Perspective

Le véritable enjeu dans la fermeture du gouvernement américain : mobiliser la classe ouvrière contre la dictature de Trump !

Le drapeau américain au-dessus du Capitole est éclairé par la lumière du petit matin, le premier jour de la fermeture du gouvernement, à Washington, le mercredi 1er octobre 2025. [AP Photo/J. Scott Applewhite]

L'administration Trump, agissant en tant que représentante de l'oligarchie capitaliste, utilise la fermeture du gouvernement cette semaine pour mener une attaque sans précédent contre la classe ouvrière, notamment par des licenciements collectifs et des attaques contre les programmes sociaux, dont l’élément central est l'instauration d'une dictature militaire et policière.

La classe ouvrière doit intervenir dans cette crise, en mobilisant son immense pouvoir social, pour forcer l'administration Trump à quitter le pouvoir et mettre fin à ses complots criminels. Cette lutte ne peut être laissée au Parti démocrate, qui s'oppose à toute mobilisation populaire contre le coup d'État en cours de Trump.

Jusqu'à 750 000 employés fédéraux pourraient être mis en chômage technique, dans toutes les agences gouvernementales à l'exception de l'appareil de violence policière et de répression anti-immigrés. L'administration a ordonné à tous les départements de préparer des «réductions d'effectifs » (RIF), c'est-à-dire des licenciements collectifs, visant en particulier les programmes jugés « incompatibles avec les priorités du président ». Russell Vought, directeur du budget de Trump, a déclaré mercredi lors d'une conférence téléphonique avec les républicains que ces licenciements commenceraient « dans un jour ou deux ».

Les conséquences seront dévastatrices non seulement pour les travailleurs directement touchés, mais aussi pour les millions de personnes qui dépendent des services limités encore fournis par le gouvernement.

La stratégie de Vought consiste à mettre en œuvre les principes énoncés dans le Projet 2025, le plan directeur de la Heritage Foundation pour la consolidation du pouvoir de Trump, dont Vought est le coauteur. Cela comprend une vaste expansion du pouvoir de l'exécutif en établissant le «droit » du président de déterminer les dépenses publiques, supprimant ainsi le « pouvoir du portefeuille » constitutionnel du Congrès.

Les mesures actuelles constituent une grave escalade de l'offensive déjà en cours depuis le retour au pouvoir de Trump. Depuis son arrivée au pouvoir, l'administration a supprimé 200 000 à 300 000 emplois fédéraux, tout en démantelant la santé publique, en supprimant les réglementations en matière d'environnement et de sécurité au travail et en préparant l’élimination du ministère de l'Éducation.

Confrontée à une dette énorme et à une crise économique qui s'aggrave, l'administration Trump se prépare à réduire les programmes sociaux fondamentaux dont dépendent des dizaines de millions de personnes – Medicare, Medicaid et la sécurité sociale – tout en s'attaquant au WIC (programme d’aide alimentaire pour les femmes, les enfants et les nouveau-nés), aux coupons alimentaires et à d'autres programmes d'aide vitaux pour les pauvres.

Tel est le contenu de classe qui se cache derrière le complot visant à établir une dictature militaro-policière fasciste. À la veille de la fermeture du gouvernement, Trump et le « secrétaire à la Guerre » Pete Hegseth ont convoqué leur réunion de généraux et d'amiraux à Quantico, où Trump et Hegseth ont exigé la loyauté du corps des officiers et déclaré que les villes américaines devaient servir de « terrains d'entraînement » pour la répression et la violence militaires.

Les dénonciations de « l'ennemi intérieur », la déclaration de guerre de Trump aux villes américaines et la diffamation de la « gauche radicale » traduisent la prise de conscience par l'oligarchie capitaliste que son programme provoquera une immense opposition de la classe ouvrière.

Dans ces conditions, le Parti démocrate ne peut et ne veut absolument pas mentionner les réels enjeux. Le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, et le chef de la minorité à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, ont déclaré docilement mercredi : « Les démocrates restent prêts à trouver une voie bipartisane pour rouvrir le gouvernement d'une manière qui réduise les coûts et résolve la crise des soins de santé provoquée par les républicains. Mais nous avons besoin d'un partenaire crédible. »

Les démocrates cherchent perpétuellement à trouver un compromis avec Trump, alors même que les responsables de l'administration qualifient les démocrates de parti d'« extrémistes nationaux ». De plus, présenter la question comme s'il s'agissait d'un conflit sur les soins de santé est absurde. Ils savent que la fermeture est utilisée pour procéder à de vastes licenciements et pour préparer le cadre d'une dictature. En traitant la crise comme une lutte budgétaire de routine, ils font directement le jeu de Trump – et ils le savent.

S'exprimant au nom des démocrates, le New York Times a publié un éditorial mercredi après-midi. Prétendant identifier « les véritables enjeux de la fermeture », le Times a affirmé : « Ce sur quoi les deux partis se disputent, c'est la question de savoir si les Américains devraient avoir accès à des soins de santé abordables. »

Le Times a évité toute mention des mesures prises par Trump pour déployer l'armée afin d'occuper les villes américaines, criminaliser l'opposition et établir une dictature. Il a conclu par un appel plaintif : « Maintenant qu'il est trop tard pour éviter la fermeture, il incombe au président et au Congrès de rouvrir le gouvernement dès que possible et de s'engager à empêcher les Américains de payer trop cher leur assurance maladie l'année prochaine. »

Si les rédacteurs du Times avaient été transportés en Allemagne dans les années 1930, ils auraient peut-être conseillé à Hitler de s'engager dans des programmes de protection sociale universels ! De plus, l'affirmation selon laquelle les démocrates « se battent » avec Trump sur la question des soins de santé est un mensonge.

