases de cette organisation de guerre impérialiste.

20. Le Sosyalist Eşitlik Partisi exige le retrait immédiat des forces d’occupation à Chypre, en Palestine, en Syrie, en Libye, en Irak, au Yémen, en Afghanistan et dans tous les autres pays opprimés. Il s’oppose à la participation de la classe dirigeante turque à ces guerres, interventions et occupations dans la région, et met les masses en garde contre les dangers mondiaux posés par l’agression de l’impérialisme US-OTAN, qui cible en particulier la Russie et la Chine afin de dominer les vastes territoires eurasiens. Il appelle à mettre fin à l’agression impérialiste contre l’Iran et d’autres forces considérées comme des obstacles aux intérêts régionaux de l’impérialisme américain et de l’État sioniste israélien. Le Sosyalist Eşitlik Partisi encourage et soutient les mobilisations de masse les plus larges contre le militarisme et les plans de guerre des puissances impérialistes et de leurs alliés capitalistes. Mais étant donné que les causes de la guerre ont leurs racines dans la structure économique de la société et sa division politique en États-nations, la lutte contre le militarisme impérialiste et la guerre ne peut réussir que dans la mesure où elle mobilise la classe ouvrière sur la base d’une stratégie et d’un programme révolutionnaires internationaux. Un mouvement de masse contre la guerre doit rejeter la perspective faillie qui consiste à demander aux gouvernements de changer de politique et viser à ce que la classe ouvrière prenne le pouvoir et abolisse le capitalisme, source de la guerre.

21. Le Sosyalist Eşitlik Partisi adopte les principes du CIQI suivants comme fondements politiques essentiels d’un mouvement contre la guerre :

  • La lutte contre la guerre doit reposer sur la classe ouvrière, la grande force révolutionnaire dans la société, rassemblant derrière elle tous les éléments progressistes de la population.
  • Le nouveau mouvement contre la guerre doit être anticapitaliste et socialiste, car il ne peut y avoir de lutte sérieuse contre la guerre sans combattre pour mettre fin à la dictature du capital financier et au système économique qui est la cause fondamentale du militarisme et de la guerre.
  • Le nouveau mouvement contre la guerre doit donc, par nécessité, être totalement et sans équivoque indépendant de, et hostile à tous les partis politiques et organisations de la classe capitaliste.
  • Le nouveau mouvement contre la guerre doit, avant tout, être international, mobilisant l’immense force de la classe ouvrière dans une lutte mondiale unifiée contre l’impérialisme. Il faut répondre à la guerre permanente de la bourgeoisie par la perspective d'une révolution permanente de la classe ouvrière, dont l'objectif stratégique est l'abolition du système des États-nations et l'établissement d'une fédération socialiste mondiale. Cela rendra possible le développement rationnel et planifié des ressources mondiales et, sur cette base, l’éradication de la pauvreté ainsi que l’élévation de la culture humaine à de nouveaux sommets.

L'État capitaliste, la démocratie et le pouvoir ouvrier

22. La condition essentielle de la mise en œuvre d’une politique socialiste est la conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière et l’établissement du pouvoir ouvrier. Bien que la classe ouvrière doive utiliser tous les droits démocratiques et légaux à sa disposition dans la lutte pour le pouvoir, l’expérience historique a largement démontré qu’elle ne peut réaliser la réorganisation socialiste de la société dans le cadre des institutions existantes de la démocratie bourgeoise et de l’État capitaliste. La définition marxiste classique de l’État comme instrument de domination de classe, composé «non seulement d'hommes armés, mais aussi d'adjuvants matériels, de prisons, et d'institutions de coercition de toutes sortes » (Engels), est aujourd’hui plus vraie encore qu’il y a un siècle. L’État n’est pas, comme l’affirment habituellement les réformistes, un arbitre neutre des conflits sociaux. Son existence même témoigne du fait que la société est divisée en classes inconciliablement antagonistes. L’État bourgeois est un instrument qui maintient la dictature politique de la classe capitaliste. Même sur le plan juridique, la bourgeoisie se réserve le droit de balayer les protections et procédures constitutionnelles fondamentales lorsqu’elle perçoit une menace contre ses intérêts de classe fondamentaux.

23. La tentative de coup d’État militaire soutenue par l’OTAN en Turquie le 15 juillet 2016 a été un avertissement sérieux pour la classe ouvrière turque et internationale. La défaite du coup de force dû à une opposition massive n’a pas été suivie d’un «renouveau de la démocratie», mais de la mise en place d’un régime présidentiel qui a progressivement aboli les droits démocratiques fondamentaux. Les tensions géopolitiques et de classe issues de la crise mondiale du capitalisme et de la croissance incessante des inégalités sociales sont à l’origine de l’effondrement mondial des formes démocratiques de gouvernement. Les classes dirigeantes, qui se préparent à faire la guerre à l’extérieur et à réprimer la classe ouvrière à l’intérieur, renforcent l’extrême droite dans chaque pays et se tournent vers des régimes autoritaires.

