Contactez le Comité de base des travailleurs des postes à l'adresse canadapostworkersrfc@gmail.com ou remplissez le formulaire ci-dessous. Joignez-vous à nous pour bâtir la direction nécessaire afin d'obtenir des emplois bien rémunérés et sûrs, de défendre les services postaux publics et de lutter pour la prise du pouvoir par les travailleurs.
L'annonce faite jeudi soir par la direction du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) de mettre fin unilatéralement à notre grève nationale et de la remplacer par des grèves tournantes sans effet est une capitulation historique. Sans même procéder à un vote consultatif, le Conseil exécutif national, à peine un jour après avoir rencontré à huis clos le ministre du gouvernement qui veut détruire nos emplois, a ordonné à 55 000 travailleurs des postes de s’incliner devant plan de restructuration impitoyable du gouvernement Carney.
Cette trahison menace de détruire des dizaines de milliers d'emplois, de fermer près de 500 bureaux de poste ruraux et suburbains et d'éliminer la distribution quotidienne du courrier à domicile. Mais elle menace bien plus que le service postal, car le gouvernement nous utilise comme précédent pour le type d'attaques qu'il souhaite mettre en œuvre à tous les niveaux. C'est pourquoi tous les travailleurs doivent venir à notre défense.
Il faut savoir que l'appareil du STTP n'a jamais voulu d'une grève nationale. Pendant des mois, après que les postiers aient retrouvé leur droit légal de grève au printemps dernier, à la suite de l'utilisation par le gouvernement Trudeau de l'article 107 du Code canadien du travail pour « suspendre » la grève de l'année dernière, la direction du syndicat nous a muselés avec des actions inefficaces : d'abord une interdiction des heures supplémentaires, puis une interdiction de distribution des prospectus publicitaires. Ces mesures ont été délibérément conçues pour minimiser les perturbations et protéger les résultats financiers de Postes Canada.
La seule raison pour laquelle une grève totale a été autorisée est que les postiers des provinces de l’Atlantique et du Manitoba ont pris les choses en main. Lorsque le ministre de la Transformation gouvernementale, des Travaux publics et de l'Approvisionnement, Joël Lightbound, a annoncé le plan de restructuration du gouvernement Carney le 25 septembre, les travailleurs ont spontanément débrayé. L'appareil du STTP était terrifié à l'idée de perdre le contrôle. Il a appelé à une grève nationale, non pas pour mobiliser nos forces, mais pour les contenir et les désamorcer. Et maintenant, à peine deux semaines plus tard, il a décidé de mettre fin à la grève.
En nous ordonnant de retourner au travail, la présidente du STTP, Jan Simpson, et l'exécutif national ont délibérément semé la confusion et la démoralisation, et sapé les efforts urgents nécessaires pour mobiliser l'ensemble de la classe ouvrière derrière nous. Ils ont poignardé les membres dans le dos et ont une fois de plus laissé l'initiative à Postes Canada et au gouvernement. Ceux-ci peuvent désormais envisager plusieurs options, au moment de leur choix, pour briser la résistance des travailleurs. Parmi celles-ci : maintenir les opérations pendant que les travailleurs sont saignés financièrement par des grèves tournantes futiles ; nous mettre en lock-out ; rendre illégales les actions syndicales et imposer un règlement dicté par le gouvernement ; ou convaincre leurs agents au sein de l'appareil du STTP d'approuver une trahison.
Nous disons « ça suffit ! » Les travailleurs des postes doivent contrecarrer ce sabotage. Pour cela, il faut faire de notre grève nationale le point de départ d'une mobilisation plus large de tous les travailleurs de la logistique et de la classe ouvrière dans son ensemble afin de défendre le droit de grève, les services publics et des emplois bien rémunérés et sûrs pour tous, et d'établir le contrôle des travailleurs sur l'utilisation de l'IA et des autres nouvelles technologies, afin de garantir qu'elles soient utilisées pour le bien de la population et non pour maximiser les profits et l'exploitation des travailleurs.
Pour construire ce mouvement, nous devons prendre la lutte en main en développant le Comité de base des travailleurs des postes (CBTP). Nous devons sortir du système de négociation collective réglementé par l'État et mener notre lutte comme une lutte de classe politique, en mobilisant la classe ouvrière derrière nous pour défendre les services publics et les droits des travailleurs, et contre l'austérité et la guerre.
La réalité politique : le gouvernement, la direction et le syndicat travaillent main dans la main
La réunion qui s'est tenue le 8 octobre entre les dirigeants du STTP et Lightbound a confirmé ce que tous les travailleurs des postes savent déjà. Le gouvernement Carney n'a pas l'intention de faire marche arrière. Lightbound a clairement indiqué que les coupes annoncées seront maintenues. Les offres de Postes Canada, présentées la semaine dernière, constituent un plan de restructuration de l'ensemble du système postal au détriment des travailleurs et du public.
