Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.(Matthieu 7, 16-20)
Jeremy Corbyn et Zarah Sultana se sont réunis au festival The World Transformed (TWT) à Manchester le 10 octobre pour déclarer que leur nouveau projet de parti de gauche était «remis sur les rails» après qu'une guerre de factions interne acharnée ait menacé de faire capoter le projet.
«Bien sûr vous avez tous vu ce qui s'est passé ces dernières semaines», a déclaré Sultana à des centaines de supporters, «mais je suis là pour vous annoncer que le spectacle reprend.» Évoquant la tournée de retrouvailles de Noel et Liam Gallagher, membres d'Oasis en conflit depuis longtemps, elle a déclaré: « S'ils ont pu le faire, bien sûr que Jeremy et moi le pouvons.»
L'architecture édouardienne délabrée et les plâtres néo-baroques encrassés de poussière du théâtre principal du Centre Nia – témoins de l'effondrement du réformisme et de décennies de sous-financement et de négligence – étaient un cadre idéal pour ce redémarrage en pleine crise. Ni les références culturelles désinvoltes de Sultana, ni ses appels répétés à l'unité n'ont pu masquer les tensions et les divergences persistantes au sein de Votre Parti quant à son orientation.
Leanne Mohamad, une proche alliée de Corbyn, a donné le ton de la réunion en tant que présidente, insistant pour dire que « le véritable changement nécessite un mouvement de grande ampleur, une coalition de personnes et de partis partageant une vision commune de justice, d’égalité et d’espoir ».
Elle ouvrait la session «Un monde à gagner: à quoi sert un parti?», où Corbyn et Sultana apporteraient leur réponse à cette question aux côtés de Janis Ehling du Parti de gauche allemand, Nathalie Oziol de La France Insoumise et Peter Mertens du Parti des travailleurs de Belgique, soulignant leurs «luttes communes pour un changement transformateur dans leur propre contexte, du parlement à la rue, de l'organisation communautaire à la solidarité mondiale.»
Sultana a pris la parole la première. Elle a été applaudie plus chaleureusement que Corbyn par le public de TWT, composé de nombreux groupes de la pseudo-gauche dont le Socialist Workers Party, le Socialist Party, le Revolutionary Communist Party, Counterfire, RS21, Anticapitalist Resistance, Socialist Alternative, etc., ainsi que d'anciens membres du Parti travailliste, des Verts, des socialistes indépendants et des anarchistes.
TWT a débuté en 2016 comme un festival en marge de la conférence annuelle du Parti travailliste. Son objectif déclaré était de transformer la direction travailliste rebelle de Corbyn en tremplin pour le «socialisme du XXIe siècle».
Vendredi, Sultana a insisté pour dire que Votre Parti défendait le socialisme et le «pouvoir de la classe ouvrière» avec une rhétorique plus chargée que jamais. Ayant pris la parole lors de meetings bondés à travers la Grande-Bretagne, elle s’est adressée au sentiment de gauche croissant dans la classe ouvrière et chez des jeunes:
Alors, pour quoi luttons-nous ? En termes simples, nous luttons pour le socialisme. Pas pour des ajustements, pas pour des baisses de factures ici et là, ni pour un impôt sur la fortune, mais pour une transformation fondamentale de la société, pour que les moyens de production soient contrôlés par les travailleurs et que les travailleurs contrôlent toute la richesse qu'ils produisent.
Les gens de la classe ouvrière ne sont pas rebutés par une politique de classe. Ils la vivent au quotidien. Ils constatent la guerre des classes lorsque leurs factures augmentent et que leurs compagnies d'énergie annoncent des bénéfices records. Ils constatent la guerre des classes lorsque les propriétaires augmentent les loyers et expulsent les familles sans hésiter. Ils constatent la guerre des classes quand les banques sont renflouées et qu’eux doivent supporter l'austérité. Et ils constatent la guerre des classes en ce moment même lorsque les 50 familles les plus riches du Royaume-Uni accumulent plus de richesses que la moitié de la population, et que nous avons plus de banques alimentaires que de restaurants McDonald's dans le sixième pays le plus riche du monde. Alors, je dis: acceptons la guerre des classes, et cette fois, il est temps que nous gagnions.