24. Tout en utilisant une rhétorique démocratique pour légitimer son pouvoir à l’intérieur de la Turquie et justifier ses opérations militaires à l’étranger, l’État de la République turque contemporaine dispose de mécanismes répressifs d’une ampleur sans précédent au nom de la «guerre contre le terrorisme»: un système carcéral comptant des milliers de prisonniers politiques; une force policière massive et lourdement armée; un système judiciaire qui piétine même les principes juridiques bourgeois et est dominé par les décisions politiques; une forme de gouvernement dans laquelle l’état d’urgence est normalisé; une force militaire extrêmement puissante et généreusement financée, imprégnée de sentiments militaristes et antidémocratiques; et un vaste appareil de «sécurité nationale» doté de pouvoirs extraordinaires. Sur l’ensemble de ces institutions, le peuple n’exerce pratiquement aucun contrôle ou supervision effectifs.

25. Les droits démocratiques établis dans le passé ont été profondément érodés. La conception de la démocratie est devenue celle du pouvoir exercé par les riches, pour les riches. Le droit de vote et de se présenter aux élections est entravé par des lois électorales antidémocratiques qui empêchent de briser le monopole des partis politiques bourgeois soutenus par les puissances impérialistes et les grandes sociétés. Le système électoral actuel exclut toute participation effective des partis opposés à l’establishment politique. L’imposition de «commissaires» qui bafouent ce droit démocratique fondamental est devenu une pratique normalisée. Les seuils électoraux, les aides financières et les règles d’accès aux bulletins de vote sont conçus pour empêcher toute remise en cause de la domination bourgeoise. De même, la liberté de la presse ne signifie plus grand-chose lorsque les principaux médias sont contrôlés par de puissants intérêts patronaux. Par ailleurs, Internet, qui a permis l’expression d’opinions alternatives, est soumis à une régulation et une censure de plus en plus autoritaires.

26. La défense des droits démocratiques est indissociable de la lutte pour le socialisme. De même qu’il ne peut y avoir de socialisme sans démocratie, il n’y aura pas de démocratie sans socialisme. L’égalité politique est impossible sans égalité économique. À l’instar de la lutte contre la guerre, le combat pour défendre et étendre les droits démocratiques exige la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière, sur la base d’un programme socialiste, pour conquérir le pouvoir. L’association de la lutte pour la démocratie à celle pour le socialisme souligne l’importance de la théorie de la révolution permanente de Léon Trotsky, en particulier dans les pays au développement capitaliste tardif comme la Turquie, ainsi que l’attestent les leçons historiques du XXe siècle et des premières décennies du XXIe siècle :

  • Il n’existe aucun pays au monde où la classe dirigeante capitaliste ou ses représentants politiques, y compris dans les pays opprimés et les anciens pays coloniaux ou semi-coloniaux, jouerait un rôle progressiste.
  • Dans tous les pays, la seule force révolutionnaire fondamentale capable de mettre en œuvre et de défendre sans compromis un programme démocratique est la classe ouvrière. La lutte pour la démocratie est indissociable de la lutte pour le socialisme et le pouvoir des travailleurs à l’échelle internationale. Seule la classe ouvrière unie, entraînant derrière elle les paysans pauvres et les masses opprimées, peut accomplir les tâches historiques en établissant le pouvoir des travailleurs dans le cadre de la révolution socialiste mondiale.
  • La lutte dans chaque pays doit être guidée par une stratégie internationale. Pour les travailleurs en Turquie, la révolution socialiste ne peut réussir que si elle parvient à rallier l’ensemble de la classe ouvrière au Moyen-Orient, dans le Caucase, dans les Balkans et à l’international, quelle que soit la nationalité, la religion ou l’appartenance confessionnelle, dans une lutte commune pour le socialisme contre les élites dirigeantes régionales et leurs maîtres impérialistes aux États-Unis et en Europe.

27. L'instauration du pouvoir ouvrier exige bien plus que l'élection de candidats socialistes aux institutions existantes de l'État bourgeois. Il faut développer de nouvelles formes et structures de démocratie participative authentique – issues des luttes révolutionnaires de masse et représentatives de la majorité ouvrière de la population – comme fondements d'un gouvernement ouvrier, c'est-à-dire un gouvernement des travailleurs, pour les travailleurs et par les travailleurs. La politique d'un tel gouvernement, qui introduirait les mesures essentielles à la transformation socialiste de la vie économique, consisterait à encourager et à promouvoir activement une vaste extension de la participation démocratique de la classe ouvrière aux processus décisionnels et de son contrôle sur ceux-ci. Elle favoriserait l'abolition des institutions existantes qui restreignent les processus démocratiques ou servent de centres de conspiration contre la population. Ces changements et d'autres changements nécessaires et de nature profondément démocratique, qui doivent être déterminés par les masses elles-mêmes, ne sont possibles que dans le contexte d'une mobilisation massive de la classe ouvrière, imprégnée de conscience socialiste.

