L'interception criminelle par le régime israélien de la flottille du Sumud destinée à acheminer de l'aide à Gaza a provoqué des manifestations dans le monde entier pendant le week-end. Des millions de personnes, dont un million à Rome, sont descendues dans la rue pour protester contre le génocide des Palestiniens et l'expulsion par Israël de plus de 400 militants de la flottille après la saisie violente de leurs navires et de leurs cargaisons.
La manifestation de Rome a eu lieu le lendemain d'une grève nationale d'un jour impliquant 2 millions de travailleurs organisée dans toute l'Italie par la Confédération générale du travail (initiales italiennes CGIL) et d'autres syndicats.
Le gouvernement fascisant italien de Giorgia Meloni a déclaré la grève «illégale» et menacé les participants d'amendes. Mais le soutien massif aux Palestiniens, qui s'est traduit par le blocage répété de ports par les dockers pour empêcher les navires à destination d'Israël de charger et de partir, a engendré une haine généralisée envers le plus proche allié européen du président américain Donald Trump.
250 000 autres personnes ont défilé dimanche à Amsterdam pour dénoncer la saisie des navires de la flottille et la complicité du gouvernement néerlandais dans les livraisons d'armes à Israël.
En Espagne, d'importantes manifestations ont eu lieu samedi à Barcelone et Madrid, alimentées par l'arrestation par Israël de plus de 40 militants espagnols de la flottille. À Barcelone, où la police a sous-estimé le nombre total de participants à 70 000, les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles figuraient « Stop au génocide » et « Ne touchez pas à la flottille ».
Un manifestant a déclaré: «Comment est-il possible que nous assistions à un génocide en direct après ce que nous [l'Europe] avons vécu dans les années 1940? Aujourd'hui, personne ne pourra plus dire qu'il ignorait ce qui se passait.»
Plus de 3 000 personnes ont participé à une manifestation à Lisbonne, au Portugal dont trois de ses ressortissants ont été arrêtés par Israël. Les organisateurs n'attendaient que 500 participants.
D'importantes manifestations dénonçant l'interception de la flottille ont également été signalées à Calcutta, en Inde, et à Lahore, au Pakistan. À Dublin, en Irlande, la 17e marche nationale pour la Palestine depuis octobre 2023 – date à laquelle le génocide israélien à Gaza soutenu par l'impérialisme commença – a rassemblé quelque 25 000 personnes. Parmi les personnes arrêtées par Israël, 16 venaient d'Irlande.
À Sofia, en Bulgarie, des manifestants portaient des pancartes proclamant: «Gaza : la famine est une arme de guerre» et «Gaza est le plus grand cimetière d'enfants». Des milliers de personnes ont également participé à des marches en Turquie, au Maroc et en Tunisie.
Des milliers de personnes ont manifesté dimanche à Athènes, en Grèce, après une grève de 24 heures vendredi en solidarité avec la flottille de Gaza dans le port du Pirée.
À Londres, la police a arrêté près de 500 personnes pour avoir déclaré leur soutien au groupe interdit Palestine Action. Defend Our Juries, organisateur de la manifestation, a indiqué que plus de 1 000 personnes avaient participé à cette manifestation, la dernière d'une série de manifestations depuis que le gouvernement travailliste de Keir Starmer a utilisé la législation antiterroriste pour criminaliser ce groupe militant et ériger en infraction pénale la simple déclaration de soutien à ce dernier.
Ces manifestations mondiales reflètent l'indignation de milliards de personnes face au massacre barbare des Palestiniens de Gaza par le régime sioniste et à la complicité de leurs gouvernements dans ce crime historique. Si le bilan officiel depuis octobre 2023 s'élève à un peu plus de 65 000 morts, les estimations projettent un nombre réel de victimes bien supérieur, atteignant les centaines de milliers. La famine sévit dans l'enclave, et plus d'un demi-million de personnes ont été victimes du nettoyage ethnique de la ville de Gaza au cours des six dernières semaines seulement.
Un facteur contribuant aux manifestations généralisées de ce week-end a été le traitement brutal infligé par l'armée israélienne aux militants de la flottille capturés. Parmi les 137 personnes déjà expulsées d'Israël vers la Turquie, certaines ont fait état de violences systématiques, de privation d'eau et de menaces armées. Des témoignages indiquent que des militants ont été contraints de boire aux toilettes pour éviter la déshydratation et ont entendu parler de tortures infligées à d'autres détenus de la prison.
