Grève à la Société de transport de Montréal:

Les employés de la STM doivent faire appel à tous les travailleurs pour contrer l’austérité

Deux groupes d’employés de la Société de transport de Montréal (STM) seront partiellement en grève à divers moments au cours du mois de novembre: les 4500 chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et agents de station, affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), ainsi que les 2400 employés d’entretien affiliés à la Confédération des Syndicats nationaux (CSN).

Leur action s’inscrit dans une montée des conflits de classe partout au pays avec des grèves à Air Canada, Postes Canada et par des enseignants albertains, pour ne citer que les plus récentes. Dans tous ces conflits, comme dans celui à la STM, les travailleurs sont confrontés à un féroce assaut patronal appuyé par un appareil d’État qui brime les droits démocratiques essentiels tel que le droit de grève.

Suite aux mesures d’austérité draconiennes instaurées par les différents paliers de gouvernement au Canada, notamment celui de la CAQ dirigé par le Premier ministre François Legault, la STM est en état de sous-financement chronique qui met en péril les services à la population et la pérennité du réseau de transport. La société va réduire de 100 millions de dollars ses dépenses sur cinq ans et abolir 300 postes d’ici 2026.

Dans une première grève en 38 ans pour les chauffeurs d’autobus et opérateurs de métro, le transport en commun a été complètement interrompu à Montréal le premier novembre (sauf le service adapté). Deux autres journées de grève sont planifiées les 15 et 16 novembre. Parmi les principaux points en litige, on peut citer: les horaires de travail étalés sur plus de 12 heures, le temps de travail non rémunéré et la privatisation du transport adapté.

Des centaines de travailleurs de la STM ont manifesté le 1er novembre devant le Palais des congrès de Montréal

Quant aux employés d’entretien, ils ont déjà fait grève (en dehors des heures de pointe) à deux reprises plus tôt cette année: du 9 au 17 juin, puis entre le 22 septembre et le 5 octobre. La CSN a annoncé une troisième grève partielle qui aura lieu du 2 au 28 novembre. Les employés concernés s’opposent fermement aux provocations de la STM: offre salariale minable de 12,5% sur cinq ans; mise en place d’horaires atypiques (soir/nuit/fin de semaine); droit de déplacer les employés d’une installation à l’autre; et recours à la sous-traitance, notamment pour la fabrication et la réparation de pièces.

Mais la détermination des travailleurs de la STM à résister à l’assaut patronal est étouffée par les appareils syndicaux qui continuent à insister sur un processus bidon de «négociations» alors que la partie patronale a déclaré la guerre à ses employés. Ce n’est que le dernier exemple du rôle joué par les syndicats depuis des décennies pour supprimer la lutte de classe au nom de la «paix sociale», c’est-à-dire le maintien du statu quo capitaliste.

Les employés de la STM ne pourront aller de l’avant qu’en prenant leur sort entre leurs propres mains par la formation de comités de la base, complètement indépendants de la bureaucratie syndicale.

Une de leurs premières tâches sera d’unir et coordonner les actions de tous les groupes d’employés de la STM, y compris les membres du personnel administratif, technique et professionnel qui ont adopté un puissant mandat de grève à 87% en mai dernier.

De manière plus large, ces comités de la base auront pour mandat de mobiliser activement le soutien de toute la classe ouvrière pour la défense des conditions de travail, non seulement dans le transport, mais dans tous les secteurs, au public comme au privé.

Les circonstances n’ont jamais été aussi propices pour lancer une telle contre-offensive ouvrière. Dans un récent sondage, 80% des personnes répondantes étaient d’avis que pour garantir un bon service aux usagers, la STM devait offrir de bonnes conditions de travail à ses employés. Un appel de ces derniers mettant clairement de l’avant la défense du transport en commun, et de tous les services publics, aurait un puissant écho dans la population.

La colère sociale s’accumule partout au pays pendant que le Premier ministre libéral fédéral Mark Carney invoque les tarifs douaniers et les menaces d’annexion du président américain Donald Trump pour imposer de nouvelles mesures d’austérité et de nouvelles attaques sur les programmes sociaux.

Les «économies» ainsi dégagées vont servir notamment à financer une hausse drastique des dépenses militaires canadiennes pour faire valoir les intérêts géo-politiques du Canada dans un contexte de fortes tensions inter-impérialistes sur la scène mondiale pour le contrôle des ressources et des marchés.

Au même moment, les différents paliers de gouvernement au Canada utilisent régulièrement des lois spéciales pour criminaliser les grèves, y compris contre des postiers, cheminots, débardeurs et travailleurs du secteur public.

Au Québec, le gouvernement Legault a adopté le projet de loi 89 qui lui donne des pouvoirs étendus pour limiter drastiquement le droit de grève. Ces nouveaux pouvoirs comprennent le droit de nommer, en cas de conflit non résolu par la «négociation», un arbitre chargé d’imposer une nouvelle convention collective – laquelle va assurément incorporer la majorité, sinon la totalité, des demandes patronales.

Le ministre québécois du Travail, Jean Boulet, s’est dit à maintes reprises prêt à intervenir dans le conflit à la STM en forçant l’arbitrage. De son côté, le Conseil du patronat du Québec a appelé le ministre Boulet à devancer l’entrée en vigueur de la loi 89 (prévue le 30 novembre) afin de «réduire concrètement les impacts de cette grève».

Les centrales syndicales au Québec n’ont pas levé le petit doigt pour mobiliser leurs membres contre le projet de loi 89. Elles ont seulement appelé les travailleurs à punir la CAQ aux prochaines élections, alors que les partis en lice sont tous de fidèles représentants de la grande entreprise qui appuient pleinement les attaques anti-ouvrières et la destruction du droit de grève.

C’est le cas en particulier du Parti québécois (PQ) qui a imposé de féroces coupes sociales chaque fois qu’il était au pouvoir et qui attise maintenant un virulent chauvinisme anti-immigrants. La bureaucratie syndicale a forgé des liens de longue date avec le PQ qu’elle essaie activement de renouer aujourd’hui.

En fin de compte, les travailleurs de la STM sont engagés, non seulement dans un conflit pour défendre leurs conditions de travail immédiates, mais aussi dans une lutte politique plus large pour contrecarrer les mesures d’austérité et de guerre de toute la classe dirigeante, ainsi que son assaut sur les droits démocratiques.

La formation d’un comité de la base par les travailleurs de la STM serait un premier pas crucial pour faire avancer leur lutte. Un tel comité serait appelé à tisser des liens avec d’autres du même genre, dans un réseau englobant des travailleurs de tous les secteurs, au Canada, aux États-Unis et outremer. C’est dans ce sens que le World Socialist Web Site a pris l’initiative de fonder l’Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC).

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