L'indépendance politique de la classe ouvrière

28. La lutte pour le pouvoir exige l’indépendance politique inconditionnelle de la classe ouvrière vis-à-vis des partis, représentants politiques et agents de la classe capitaliste. La classe ouvrière ne peut accéder au pouvoir, et encore moins mettre en œuvre un programme socialiste, si ses mains sont liées par des compromis qui l’affaiblissent politiquement avec les représentants politiques d’autres intérêts de classe. Cela signifie avant tout le rejet sans équivoque du mythe éculé et frauduleux selon lequel les partis bourgeois d’opposition représenteraient, par rapport aux partis au pouvoir, un «moindre mal». Parmi les responsabilités politiques essentielles du Sosyalist Eşitlik Partisi figure la défense, l’encouragement et la promotion d’une rupture décisive et irrévocable de la classe ouvrière avec l’ensemble de l’establishment politique capitaliste.

29. Dans l’évaluation des tendances politiques, le Sosyalist Eşitlik Partisi considère que les critères décisifs ne sont pas les position épisodique de celles-ci sur telle ou telle question, mais bien leur histoire, leur programme, leur perspective, ainsi que leur base et orientation de classe. L’histoire fournit d’innombrables exemples où la classe ouvrière a été conduite dans une impasse politique par la formation d’alliances électorales qui exigeaient, pour des gains éphémères dans les urnes, que les travailleurs sacrifient leurs intérêts politiques, sociaux et économiques les plus essentiels. Les alliances de «Front populaire» formées par les staliniens et les partis sociaux-démocrates dans les années 1930 constituent les exemples les plus tragiques des conséquences du sacrifice à courte vue et traître des intérêts historiques et à long terme, au profit de coalitions larges, multi-classe et donc paralysantes, d’intérêts sociaux incompatibles.

Contre l'opportunisme

30. Dans son approche de toutes les questions politiques et dans le choix des tactiques appropriées, le Sosyalist Eşitlik Partisi défend les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière sur la base d’une compréhension scientifique de la nature objective et soumise à des lois du système capitaliste et de la dynamique politique de la société de classes, ainsi que d’une assimilation systématique des leçons de l’histoire. C’est cette approche qui place le Sosyalist Eşitlik Partisi dans une opposition irréconciliable à la politique opportuniste, laquelle, à la recherche de gains tactiques à court terme, sacrifie les intérêts à long terme de la classe ouvrière. À maintes reprises, les opportunistes ont justifié leur trahison des principes en prétendant être des politiciens réalistes, non guidés par des dogmes «inflexibles» et sachant adapter leur pratique aux exigences de chaque situation donnée. À maintes reprises, une telle politique «réaliste» a conduit au désastre – précisément parce qu’elle reposait sur des évaluations superficielles, impressionnistes, non marxistes et, par conséquent, irréalistes et fausses des conditions objectives et de la dynamique de la lutte des classes.

31. Mais l’opportunisme n’est pas simplement le produit d’une erreur intellectuelle ou théorique. Il a des racines socio-économiques substantielles dans la société capitaliste et se développe au sein du mouvement ouvrier comme expression de la pression de forces de classe hostiles. Toutes les manifestations significatives de l’opportunisme – depuis celui de Bernstein apparu dans la social-démocratie allemande à la fin du XIXᵉ siècle et celui de Staline qui s’est développé dans le Parti bolchevique des années 1920 jusqu’à celui du Workers Revolutionary Party britannique, qui a conduit à sa rupture d’avec le CIQI au milieu des années 1980, en passant par celui de Pablo et Mandel, qui a émergé au début des années 1950 dans la Quatrième Internationale – peuvent être attribuée à l’influence exercée par les forces sociales bourgeoises et petites-bourgeoises sur la classe ouvrière. C’est là la cause profonde et la signification du révisionnisme et de la politique opportuniste. La lutte contre de telles tendances n’est pas une distraction par rapport à la construction du parti, mais représente le point culminant à parti duquel s’engage le combat pour le marxisme dans la classe ouvrière.

La conscience socialiste et la crise de la direction

32. Le Sosyalist Eşitlik Partisi, en solidarité politique avec le CIQI, défend la conception marxiste classique – développée systématiquement par Lénine dans la construction du Parti bolchevique et continuée par Trotsky dans la lutte pour fonder et construire la Quatrième Internationale – selon laquelle la conscience socialiste révolutionnaire ne se développe pas spontanément dans la classe ouvrière. La conscience socialiste exige une compréhension scientifique des lois du développement historique et du mode de production capitaliste. Ce savoir et cette compréhension doivent être introduits dans la classe ouvrière, et cela constitue la tâche principale du mouvement marxiste. C’est précisément ce point que Lénine soulignait dans Que faire? lorsqu’il écrivait: «Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire.» Hors des efforts du parti révolutionnaire pour introduire la théorie marxiste dans le mouvement ouvrier, la forme prédominante de la conscience de masse de la classe ouvrière restera au niveau du syndicalisme, défini par Lénine comme la «conscience bourgeoise» de la classe ouvrière. Le dénigrement de la lutte pour la conscience révolutionnaire, généralement associé à des attaques démagogiques contre «l’élitisme» intellectuel et marxiste, est le fonds de commerce des universitaires réactionnaires et des opportunistes politiques.

