Perspective

Trump déclare la guerre au monde entier lors d’un discours à l’Assemblée générale des Nations unies

Le président Donald Trump s'adresse à la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, le mardi 23 septembre 2025, au siège de l'ONU. [AP Photo/Angelina Katsanis]

Le président américain Donald Trump a prononcé mardi un discours fasciste lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, dans lequel il a proclamé que « l'Amérique d'abord » devait être le principe organisateur du monde, a menacé le monde entier de guerre et d'agression et a glorifié les actions criminelles de son administration au niveau national et international.

Il a attaqué à la fois les alliés officiels des États-Unis et les États qui sont depuis longtemps dans le collimateur militaire et stratégique de Washington, dans un discours décousu qui a duré près de trois fois plus longtemps que le temps qui lui était imparti.

Trump s'est réjoui de montrer son mépris et son dédain pour le droit international, indiquant clairement que Washington n'acceptera aucune restriction à l'affirmation impitoyable de ses intérêts impérialistes, que ce soit par le biais d'une guerre commerciale, d'assassinats, d'opérations de changement de régime ou d'une guerre mondiale.

Il a cité comme modèles pour le monde les éléments clés de sa campagne visant à établir une dictature présidentielle, tels que l'occupation de Washington par les troupes de la Garde nationale et les attaques contre les immigrants.

Trump a reproché à l'ONU et à son programme « mondialiste » la plupart, sinon la totalité, des problèmes de l'humanité. Il a accusé l'ONU, par le biais de ses programmes limités d'aide aux réfugiés créés par les guerres et l'oppression impérialistes, de « financer une attaque contre les pays occidentaux », exposant ainsi depuis la tribune de l'ONU la théorie suprémaciste blanche du Grand Remplacement.

« L'ONU, a-t-il déclaré, est censée empêcher les invasions, et non les créer et les financer. »

Il a fustigé les alliés européens traditionnels des États-Unis pour ne pas être assez agressifs dans la restriction de l'immigration et l'expulsion des immigrants, et pour chercher à limiter les émissions de gaz à effet de serre et le changement climatique, la « plus grande arnaque » de l'histoire.

« L'Europe est en grande difficulté. Elle a été envahie par une force d'étrangers illégaux comme personne n'en a jamais vu auparavant. [...] L'immigration et les idées énergétiques suicidaires causeront la mort de l'Europe occidentale », a déclaré Trump.

Trump a allègrement ignoré le génocide des Palestiniens, ce qui est tout à fait approprié compte tenu du rôle de l'impérialisme américain dans l'armement d'Israël jusqu'aux dents et de ses propres encouragements qu’il donne au régime de Nétanyahou pour qu’il poursuive le nettoyage ethnique complet de Gaza avec son plan de « Riviera du Moyen-Orient ». Alors même qu'Israël affame et bombarde la population de Gaza et envahit la ville de Gaza dans le but de la raser, Trump dénonçait les « atrocités » du Hamas.

Il s'est vanté de la guerre illégale que les États-Unis et Israël ont menée contre l'Iran en juin dernier, au cours de laquelle les États-Unis ont d'abord attiré Téhéran dans un piège en prétendant vouloir poursuivre les pourparlers de paix, puis ont amplifié les attaques initiales d'Israël par un important assaut contre les installations nucléaires civiles iraniennes. « Aujourd'hui, se réjouissait Trump, la plupart des commandants militaires iraniens ne sont plus parmi nous ; ils sont morts. »

Le président américain a également profité de son discours à l'ONU pour poursuivre les préparatifs de Washington en vue d'envahir le Venezuela, dans le cadre de sa campagne visant à repousser l'influence croissante de la Chine en Amérique du Sud. Ces dernières semaines, les forces militaires américaines ont fait exploser trois bateaux au large des côtes du Venezuela, tuant au moins 17 personnes, sous le prétexte totalement infondé qu'ils transportaient de la drogue. Mais même si cela était vrai, aucun gouvernement n'a le droit d'exécuter sommairement des personnes.

Pourtant, Trump, affichant le recours de son gouvernement à la violence criminelle et prétendant s'adresser à tous ceux qui transportent de la drogue depuis le Venezuela, a déclaré devant l'Assemblée générale : « Nous vous ferons disparaître. »

Dans ses remarques devant l'ONU et ses publications sur les réseaux sociaux après une réunion avec le président ukrainien Volodomyr Zelensky, Trump a également intensifié les menaces des États-Unis contre la Russie. Non seulement il a reproché à Poutine et à la Russie la poursuite de la guerre en Ukraine déclenchée par les États-Unis et l'OTAN et menacé Moscou de sanctions économiques beaucoup plus agressives, mais Trump a également déclaré : « Je pense que l'Ukraine, avec le soutien de l'Union européenne, est en mesure de se battre et de reconquérir toute l'Ukraine dans sa forme originale. »

Les médias ont largement couvert, à l'approche de l'Assemblée générale des Nations unies, la reconnaissance historique d'un État palestinien par plusieurs pays occidentaux, dont la France, la Grande-Bretagne, le Canada et l'Australie.