« Certains bateaux ont également été touchés par des canons à eau. Tous les bateaux ont été pris en charge par des gens lourdement armées et ramenés à terre », a déclaré à l'AFP un conseiller municipal italien faisant partie de la flottille. « Ils nous ont mis à genoux, face contre terre. Et si nous bougions, ils nous frappaient. Ils se moquaient de nous, nous insultaient et nous frappaient. Ils usaient de violence psychologique et physique. »
Décrivant la prison où ils étaient détenus après leur arrivée à terre, il a ajouté: «Ils ouvraient la porte pendant la nuit et nous criaient dessus en agitant des armes pour nous effrayer. Nous étions traités comme des animaux.»
Greta Thunberg, militante connue pour le climat et la lutte contre le génocide, a déclaré aux autorités suédoises qu'elle était déshydratée et qu'on ne lui donnait pas assez à manger. Elle avait développé des éruptions cutanées, qu'elle soupçonne d'être causées par des punaises de lit.
La militante turque Ersin Çelik a déclaré qu'au centre de détention, « ils ont traîné la petite Greta par les cheveux sous nos yeux, l'ont battue et l'ont forcée à embrasser le drapeau israélien. Ils lui ont fait tout ce qu'on pouvaient imaginer, en guise d'avertissement. » Elle a été « exhibée comme un trophée », enveloppée dans le drapeau israélien, a raconté le journaliste Lorenzo D'Agostino.
La radicalisation de millions de travailleurs et de jeunes à travers le monde, produite par deux années de génocide, a mis en évidence le fossé qui sépare les sentiments de la grande majorité de la population des gouvernements des principales puissances.
Israël n'a pu agir avec autant d'agressivité que grâce au soutien indéfectible des impérialistes américains et européens, qui ont fourni au régime sioniste des armes en quantité illimitée et ont justifié ses crimes de guerre. Aujourd'hui, Trump propose un «plan de paix» qui prive les Palestiniens de leurs droits démocratiques et propose d'instaurer un régime colonial à Gaza, facilitant ainsi le nettoyage ethnique ou l'extermination des Palestiniens restants.
Comme le World Socialist Web Site l’a souligné dans un récent article de perspective, tout dépend de l’intervention politique indépendante de la classe ouvrière pour arrêter le génocide.
Ce dont les travailleurs ont besoin, ce sont de nouvelles organisations sous leur contrôle – des comités de la base – afin de planifier et de diriger un mouvement de masse capable de stopper net la machinerie impérialiste de guerre et de génocide. Les travailleurs de la logistique, des transports et de l'industrie manufacturière, ainsi que d'autres travailleurs de tous les secteurs économiques doivent entreprendre ce combat avec les revendications suivantes :
- Arrêt immédiat de tous les transports d’armes vers Israël.
- Boycott de tout commerce ou toute autre activité économique avec Israël.
- Inculpation et poursuites contre les sociétés américaines, européennes et autres qui aident Israël à commettre le génocide doivent être
- Arrestation de responsables israéliens pour crimes de guerre.
- Fin de la répression de l’opposition au génocide de Gaza.
- Accès immédiat et sans entrave à Gaza pour l’acheminement de l’aide via tous les points de passage terrestres disponibles et fin du blocus naval en vigueur depuis 18 ans.
Ces revendications doivent être liées au mouvement plus large qui se développe déjà dans la classe ouvrière internationale contre l'austérité, la guerre et la destruction des emplois. Les gouvernements criminels qui fournissent les armes de la mort au régime sioniste sont ceux qui instaurent aussi des formes dictatoriales de pouvoir chez eux pour réprimer l'opposition populaire au gouvernement par l’oligarchie, au réarmement militaire et à la guerre mondiale.
La lutte pour mettre fin au génocide requiert nécessairement un mouvement ayant pour engagement de chasser du pouvoir l'oligarchie financière et de renverser le capitalisme, cause profonde d’une barbarie impérialiste dont la manifestation la plus effroyable est en évidence à Gaza. Cela implique de se fixer comme objectif d'instaurer le pouvoir des travailleurs pour mener à bien la transformation socialiste de la société.
(Article paru en anglais le 6 octobre 2025)