33. La victoire du socialisme – et, par conséquent, la survie et le développement progressif de la civilisation humaine – exige la construction, sur les fondations de la théorie marxiste, de la Quatrième Internationale, le Parti mondial de la révolution socialiste. Le socialisme ne se réalisera pas simplement comme le résultat inévitable d’un processus historique inconscient. Toute l’histoire du XXᵉ siècle témoigne contre un tel «inévitabilisme» fataliste, qui constitue une caricature du déterminisme matérialiste historique et n’a rien de commun avec l’interaction dynamique de la connaissance, de la théorie et de la pratique, telle qu’elle est illustrée dans l’œuvre de Marx, Engels, Lénine et Trotsky. Le capitalisme a survécu au XXᵉ siècle non pas parce que les conditions objectives n’étaient pas suffisamment mûres pour le socialisme, mais parce que la direction des grands partis ouvriers de masse était «insuffisante» pour la révolution socialiste. La classe ouvrière s’est engagée à maintes reprises dans des luttes épiques. Mais ces luttes, égarées par les staliniens, les sociaux-démocrates, les organisations centristes et réformistes, se sont soldées par des défaites.

34. Le capitalisme existe aujourd’hui en raison des trahisons de la classe ouvrière par ses propres organisations – les grands partis politiques et les syndicats. «La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat.» Ces mots, par lesquels Léon Trotsky commença le document fondateur de la Quatrième Internationale, demeurent d’une suprême actualité comme définition de la réalité politique contemporaine. Il n’existe aujourd’hui aucune organisation de masse dans le monde qui se présente comme un adversaire de l’ordre capitaliste mondial existant, et encore moins qui appelle la classe ouvrière à la lutte révolutionnaire. Cela a créé un environnement surréel, dans lequel la colère et le mécontentement de la classe ouvrière sont étouffés par les vieilles organisations politiquement sclérosées. Mais comme Trotsky l’a également écrit dans le Programme de transition, le document fondateur de la Quatrième Internationale: «L'orientation des masses est déterminée, d'une part, par les conditions objectives du capitalisme pourrissant; d'autre part, par la politique de trahison des vieilles organisations ouvrières. De ces deux facteurs, le facteur décisif est, bien entendu, le premier: les lois de l'histoire sont plus puissantes que les appareils bureaucratiques.»

La théorie marxiste et la classe ouvrière

35. Les contradictions du système capitaliste pousseront la classe ouvrière dans des luttes qui soulèveront la nécessité de la réorganisation révolutionnaire de la société. Ces luttes prendront un caractère explicitement international, découlant objectivement du niveau avancé de l’intégration mondiale des forces productives. Par conséquent, la grande tâche stratégique de l’époque moderne est la construction de l’unité politique des travailleurs de tous les pays en tant que force révolutionnaire internationale décisive.

36. Le Sosyalist Eşitlik Partisi fonde son activité sur une analyse des lois objectives de l’histoire et de la société, en particulier telles qu’elles se manifestent dans les contradictions du mode de production capitaliste. Ancré dans le matérialisme philosophique, le marxisme insiste sur la primauté de la matière sur la conscience. «Le mouvement de la pensée n’est que la réflexion du mouvement réel transporté et transposé dans le cerveau de l’homme » écrivit Marx. Le matérialisme de Marx est dialectique, en ce qu’il considère le monde matériel et les formes de son reflet dans la pensée non pas comme un agrégat d’objets et de concepts fixes, intérieurement indifférenciés, mais comme un complexe de processus, en mouvement et en interaction constants, avec des tendances antagonistes et divergentes.

37. Le Sosyalist Eşitlik Partisi cherche à développer, au sein des couches avancées de la classe ouvrière, une compréhension scientifique de l’histoire, une connaissance du mode de production capitaliste et des rapports sociaux auxquels il donne naissance, ainsi qu’une compréhension de la véritable nature de la crise actuelle et de ses implications historiques mondiales. Le Sosyalist Eşitlik Partisi s’efforce de transformer le potentiel matériel de la révolution sociale créé par un processus historique objectif en mouvement politique conscient de sa classe et confiant en lui-même. En appliquant la méthode de l’analyse matérialiste historique aux événements mondiaux, le Sosyalist Eşitlik Partisi anticipe et se prépare aux conséquences de l’intensification de la crise capitaliste mondiale, met à nu la logique des événements et formule – stratégiquement et tactiquement – la réponse politique appropriée. Le Sosyalist Eşitlik Partisi insiste sur le fait que la transformation progressive et socialiste de la société ne peut être réalisée que par la lutte de masse d’une classe ouvrière politiquement consciente. Les actions d’individus isolés, recourant à la violence, ne peuvent jamais se substituer à la lutte collective de la classe ouvrière. Comme l’a montré une longue expérience politique, les actes de violence individuelle sont fréquemment provoqués par des agents provocateurs et servent les intérêts de l’État.