Elle a poursuivi sur cette lancée, appelant au retrait du Royaume-Uni de l'OTAN, à l'expulsion du personnel diplomatique israélien du Royaume-Uni et à la mise sur le banc des accusés à la Haye du Premier ministre travailliste Keir Starmer et de son ancien ministre des Affaires étrangères, David Lammy, aux côtés de Netanyahou. Elle a déclaré une fois de plus: « On en a assez de mendier des miettes. Nous venons pour tout prendre, merde»
D'après son discours enflammé, on n'aurait jamais deviné que Sultana a été élue députée travailliste de Coventry Sud en 2019 sur la base d'un manifeste du parti qui soutenait l'OTAN, soutenait le programme d'armes nucléaires Trident et déclarait: «Les entreprises sont le cœur de notre économie».
C’était le propre manifeste de Corbyn.
Elle a été réélue l'année dernière, après avoir approuvé le manifeste travailliste résolument droitier rédigé par Keir Starmer.
Sultana est une politicienne capable de changer de position du jour au lendemain. Sa critique du « corbynisme », publiée il y a moins de deux mois dans la New Left Review, où elle attaquait ses « capitulations » (son refus, en tant que chef du Parti travailliste, de défier la chasse aux sorcières contre « l'antisémitisme de gauche », permettant ainsi l'expulsion de milliers de ses partisans par ceux de Blair), a été mise au rancard vendredi. Elle a déclaré : « L'élection de Jeremy à la tête du Parti travailliste a redonné à des millions d'entre nous l'espoir que la politique pourrait à nouveau être synonyme d'honnêteté et de décence, de paix, de solidarité et de pouvoir de la classe ouvrière. Mais l'establishment a mené une guerre ouverte contre la gauche, tentant de nous exclure de la vie publique. Et pourtant, nous voilà en train de riposter. »
Aucune de ses prétentions exagérées concernant Votre Parti ne survivra. Ses propres capitulations – face à Corbyn et à son appareil de clique – ne laissent présager aucune volonté de sa part d'affronter l'impérialisme britannique et son appareil d'État. Lors de son discours à Manchester, Corbyn a clairement indiqué que la politique du nouveau parti se limiterait à de vagues mesures semi-réformistes autour desquelles « l'unité » pourra se construire avec les pires crapules politiques.
Le Parti de gauche allemand
Janis Ehling est secrétaire général du parti allemand Die Linke (Parti de gauche). Mohamad l'a présenté comme faisant partie d'une «nouvelle génération de dirigeants de la gauche allemande, déterminés à bâtir des mouvements inclusifs, tournés vers l'avenir et véritablement progressistes ».
Ehling a observé que « les partis se forment toujours dans des situations de crise sociale profonde », précisant qu'il expliquerait « comment [son] parti s'est formé et comment il s’était comporté aux dernières élections ». Il a présenté un bref historique du Parti de gauche afin de dissimuler ses fondements politiques et son bilan pourris.
Lorsque le gouvernement SPD de Gerhard Schröder (1998-2005) «s'est retourné contre tous ceux que la social-démocratie devrait représenter», a déclaré Ehling, cela a conduit « de nombreux courants différents de la gauche, syndicalistes, Verts, socialistes, à se rassembler et à former un parti ». En fait, le Parti de gauche a été fondé par le Parti du socialisme démocratique (PDS), le successeur du parti stalinien qui a dirigé l'Allemagne de l'Est jusqu'en 1990, et des sections du SPD et des bureaucraties syndicales de l'Ouest; fusion parrainée en 2007 par Oskar Lafontaine, un dirigeant du SPD et visant à contrôler la résistance de la classe ouvrière.
Ehling a expliqué: « L'objectif de notre parti était de pousser les sociaux-démocrates vers la gauche » et de rendre « notre pays […] plus égalitaire ». Mais la montée de l'extrême droite AfD « a changé toute la donne ».