Les démocrates ne « négocient » pas, et « se battent » encore moins, sur l'accès aux soins de santé. Leur seule et unique préoccupation, qui fait l'objet de discussions en coulisses, est la guerre contre la Russie en Ukraine. Sur les questions essentielles de politique de classe, les démocrates, parti de Wall Street et de l'appareil militaire et du renseignement, sont d'accord.

Compte tenu des actions extraordinaires, criminelles et anticonstitutionnelles de l'administration Trump, la question fondamentale est de savoir comment le destituer. Lorsque les démocrates ont destitué Trump en 2019, ce n'était pas pour ses menaces fascistes, mais pour avoir retardé l'envoi d'armes à l'Ukraine. Aujourd'hui, le Parti démocrate ne suggère même pas de destitution pour des actions qui font passer la crise du Watergate, qui a conduit à la destitution de Richard Nixon en 1974, pour un jeu d'enfant. C'est en soi un acte de complicité avec la dictature de Trump.

L'appareil syndical, pour sa part, n'a pas de politique indépendante. Il fonctionne comme une division du Parti démocrate ou de l'administration Trump, selon l'allégeance particulière de ses dirigeants.

La présidente de l'AFL-CIO, Liz Shuler, a réagi à la fermeture des services publics par une déclaration mercredi, critiquant Trump pour avoir « choisi le chaos et la souffrance plutôt qu'une gouvernance responsable ». Elle a déclaré : « Le message du mouvement syndical à l'administration est clair : mettez-vous au travail. Financez le gouvernement. Résolvez la crise des soins de santé. Donnez la priorité aux travailleurs. » Alors que Trump menace d'utiliser l'armée contre les villes américaines, Shuler le supplie de «se mettre au travail » !

L'AFGE et l'AFSCME, qui représentent les fonctionnaires, ont réagi en déclarant que les actions de l'administration étaient « illégales », «immorales » et « déraisonnables », et ont annoncé en réponse qu'elles allaient... intenter un procès. Le président de l'AFSCME, Lee Saunders, a déclaré que le syndicat ferait « tout son possible » pour défendre les travailleurs, mais cela n'inclut aucune lutte concrète de la part des travailleurs.

Pour l'appareil syndical, le principe central et article de foi est que, dans toutes les conditions, les travailleurs ne doivent rien faire. L'appareil fonctionne comme un gendarme en milieu de travail, déployé pour faire respecter les diktats des entreprises et de l'État en bloquant toute lutte de la classe ouvrière qu'il prétend représenter.

La classe ouvrière ne peut rester passive alors que Trump prépare une dictature militaire et une guerre contre la classe ouvrière ! Le Parti de l’égalité socialiste appelle les travailleurs à répondre à la fermeture du gouvernement et à la conspiration de Trump par une action collective de masse.

Quelles que soient les manœuvres du Parti démocrate pendant la fermeture, Trump restera au pouvoir et tous les criminels qui composent son administration continueront à gouverner au nom des grandes entreprises. Des dizaines ou des centaines de milliers de travailleurs perdront leur emploi.

La classe ouvrière doit intervenir dans cette crise sans précédent avec son propre programme. Cela nécessite une organisation. Comme l'explique le PES dans sa déclaration du 19 septembre, « Le complot fasciste de Trump et comment le combattre : la stratégie du socialisme », un élément central de la stratégie de la classe ouvrière doit être :

La construction d'une nouvelle forme d'organisation capable d'unifier la classe ouvrière et de mobiliser son immense puissance sociale et économique contre le régime Trump. Cette nouvelle forme d'organisation proposée par le Parti de l’égalité socialiste consiste en des comités de base. Ils doivent être créés dans chaque usine, chaque lieu de travail, chaque école et chaque quartier afin d'organiser la résistance à la dictature de Trump. Ces comités doivent devenir des centres de résistance, unissant toutes les sections de la classe ouvrière (dans l'industrie, la logistique, les transports, la restauration et la restauration rapide, les services sociaux, la défense juridique, l'éducation, les arts et la culture, le divertissement, la médecine, les soins de santé, les sciences, l'informatique, la programmation et d'autres professions hautement spécialisées) et la jeunesse étudiante contre le gouvernement fasciste de Trump, la complicité des démocrates et l'attaque plus large contre les droits démocratiques et le niveau de vie.

Le PES a formé l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC) afin de développer un puissant mouvement de masse de la classe ouvrière.

La création de comités de base est indispensable pour briser l'emprise des bureaucraties syndicales, transférer le pouvoir entre les mains des travailleurs eux-mêmes et créer de nouveaux centres de pouvoir social coordonné pour la défense des droits démocratiques. La solution est la suivante : la mobilisation indépendante de la classe ouvrière pour le socialisme contre la dictature, la guerre et l'exploitation capitaliste.

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