38. Le Sosyalist Eşitlik Partisi défend en toutes circonstances le principe socialiste révolutionnaire essentiel: dire la vérité à la classe ouvrière. Le programme du parti doit être fondé sur une évaluation scientifique et objective de la réalité politique. La forme la plus insidieuse de l’opportunisme est celle qui se justifie en affirmant que les travailleurs ne sont pas prêts pour la vérité, que les marxistes doivent prendre pour point de départ le niveau existant de la conscience des masses – ou, plus précisément, ce que les opportunistes imaginent qu’il est – et adapter leur programme aux préjugés et à la confusion qui règnent parmi elles. Cette approche lâche est l’antithèse d’une politique révolutionnaire de principe. « Le programme,» déclarait Trotsky en 1938, «doit exprimer les tâches objectives de la classe ouvrière plutôt que le retard des travailleurs. Il doit refléter la société telle qu'elle est et non le retard de la classe ouvrière. C'est un instrument pour surmonter et vaincre l'arriération. C'est pourquoi nous devons exprimer dans notre programme toute l'acuité des crises sociales de la société capitaliste, y compris en premier lieu aux Etats-Unis.» La première responsabilité du parti, poursuivait Trotsky, est de donner «une image claire et honnête de la situation objective, des tâches historiques qui découlent de cette situation, que les travailleurs soient aujourd'hui mûrs ou non pour cela. Nos tâches ne dépendent pas de la mentalité des travailleurs. La tâche est de faire progresser la mentalité des travailleurs. C'est ce que le programme devrait formuler et présenter devant les ouvriers avancés.» Ces paroles définissent précisément l’approche adoptée par le Sosyalist Eşitlik Partisi.

La trahison des syndicats

39. L’aversion des opportunistes à dire la vérité aux travailleurs est presque toujours liée à leurs efforts pour fournir une couverture politique à, et préserver l’autorité des anciens syndicats et organisations politiques réactionnaires, bureaucratisés et entièrement corporatistes, qui maintiennent la subordination de la classe ouvrière au système capitaliste. Le Sosyalist Eşitlik Partisi, en opposition aux opportunistes, vise à développer au sein de la classe ouvrière une compréhension de la nature de ces anciennes organisations – principalement les syndicats – qui prétendent représenter les travailleurs. Les syndicats sont contrôlés par et servent les intérêts d’une couche substantielle de fonctionnaires issus de la petite bourgeoisie, dont le revenu personnel provient de leur rôle actif et conscient de facilitateurs de l’exploitation capitaliste de la classe ouvrière.

40. Au cours des dernières décennies, les syndicats ont joué un rôle majeur dans la casse des grèves, la baisse des salaires, la suppression des prestations, l’élimination des emplois et la fermeture des usines. Dans ce processus, malgré la perte d’adhérents, les revenus des syndicats et les salaires de leurs fonctionnaires n’ont cessé d’augmenter. Coupés de leurs membres, indifférents aux difficultés qu’ils subissent et protégés des protestations de la base par le «prélèvement automatique des cotisations» et les lois du travail, les syndicats sont liés par mille fils aux entreprises et à l’État capitalistes.

41. Le Sosyalist Eşitlik Partisi appelle à une rébellion contre ces organisations corrompues, qui ne représentent pas la classe ouvrière. Cela ne signifie pas que le Sosyalist Eşitlik Partisi s’abstienne de travailler à l’intérieur de telles organisations, dans la mesure où une telle activité est nécessaire pour accéder aux travailleurs et les aider, eux qui sont opprimés conjointement par leurs employeurs et les fonctionnaires syndicaux. Mais le Sosyalist Eşitlik Partisi mène ce travail sur la base d’une perspective révolutionnaire, en encourageant à chaque étape la formation de nouvelles organisations indépendantes – telles que des comités d’usine et de lieu de travail – qui représentent véritablement les intérêts des travailleurs de la base et sont soumises à un contrôle démocratique.

42. Sur cette base, le Sosyalist Eşitlik Partisi soutient résolument l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (initiales anglaises IWA-RFC) lancée par le Comité international de la Quatrième Internationale. L’IWA-RFC offre à la classe ouvrière une voie et un moyen de résister à l’offensive capitaliste intensifiée par la pandémie et la guerre, en coordonnant sa lutte contre la classe dirigeante et les syndicats corporatistes dans les différentes usines, les différents secteurs et pays.

Unité de classe contre politique identitaire

43. Une autre forme d’opportunisme, qui a joué un rôle significatif dans la remise en cause de la lutte pour l’unité de la classe ouvrière et dans l’abaissement de la conscience de classe, est la promotion d’innombrables formes de politiques dites d’«identité» – fondées sur l’élévation des distinctions nationales, ethniques, raciales, linguistiques, religieuses, de genre et sexuelles au-dessus de la position de classe. Ce déplacement de la classe vers l’identité s’est fait au détriment d’une compréhension des causes réelles, ayant leurs racines dans le système capitaliste, des difficultés auxquelles sont confrontés tous les travailleurs. Dans ses pires formes, il a favorisé une compétition entre différentes «identités» pour l’accès aux institutions éducatives, aux emplois et à d’autres «opportunités» qui, dans une société socialiste, seraient librement accessibles à tous, sans distinctions humiliantes, déshumanisantes et arbitraires. Le Sosyalist Eşitlik Partisi exige l’égalité complète pour tous et défend sans équivoque leurs droits démocratiques. Toutes les formes de discrimination fondées sur l’origine nationale, ethnique, raciale, religieuse ou linguistique, ou sur le genre ou l’orientation sexuelle, doivent être abolies. Le Sosyalist Eşitlik Partisi fait avancer ce volet démocratique essentiel de son programme dans le cadre de la lutte pour le socialisme, fondée sur l’unification politique de toutes les sections de la classe ouvrière.