Il a déclaré à l'auditoire de TWT : « notre parti était quasiment mort l'an dernier» et les gens «perdaient espoir». En effet, après avoir supervisé des coupes budgétaires dans les Lands de Thuringe, Saxe, Berlin, Brême et d’ailleurs, et avoir soutenu les mesures anti-immigrés et la remilitarisation, le Parti de gauche était en plein effondrement. Son objectif affiché de pousser le SPD vers la gauche et d'instaurer la « justice sociale » sous le capitalisme était en ruines. Ehling d’expliquer: « Nous étions à 3 pour cent dans les sondages, puis nous nous sommes dit qu'il fallait faire quelque chose de complètement différent. »
Il s'agissait de tracer, du moins rhétoriquement, « une ligne très claire contre les fascistes », de s'opposer à la transformation des immigrés en boucs émissaires, d'exiger l'abolition des milliardaires, de réclamer des logements abordables et de s'opposer au génocide à Gaza. Il expliqua: « Pour être tout à fait honnête, je suis pessimiste. Mais je n'ai eu que de belles surprises… » Au cours de l'année écoulée, le Parti de gauche a triplé sa part de voix dans les sondages et ses adhérents sont passés de 40 000 à 120 000.
Une nouvelle vague de radicalisation de la classe ouvrière a vu les dirigeants du parti virer cyniquement à gauche, contrôlant et dissipant la colère d'en bas. Le Parti de gauche demeure un parti capitaliste et se présente comme une opposition loyale au chancelier Friedrich Merz, qui, lui, courtise l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) fasciste, intensifie l'agression militaire de l'OTAN contre la Russie et soutient le génocide à Gaza, tout en imposant une répression brutale contre les opposants au génocide et au fascisme.
Le Sozialistische Gleichheitspartei, la section allemande du Comité international de la Quatrième Internationale, a beaucoup écrit sur l’histoire et le parcours politique du Parti de gauche, notamment ici , ici et ici .
La France Insoumise
De la France, où la classe ouvrière s'est engagée à plusieurs reprises dans des luttes de classe directes contre l'austérité et la répression de l'État, suscitant les espoirs des travailleurs de toute l'Europe, Nathalie Oziol a apporté les salutations du LFI (La France Insoumise) de Jean-Luc Mélenchon. Ses considérations politiques, intégrant des attaques postmodernistes contre «l'essentialisme de classe» et le marxisme, soulignaient le rôle du milieu pseudo de gauche aisé de la France dans le retardement de la conscience politique de la classe ouvrière et le blocage de son indépendance politique.
Sa réponse à la question « Qu’est-ce qu’un parti ? » (à laquelle Lénine répondit il y a plus de 100 ans ) était que « LFI […] n’est pas un parti politique, c’est un mouvement politique, et c’est un choix délibéré de notre part ».
Elle a poursuivi ainsi: « En France, et peut-être ailleurs aussi, la société est aujourd'hui fragmentée, divisée. Elle ne correspond plus vraiment à la classification traditionnelle en classes sociales, qui justifiait autrefois la raison d’être d'un parti politique. Car, eh bien, le parti politique était autrefois la forme organisée de la classe ouvrière industrielle, n'est-ce pas?»
Oziol a déclaré que LFI prônait des « mouvements sociaux », un modèle qui « ne nécessite aucune forme de contribution financière. Il est basé sur l'action, l'action politique ». Ils organisent « des réunions, des rencontres, pour décider du programme et des actions de la semaine. Et cela nous amène à être profondément […] connectés aux mouvements sociaux, comme le plus récent… « Bloquons tout ».
Elle a exposé le « programme radical » de LFI: abrogation de la réforme des retraites, départ à la retraite à 60 ans, « rupture d’avec le système traditionnel ou capitaliste » via un impôt sur la fortune, et une VIe République, qu'elle dit ne pas avoir le temps d’«élaborer».
Oziol n’a fait qu’une brève allusion à la crise explosive en France, un effondrement du régime démocratique bourgeois sans précédent depuis les années 1930, où on prépare l’extrême droite à arriver au pouvoir pour imposer une austérité brutale, la répression d’État et un réarmement militaire aux conséquences profondes pour toute l’Europe.
S'opposant à toute lutte pour mobiliser la classe ouvrière dans une offensive sociale et politique pour le socialisme, LFI insiste sur une réponse utilisant uniquement les méthodes constitutionnelles existantes, la destitution du président Macron et l'appel à de nouvelles élections, tandis que ses alliés du Parti socialiste au sein du Nouveau Front populaire (NFP) soutiennent le gouvernement en désintégration de Macron dirigé par le Premier ministre Sébastien Lecornu.
Mélenchon s'est classé troisième à l'élection présidentielle de 2022, recueillant 7 712 520 voix, et a utilisé cette position pour renforcer Macron, censé contrebalancer la montée du Rassemblement national de Marine Le Pen. De ce fait, trois ans plus tard, un gouvernement d'extrême droite représente une menace réelle et immédiate. Pour comprendre cette situation, les articles suivants d'Alex Lantier, le secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste (PES) et de Peter Schwarz sont à lire absolument.