Les propositions comprennent :
- La suppression de la sécurité d'emploi à vie prévue à l'article 53 pour les employés permanents, ouvrant la voie à des licenciements collectifs et à la précarisation.
- Un programme d’incitatif de départ visant à supprimer des milliers d'emplois à temps plein.
- La fermeture de jusqu'à 493 bureaux de poste dotés de personnel du STTP.
- La réduction du nombre de jours de livraison à trois (au lieu de cinq) et le remplacement de la livraison à domicile par des « boîtes aux lettres communautaires ».
- L'imposition d'un acheminement dynamique, d'une surveillance et d'un « nivellement de la charge » afin de supprimer des itinéraires et d'intensifier la charge de travail.
Ce plan revient à « Amazonifier » Postes Canada. Il transformerait le service postal, qui est un service public, en une opération logistique à bas salaires conçue pour canaliser les profits vers Purolator et les géants privés du courrier.
Les libéraux de Carney, agissant pour le compte de Bay Street et de l'élite patronale, ont déclaré que les emplois des postiers étaient « inefficaces » et devaient être supprimés afin que des milliards puissent être réaffectés aux subventions aux entreprises et à la machine de guerre canadienne en pleine expansion.
Le bilan de sabotage du STTP
Le STTP a répondu à l'offensive des libéraux et de la direction par une série de reculs.
L'année dernière, le STTP a mis fin à une grève d'un mois sur ordre de Trudeau, se soumettant à une ordonnance unilatérale de cessation du mouvement de grève émise par le ministre du Travail Steven MacKinnon en vertu de l'article 107 du Code du travail. Le STTP a ensuite entretenu des illusions sur la Commission d'enquête sur les relations de travail (CERT) en la présentant comme la « voix » des travailleurs, tout en sachant pertinemment qu'il s'agissait d'un mécanisme truqué destiné à fournir au gouvernement et à la direction un plan de restructuration. Un mécanisme dont la création même était liée à l'interdiction de mener toute grève pour défendre nos droits pendant toute la durée de la commission.
Pendant des mois après le rétablissement du droit légal de grève en mai, la direction nous a confinés à des interdictions de faire des heures supplémentaires et à des boycotts de tracts, protégeant ainsi les sources de revenus de la direction.
Aujourd'hui, après avoir finalement été contrainte d'approuver une grève nationale, la bureaucratie du STTP est une fois de plus intervenue pour démobiliser les travailleurs, alors même que notre lutte commençait à prendre de l'ampleur et à bénéficier d'un soutien plus large.
En nous réduisant à des grèves tournantes, l'appareil syndical a délibérément renoncé à notre arme la plus puissante – la capacité d'interrompre la livraison du courrier et des colis à l'échelle nationale – au moment même où nous en avions le plus besoin.
Les grèves tournantes ne sont pas une tactique pour remporter la victoire. Elles constituent un mécanisme visant à dissiper l'énergie, à isoler les sections locales et à garantir que la direction puisse poursuivre ses activités. Nous l'avons vu en 2011, lorsque les grèves tournantes ont ouvert la voie au gouvernement Harper pour criminaliser notre grève et imposer des reculs par voie législative.
En autorisant le transport de « certains courriers et colis », le STTP aide directement la direction et le gouvernement. Lightbound et Carney ont désormais les mains libres pour laisser la grève s'éterniser, accroître les difficultés et préparer soit un arbitrage exécutoire, soit une loi de retour au travail pure et simple.
Il s'agit ni plus ni moins d'une collusion. L'appareil du STTP fonctionne comme un gendarme en milieu de travail pour les libéraux et les entreprises canadiennes.
Une lutte politique contre l'austérité et la guerre
La grève à Postes Canada n'est pas un conflit de travail isolé. Elle s'inscrit dans une confrontation de classe plus large.
Carney et les libéraux sont déterminés à faire des postiers un exemple, afin de prouver qu'aucun secteur de travailleurs ne peut résister au programme d'austérité et de militarisme. Des milliards sont investis dans l'armée, les subventions aux entreprises et les préparatifs de guerres impérialistes. Pour financer tout cela, la classe dirigeante exige que des dizaines de milliers d'emplois bien rémunérés, de la poste aux soins de santé et à l'éducation, soient supprimés.
Les appels lancés par la direction syndicale au NPD, au Bloc québécois et aux politiciens « sympathisants » sont une impasse. Ces partis sont pleinement intégrés dans l'ordre capitaliste. Le NPD, en particulier, a depuis longtemps soutenu les gouvernements libéraux qui mettent en œuvre l'austérité, les guerres de l'impérialisme canadien et les lois de retour au travail.