Contre la xénophobie et pour les droits des réfugiés et des immigrants

44. Une condition essentielle pour forger cette unité est la défense inconditionnelle des droits démocratiques des immigrés et des réfugiés vivant en Turquie. Tous les partis établis et les médias attisent la xénophobie et incitent à des chasses aux sorcières contre les réfugiés afin de détourner l’attention de leur propre responsabilité dans la crise économique et sociale provoquée par le système capitaliste et les guerres de l’OTAN dans la région. Le Sosyalist Eşitlik Partisi s’oppose à toutes les tentatives de faire des migrants ou des réfugiés fuyant la guerre impérialiste des boucs émissaires de la crise économique et du chômage croissant, ainsi qu’à toutes les tentatives de diviser la classe ouvrière et de réprimer la lutte de classe en attisant des préjugés chauvins. Il rejette le régime frontalier réactionnaire de l’Union européenne en collaboration avec la Turquie, qui a transformé l’Europe en une forteresse et conduit à la mort de milliers de migrants.

45. En raison de sa position géopolitique, la Turquie est devenue un pays de transit pour les personnes contraintes de quitter leurs pays dévastés par les interventions impérialistes et cherchant refuge en Europe dans l’espoir d’une vie digne. Plus de 3,5 millions de réfugiés ayant fui leur foyer à cause de la guerre de changement de régime en Syrie sont piégés en Turquie à la suite des accords sordides conclus entre la Turquie et l’Union européenne. Le Sosyalist Eşitlik Partisi défend le droit inconditionnel des travailleurs de chaque pays de vivre et de travailler où ils le souhaitent. Nous appelons à l’octroi de droits démocratiques et de citoyenneté complets pour tous les immigrés et réfugiés, y compris les migrants économiques classés comme «travailleurs non déclarés».

Pour les États socialistes unis d'Europe et du Moyen-Orient

46. Alors que la Turquie est directement affectée par les développements en Europe et au Moyen-Orient en raison de la position critique qu’elle occupe dans la géopolitique du système impérialiste mondial, cela garantit également que la lutte de classe dans ce pays prendra des dimensions gigantesques. Cela souligne l’importance de construire le mouvement trotskyste en Turquie et dans tout le Moyen-Orient.

47. L’agression impérialiste a provoqué un bain de sang au Moyen-Orient et fait peser le danger d’une guerre régionale bien plus sanglante qui pourrait engloutir la Turquie. Après l’Irak, la Syrie et le Yémen, les puissances impérialistes dirigées par les États-Unis et Israël ont lancé une guerre impérialiste meurtrière contre l’Iran, dans le contexte du génocide contre les Palestiniens. Le Sosyalist Eşitlik Partisi s’oppose par principe à l’agression impérialiste contre les pays opprimés du Moyen-Orient et d’ailleurs. Aux côtés de ses partis frères au sein du CIQI, il lutte pour la mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière internationale contre cette agression et contre sa source: le capitalisme. Les régimes corrompus et les élites capitalistes de toute la région sont complices de cette histoire sanglante, qui a conduit à la dévastation de sociétés entières. La seule force sociale capable de mettre fin aux guerres est la classe ouvrière du Moyen-Orient, unie au-delà de toutes les divisions nationales, ethniques, religieuses et sectaires, et alliée à ses frères et sœurs de classe aux États-Unis, en Europe et dans le monde. Aucun régime ou parti nationaliste bourgeois de la région n’est un allié de la classe ouvrière contre cette agression impérialiste. Les travailleurs et les masses opprimées du Moyen-Orient ont besoin d’une perspective et d’un programme socialistes clairs, fondés sur l’expérience historique et internationale de la classe ouvrière, pour mener avec succès la lutte contre l’impérialisme et ses alliés régionaux, c’est-à-dire les classes dirigeantes turques, kurdes, israéliennes, arabes et iraniennes. La lutte contre l’agression impérialiste visant à la redivision et à la recolonisation du Moyen-Orient est indissociablement liée à la lutte pour les États socialistes unis du Moyen-Orient.

48. Les travailleurs du Moyen-Orient trouveront dans ce combat leurs alliés parmi les travailleurs d’Amérique, d’Europe et du monde, où existe une profonde opposition aux guerres sans fin menées par Washington et ses alliés. Ils apporteront un soutien déterminé à la lutte de leurs frères de classe dans cette région pour les États socialistes unis du Moyen-Orient. La réponse du Sosyalist Eşitlik Partisi à la guerre impérialiste en Turquie, qui constitue un pont entre l’Europe et le Moyen-Orient, est les États socialistes unis d’Europe et du Moyen-Orient.