Parti des travailleurs de Belgique
En déroulant le tapis rouge pour Peter Mertens, président (de 2008 à 2018) du Parti des travailleurs de Belgique (PTB), qui représente ce parti au Parlement fédéral belge depuis 2019, Corbyn et Sultana indiquent clairement que leur appel à « l'unité de la gauche » englobera toutes les variétés du stalinisme.
Mertens a rejoint le mouvement de jeunesse du PTB maoïste en 1987. Ni la répression sanglante par la bureaucratie stalinienne chinoise des grèves de masse et des manifestations étudiantes de 1989 sur la place Tiananmen, ni le virage éhonté vers la restauration capitaliste par le Parti communiste chinois n'ont ébranlé la loyauté de Mertens envers l'utopie nationaliste du «socialisme aux caractéristiques chinoises».
Le prédécesseur de Mertens à la tête du parti, Ludo Martens, célébrait dans son livre de 1994, Un autre regard sur Staline, les purges sanglantes menées par Joseph Staline contre les trotskystes et visant à détruire le parti de Lénine et à anéantir tous ceux qui avaient un lien quelconque avec les traditions internationalistes d'Octobre 1917. Ce n'est qu'en 2008 que Mertens a lancé un processus de « Renouveau », affirmant rejeter le passé maoïste et stalinien du parti. Mais son engagement et celui du PTB en faveur d'un programme national-réformiste et d'« initiatives populaires » populistes inter-classes s'est renforcé.
« La société capitaliste traverse une crise profonde partout », a déclaré Mertens, expliquant : « Dans cette tourmente, les petites choses peuvent devenir grandes et énormes très rapidement si nous les gérons. » Il a conseillé: « Nous n'avons pas à craindre la tourmente », invitant les fondateurs de Votre Parti à « rester calmes et à construire ». Si certains peuvent avoir « un point de vue très étrange sur certains détails, peu importe. Construisons des ponts avec eux. »
Partout en Europe, la gauche avait organisé une « dépression collective » alors qu'il lui fallait au contraire « créer de l'espoir » et « redonner sa grandeur à la classe ouvrière ». Mais, fidèle à son ascendance stalinienne, il a relégué le socialisme à un avenir indéfini. Il a mis en garde contre un conflit entre patience et impatience, soulignant que la construction d'un mouvement socialiste était « un projet à long terme ».
Jeremy Corbyn
Corbyn, le dernier orateur, a été présenté comme « le meilleur Premier ministre que nous n’avons jamais eu », tandis que Mohamad exhortait l’auditoire à « se rassembler avec gratitude et espoir et à applaudir chaleureusement un homme qui a changé le cours de notre politique ».
Le discours terne de Corbyn, rempli de demi-vérités et de demi-mesures, a reconnu que nous étions dans une période grave, avec « la montée de l’extrême droite » et « une atmosphère horrifiante et dangereuse sur tout le continent », mais n’a proposé aucune opposition sérieuse.
Il a critiqué les partis conservateurs pour avoir emboîté le pas à l'extrême droite, tandis que «à leur grande honte, les partis socialistes et sociaux-démocrates ont glissé dans cette direction pour combler ce vide». Il a décrit ce processus comme le fruit d'une réflexion erronée plutôt que de décisions délibérées de partis bourgeois réagissant à l'effondrement mondial du capitalisme et déterminés à mener une guerre acharnée contre la classe ouvrière.
Pointant le fait que Starmer avait émulé Enoch Powell [politicien conservateur raciste des années 1960] – en affirmant que l'immigration en Grande-Bretagne avait créé «une île d'étrangers» – Corbyn a lancé un appel au parti droitier enragé de celui-ci: « Ne cédez pas de terrain aux racistes et à l'extrême droite. Ça ne finira pas bien. »
Corbyn a présenté les objectifs de Votre Parti comme un engagement en faveur de la « démocratie locale », sans proposer de programme pour lutter contre le gouvernement autoritaire de Starmer, ni contre la montée de Reform UK et de sa périphérie fasciste. Il a annoncé: «des réunions délibératives où les citoyens donneront leur avis sur le type de démocratie locale que nous souhaitons, le type de responsabilité que nous souhaitons et les domaines politiques que nous souhaitons. Nous avons défini notre vision générale : la paix, la justice, l’égalité économique et l’opposition au racisme. Nous élaborerons ensuite d’autres politiques.»