Les postiers doivent rejeter toute orientation vers l'establishment politique et lutter plutôt pour développer un mouvement de masse avec les travailleurs de tout le secteur logistique et au-delà, sur la base d'un programme socialiste qui place les besoins humains au-dessus du profit privé.
La solution : une action indépendante menée par la base
Les travailleurs des postes doivent réagir avec détermination. Nous ne pouvons pas laisser notre lutte être étouffée par une bureaucratie du STTP qui est étroitement liée aux libéraux et au Congrès du travail du Canada. Nous devons bâtir une nouvelle direction venant de la base.
À maintes reprises, c'est l'action indépendante des travailleurs de la base, et non la direction syndicale, qui a fait avancer la lutte. L'automne dernier, ce sont les piquets de grève militants qui ont montré le pouvoir de paralyser Postes Canada. Le mois dernier, ce sont les débrayages spontanés qui ont déclenché la grève nationale.
La leçon est claire : si nous laissons la lutte entre les mains de la bureaucratie du STTP, nous subirons défaite après défaite. La seule solution est de prendre les choses en main grâce à de nouvelles organisations construites à partir de la base.
Le Comité de base des travailleurs des postes exige :
1. L'élargissement de la grève nationale à un mouvement social et politique de tous les travailleurs de la logistique et de la classe ouvrière dans son ensemble contre le complot des entreprises et du gouvernement contre les services publics et les droits des travailleurs.
Nous nous battons sur des questions qui auront un impact sur la vie de millions de travailleurs. Il s'agit notamment de s'opposer à l'utilisation de l'intelligence artificielle pour intensifier l'exploitation et le développement du travail précarisé, ainsi qu'à la subordination des services publics essentiels à la recherche du profit des entreprises.
2. Le rejet du sabotage de notre lutte par le STTP. Les travailleurs postaux doivent exiger la tenue d'assemblées générales où nous pourrons débattre et voter sur le cours de la lutte. Finis les diktats des bureaucrates !
3. La formation de comités de base dans chaque dépôt, usine et unité de distribution. Ces comités doivent prendre le contrôle de la lutte, la coordonner démocratiquement à partir de la base et établir des liens à travers le pays.
4. Une campagne concertée pour mobiliser l'ensemble de la classe ouvrière derrière notre lutte. Notre combat ne concerne pas seulement les emplois postaux. Il s'agit de défendre tous les services publics contre la privatisation et les coupes budgétaires. Les enseignants, les travailleurs de la santé, le personnel des universités et les équipages des compagnies aériennes sont également en lutte. Nous devons nous unir à eux dans un front commun contre l'austérité, les dépenses militaires et la domination du patronat.
5. Une stratégie internationale. Les travailleurs de la poste et de la logistique en Amérique du Nord et dans le monde entier sont confrontés aux mêmes attaques. Amazon, FedEx, UPS, DHL, Royal Mail : tous suppriment des emplois, imposent la surveillance et détruisent les conditions de travail. Notre lutte doit être coordonnée au niveau international par l'intermédiaire de l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC).
Assez, c'est assez ! Prenons la direction de notre lutte !
Les événements de ces dernières semaines ont confirmé les avertissements lancés par le CBTP depuis sa création : les travailleurs postaux ne sont pas simplement confrontés à un conflit contractuel, mais à une lutte politique contre les forces combinées du gouvernement, de la direction et de la bureaucratie syndicale.
Nous devons tirer les conclusions qui s'imposent :
- L'appareil du STTP ne peut être réformé ou contraint à défendre nos intérêts, car il est lié par un partenariat corporatiste avec la direction et le gouvernement, contre nos intérêts.
- Les appels au gouvernement sont vains, car il est notre ennemi.
- La victoire passe par l'organisation de masse de la base et la mobilisation de toute la classe ouvrière contre le programme d'austérité de l'élite au pouvoir.
Nous appelons tous les postiers à rejoindre le Comité de base des travailleurs des postes. Organisez des réunions dans vos dépôts et vos usines pour dénoncer le recul du STTP, rejeter les grèves tournantes et envoyer des délégations chez Purolator, Amazon, Fedex et dans d'autres lieux de travail pour lutter en faveur de l'élargissement de notre grève nationale. Nous devons également nous associer aux enseignants, au personnel de santé et à tous les travailleurs qui luttent contre les licenciements et les coupes budgétaires.
Ensemble, nous pouvons et devons faire de cette lutte le fer de lance d'une contre-offensive de la classe ouvrière contre le gouvernement Carney et le patronat canadien.