L'internationalisme prolétarien contre le nationalisme

49. Le Sosyalist Eşitlik Partisi lutte pour les droits démocratiques, culturels et politiques de tous les peuples opprimés de la région, en particulier des peuples kurde et palestinien. Les droits démocratiques et culturels du peuple kurde, divisé entre quatre pays au cœur des guerres et interventions impérialistes au Moyen-Orient, et du peuple palestinien, soumis au nettoyage ethnique et au génocide par l’État sioniste d’Israël, ne peuvent être garantis que dans le cadre d’une fédération socialiste qui fera partie intégrante de la lutte pour le socialisme international.

50. La défense des peuples opprimés ne signifie pas le soutien aux mouvements nationalistes bourgeois pro-impérialistes ni la défense du séparatisme. L’histoire amère des peuples kurde et palestinien est marquée par les trahisons de diverses directions nationalistes bourgeoises et petites-bourgeoises. Le nationalisme bourgeois est en faillite.

51. L’intégration mondiale de l’économie, sapant l’État-nation et toutes sortes de projets nationalistes et réformistes, a rendu ces directions plus ouvertes à la coopération avec les États impérialistes. Dans les Balkans, la désintégration de la Yougoslavie par les puissances impérialistes sous le faux slogan des «droits de l’homme», et plus récemment l’établissement de l’État satellite du Kosovo, en est un exemple clair. L’utilisation du séparatisme ethnique, attisé dans le Caucase par les puissances impérialistes pour servir leurs ambitions visant la Russie; les Tigres de libération de l’Eelam tamoul, dont les manœuvres entre les puissances impérialistes, la bourgeoisie indienne et l’État sri-lankais ont préparé leur fin tragique et sanglante; les désastres sans fin vécus par les Palestiniens au Moyen-Orient sous la direction nationaliste; et enfin, les mouvements nationalistes kurdes qui ont servi de collaborateurs à l’occupation impérialiste en Irak ou qui ont émergé comme une force supplétive majeure dans la guerre de l’OTAN pour un changement de régime en Syrie… Tous ces mouvements nationalistes bourgeois ou petits-bourgeois, qui constituent les principaux exemples des trente dernières années, montrent que l’«orientation vers la libération nationale» sous l’égide de l’impérialisme n’a entraîné que des désastres.

En luttant pour l’éducation dans la langue maternelle, pour la garantie constitutionnelle de la langue kurde et pour la reconnaissance de tous les autres droits démocratiques et culturels ainsi que pour la liberté des prisonniers politiques, le Sosyalist Eşitlik Partisi affirme que la seule voie vers la paix durable et les droits démocratiques auxquels aspirent les travailleurs est l’unification des travailleurs de toutes nationalités au Moyen-Orient et dans les pays impérialistes, dans la lutte pour le socialisme mondial et contre la guerre et l’oppression néocoloniale. Cela signifie lutter pour une Fédération socialiste du Moyen-Orient, qui fera partie d’une fédération socialiste mondiale.

53. Le Sosyalist Eşitlik Partisi lutte résolument contre les attaques chauvines et la falsification historique visant les minorités, qui constituaient autrefois une part importante de la population et de la culture de la Turquie et dont la proportion dans la population a été progressivement réduite par des politiques étatiques systématiques. Il cherche à unir ces communautés sous la direction révolutionnaire de la classe ouvrière.

Le centralisme démocratique

La lutte révolutionnaire de la classe ouvrière exige l’organisation, et l’organisation est impossible sans discipline. Mais la discipline requise pour la lutte révolutionnaire ne peut pas être imposée bureaucratiquement d’en haut. Elle doit se développer sur la base d’un accord, librement conclu, sur des principes et un programme. Cette conviction trouve son expression dans la structure organisationnelle du Sosyalist Eşitlik Partisi, qui repose sur les principes du centralisme démocratique. Dans l’élaboration de la politique et des tactiques appropriées, la démocratie la plus complète doit prévaloir au sein du parti. Aucune restriction, autre que celles indiquées par la constitution du parti, n’est imposée à la discussion interne des politiques et activités du Sosyalist Eşitlik Partisi. Les dirigeants sont élus démocratiquement par les membres et sont soumis à la critique et au contrôle. Les candidats à la direction qui ne peuvent supporter la critique devraient méditer les paroles de James P. Cannon, le fondateur du mouvement trotskyste aux États-Unis: «La vérité n’a jamais fait de mal à quiconque, pourvu qu’il soit honnête.» Mais si l’élaboration de la politique exige la discussion la plus large et une critique ouverte et honnête, sa mise en œuvre requiert la discipline la plus stricte. Les décisions prises démocratiquement au sein du parti lient tous les membres. Ceux qui s’opposent à cet élément essentiel du centralisme dans l’application des décisions, qui voient dans l’exigence de discipline une violation de leur liberté personnelle, ne sont pas des socialistes révolutionnaires mais des individualistes anarchisants, qui ne comprennent pas les implications et les exigences de la lutte de classe.