Exhortant son auditoire de TWT à contenir ses revendications pour des mesures plus radicales, il a averti les responsables des sections locales de Votre Parti: « Le débat interne est important, bien sûr, et il est important de bien comprendre ce que vous faites. Mais surtout, assurons-nous d'être toujours à 100 000 pour cent pertinents pour la communauté dans laquelle nous évoluons. »
Cela impliquerait des réunions mensuelles ouvertes pour discuter des «problèmes locaux, des transports locaux, de l’éducation locale, de tout ce qui se passe, puis intégrer le tout dans un processus d’élaboration de politiques afin que nous devenions une force du bien au sein de notre société».
« Autodestructeur »
Corbyn souhaiterait un nouveau parti de gauche géré comme son jardin potager d'Islington. Son socialisme fabien et municipal, éclipsé il y a plus d'un siècle par la naissance du Parti travailliste, est ridiculement dépassé. Le principe fondamental de Corbyn est l'opposition à la lutte des classes en Grande-Bretagne et à l'international.
En effet, aucun des intervenants de TWT n’a même mentionné les événements aux États-Unis, où le président Donald Trump érige une dictature présidentielle basée sur l’armée, la police et les agitateurs fascistes.
Trump a déployé l'armée dans les rues de Washington D.C., Portland et Chicago, tandis que ses agents de la Gestapo sillonnent les quartiers pour kidnapper les immigrants dans les rues. S'inspirant directement du modèle nazi, sa cabale fasciste a déclaré la guerre à la gauche, dénonçant les opposants au fascisme et au génocide comme des «terroristes» en préparation d'une répression généralisée.
De tels événements sont une condamnation accablante du véhicule réformiste que Corbyn et Sultana sont en train de bricoler.
Sans surprise, leur démonstration d'unité a été éclipsée de façon spectaculaire plus tard dans la soirée lors d'une session de TWT intitulée «Qui a le pouvoir ? – La démocratie de Votre parti». Présentée comme un «débat sur les structures démocratiques du nouveau parti», elle a rapidement dégénéré en conflit de factions acharné entre les intervenants et le public.
Dans un article du Spectator («Le nouveau parti de Jeremy Corbyn est en train de s'autodétruire»), on cite Max Shanly (cofondateur de Momentum qui a joué un rôle clé dans le maintien de l'ordre au sein du mouvement rebelle derrière Corbyn après 2015), dénonçant Alan Gibbons, un conseiller municipal indépendant de Liverpool, proche allié de Corbyn.
Le Spectator écrit:
Le problème de Max – en fait, il semblait être celui de la plupart des quelque 50 personnes réunies ce soir-là pour discuter des structures organisationnelles de la nouvelle initiative – était que, la promesse de la fondation de Votre Parti, s’était transformée en film d'horreur antidémocratique et stalinien dont Corbyn était l'icône inefficace et réticente, manipulé par des conseillers souhaitant une nouvelle tentative vouée à l'échec pour accéder au pouvoir. «Il y a des gens au sommet de ce parti qui veulent par tous les moyens en rester la force hégémonique», a déclaré Max, faisant référence non seulement à Alan, mais aussi à Karie Murphy et à ses alliés, qui ont essuyé des attaques répétées au cours de la soirée et lors de la conférence. Murphy était la directrice de cabinet de Corbyn lorsqu'il était chef du Parti travailliste, et pour les différentes factions du socialisme britannique, elle est aujourd'hui une sorte de Belzébuth.
Il est revenu à Fiona Lali, du Revolutionary Communist Party et fervente partisane de «Jeremy» et «Zarah», de déplorer avec tristesse la perte de «l'élan qui avait conduit à la conférence fondatrice».
La crise de Votre Parti, et celle de ses partisans de la pseudo-gauche, met en évidence la faillite profonde de son programme réformiste dans un contexte de tensions sociales extrêmes. Ses principaux membres, Corbyn en tête, ont conscience du volcan qui se trouve sous leurs pieds et s'efforcent d'empêcher son éruption en bloquant le développement d'un mouvement ouvrier conscient en faveur du socialisme.
(Article paru en anglais le 15 octobre 2025)