Cette manœuvre, à laquelle Trump s'est opposé avec véhémence, est née de la crainte de l'impact radicalisant du génocide en cours sur la classe ouvrière et la jeunesse des centres impérialistes et du Moyen-Orient, et constitue une tentative désespérée de la part de personnalités telles que Macron en France, Starmer en Grande-Bretagne et Carney au Canada de dissimuler leur profonde complicité dans le génocide.

Cela correspond tout à fait à l'intensification simultanée des menaces belliqueuses des puissances européennes à l'encontre de la Russie. Parmi celles-ci figurent les promesses d'abattre les avions de combat russes s'ils s'égaraient « à nouveau » dans l'espace aérien de l'OTAN, ce que Moscou nie.

Au cours des neuf premiers mois du second mandat de Trump, deux objectifs interdépendants ont guidé la politique de l'establishment en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne. Premièrement, perturber les efforts de Trump, qu’il mène au-dessus de leurs têtes et à leurs dépens, visant à parvenir à un accord avec Moscou afin de mettre fin à la guerre en Ukraine ; et deuxièmement, augmenter massivement les dépenses militaires, afin de pouvoir s'assurer la puissance militaire nécessaire pour poursuivre leurs intérêts impérialistes indépendamment des États-Unis et, si nécessaire, en opposition à ceux-ci.

Le réarmement et la guerre avec la Russie nécessiteront une immense attaque contre la classe ouvrière, comme l'a laissé présager la déclaration faite le mois dernier par le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz : « L'État providence tel que nous le connaissons aujourd'hui n'est plus viable économiquement. »

Ils entraîneront également nécessairement un retour à des méthodes de gouvernement autoritaires et l'arrivée de l'extrême droite dans les couloirs du pouvoir, pour exactement les mêmes raisons qui ont poussé l'oligarchie américaine à se tourner vers Trump : la militarisation de la société et l'élimination de ce qui reste des droits sociaux de la classe ouvrière pour financer la guerre. Ces processus sont déjà bien avancés, comme en témoignent la promotion par la classe dirigeante de la propagande anti-immigrés toxique dont se nourrit l'extrême droite, et la diffamation et la répression des manifestants anti-génocide par bon nombre des mêmes gouvernements qui se prétendent aujourd'hui préoccupés par les droits nationaux des Palestiniens.

La diatribe fasciste de Trump devant l'ONU a stupéfié les chefs de gouvernement et les diplomates de haut rang réunis. « Il y a six ans, l'auditoire de Trump à l'ONU riait, cette année, il est resté silencieux », titrait la BBC.

Ce n'est pas parce que Trump est tout-puissant. Au contraire, il incarne le déclin et la dépravation de l'impérialisme américain, rempart du capitalisme mondial depuis la Seconde Guerre mondiale et toujours centre de la finance mondiale et cockpit de la contre-révolution mondiale.

La réalité est que les Nations unies s'effondrent comme l'a fait la Société des Nations à l'approche de la Seconde Guerre mondiale, et pour les mêmes raisons fondamentales. Confrontées à une crise systémique, les puissances impérialistes rivales cherchent à se rediviser violemment le monde afin de s'assurer le contrôle des ressources critiques, des marchés, des réseaux de production et des territoires stratégiques.

Sous la houlette de l'impérialisme américain et du gangster fasciste Trump, toute prétention de légalité est abandonnée et la loi de la jungle – la force fait le droit – s'impose violemment. Trump lui-même s'est moqué de l'ONU pour son impuissance et son inutilité.

Dans le système des relations interétatiques capitalistes et de la politique de l'establishment, il n'y a aucun moyen de s'opposer à la guerre et à la descente rapide vers une conflagration mondiale. Poutine et Xi sont à la tête de régimes capitalistes qui exploitent sans pitié les travailleurs de Russie et de Chine, et oscillent entre la recherche d'un compromis avec les puissances impérialistes au détriment des masses et la poursuite d’aventures militaires réactionnaires.

Comme l'a expliqué avec perspicacité Léon Trotsky, pour s'opposer aux guerres impérialistes et à la barbarie capitaliste, la classe ouvrière ne doit pas se tourner vers la carte de la guerre, mais vers celle de la lutte des classes. Les mêmes processus qui poussent les puissances capitalistes à la guerre alimentent la révolution sociale. La tâche cruciale consiste à insuffler une perspective socialiste aux luttes montantes contre la guerre, l'austérité, la dictature et le fascisme, et à les armer d'une direction révolutionnaire. C'est la tâche à laquelle se consacrent le World Socialist Web Site, le Comité international de la Quatrième Internationale et ses partis affiliés, les Partis de l’égalité socialiste.

Loading