La conscience de classe, la culture et le World Socialist Web Site

55. La lutte pour le socialisme exige une immense croissance de la stature politique, intellectuelle et culturelle du mouvement ouvrier, en Turquie et à l’international. Contrairement aux praticiens d’une politique pragmatique et opportuniste, le Sosyalist Eşitlik Partisi est convaincu que seul un mouvement travaillant au plus haut niveau théorique sera capable d’attirer la classe ouvrière sous son drapeau, de la préparer à la lutte contre le capitalisme et, au-delà, à la construction d’une société socialiste. Alors que les politiciens bourgeois cherchent à abaisser la classe ouvrière à leur propre niveau intellectuellement dégradé, le Sosyalist Eşitlik Partisi s’efforce d’élever la classe ouvrière au niveau requis par ses tâches historiques. Non seulement la politique, mais aussi la science, l’histoire, la philosophie, la littérature, le cinéma, la musique, les beaux-arts et toutes les sphères de la culture relèvent du domaine de l’éducation socialiste. L’instrument le plus important du Sosyalist Eşitlik Partisi pour le développement de la conscience socialiste au sein de la classe ouvrière est le World Socialist Web Site (wsws.org). Par son analyse quotidienne des développements politiques et économiques mondiaux, sa mise en lumière des réalités sociales du capitalisme, sa couverture des luttes ouvrières, ses commentaires sur les questions vitales de culture, ses discussions sur les thèmes historiques et philosophiques, ainsi que son examen des questions cruciales de stratégie, de tactique et de pratique révolutionnaires, le WSWS joue un rôle décisif dans la formation du mouvement marxiste mondial contemporain.

Stratégie révolutionnaire et revendications transitoires

56. L’objectif stratégique du Sosyalist Eşitlik Partisi, en solidarité politique avec le Comité international de la Quatrième Internationale, est d’éduquer et de préparer la classe ouvrière à la lutte révolutionnaire contre le capitalisme, à l’établissement du pouvoir ouvrier et à la création d’une société socialiste. Notre objectif n’est pas la réforme du capitalisme, mais son renversement. L’atteinte de ce but exige cependant l’attention la plus minutieuse et détaillée aux conditions de vie des larges masses de travailleurs, ainsi que la formulation de revendications répondant à leurs besoins. Le Sosyalist Eşitlik Partisi reconnaît la nécessité d’établir, dans la pratique, un lien entre la perspective de la révolution socialiste et les luttes concrètes dans lesquelles la classe ouvrière est engagée. Dans cet effort, le travail du Sosyalist Eşitlik Partisi est guidé par l’approche préconisée par Léon Trotsky dans le Programme de transition: « Il faut, écrivait-il, aider les masses, dans le processus de leurs luttes quotidiennes, à trouver le pont entre leurs revendications actuelles et le programme de la révolution socialiste. Ce pont doit consister en un système de revendications transitoires, partant des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière et conduisant invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat.»

57. Ces revendications incluent l’emploi universel, l’accès illimité à des soins médicaux et à une éducation de qualité, un logement décent et sûr, l’annulation des saisies et expulsions, l’ajustement automatique des salaires en fonction de l’inflation, la démocratisation du lieu de travail, l’inspection publique sans restriction des comptes financiers des entreprises et des institutions financières, l’instauration de limites aux salaires des dirigeants, la réduction du temps de travail sans perte de salaire, l’imposition d’un véritable impôt progressif sur le revenu et une restriction significative du transfert de richesses personnelles massives par héritage, la nationalisation et l’instauration d’un contrôle ouvrier démocratique sur les grandes entreprises vitales pour l’économie nationale et mondiale, ainsi que d’autres revendications de caractère démocratique et socialement bénéfique.

58. Les revendications transitoires joueront un rôle important dans la mobilisation politique de la classe ouvrière dans la mesure où elles s’inscrivent dans une campagne plus large visant à développer la conscience socialiste. Le Programme de transition n’est pas un menu «à la carte», dans lequel les revendications seraient sélectionnées arbitrairement, sans contexte politique approprié ni référence à des objectifs politiques plus larges. Si le Programme de transition doit servir de pont vers le socialisme, la destination ne peut pas être tenue secrète vis-à-vis de la classe ouvrière.

La classe ouvrière et la révolution socialiste

59. Le travail du Sosyalist Eşitlik Partisi est imprégné d’une confiance inébranlable, fondée sur une théorie scientifique avancée et une riche expérience historique, dans le rôle et le destin révolutionnaires de la classe ouvrière. Mais la victoire de la révolution socialiste dépend des luttes conscientes des travailleurs. L’émancipation de la classe ouvrière est, en dernière analyse, la tâche de la classe ouvrière elle-même. Comme l’a si bien exprimé Engels: «Là où il s'agit d'une transformation complète de l'organisation de la société, il faut que les masses elles-mêmes y coopèrent, qu'elles aient déjà compris elles-mêmes de quoi il s'agit, pour quoi elles interviennent (avec leur corps et avec leur vie).» Ainsi, le socialisme ne peut être instauré que lorsque les travailleurs eux-mêmes le veulent; et, inversement, lorsque cette décision est prise, sous les coups d’un capitalisme en crise, aucune force sur terre n’empêchera les travailleurs turcs de prendre leur place à l’avant-garde de la révolution socialiste mondiale.

(Article paru en anglais le 12 septembre 2025)

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