Ceci est le troisième d'une série de trois articles. La première partie a été publiée le 13 janvier 2025 et la deuxième partie le 22 janvier.
La lutte contre l'impérialisme et la guerre
Aujourd'hui, un grand nombre de partis de la pseudo-gauche représentant des couches aisées de la classe moyenne d'Amérique du Nord, d'Europe occidentale et d'Australasie sont des adeptes déclarés de la guerre impérialiste. Ils se servent en cela de slogans types «droits de l'homme» et s'insurgeant contre le soi-disant «impérialisme» russe et chinois pour légitimer, et même soutenir directement, les opérations militaires néocolonialistes. Ils sont alignés sur les États-Unis et l'OTAN et ont défendu leurs guerres en Yougoslavie, en Libye, en Syrie, en Ukraine et en Russie, ainsi que les provocations impérialistes menées contre la Chine en Asie du Sud-Est.
Une autre aile de ces tendances de la pseudo-gauche a actualisé l'«ultra-impérialisme» de Kautsky – déclarant la possibilité d'une réglementation pacifique, non violente et non impérialiste de l'économie mondiale et des relations entre les principales puissances capitalistes – par le biais du concept de «multipolarité». Ils soutiennent que les puissances américaines et européennes peuvent accepter progressivement et pacifiquement d'être éclipsées par leurs concurrents, en particulier ceux qui suivent la Chine.
C'est aussi la politique officielle des régimes capitalistes de Russie et de Chine qui, ne craignant rien plus que l'émergence d'un mouvement révolutionnaire dans leurs pays respectifs et dans la classe ouvrière internationale, font appel à d'autres États partout dans le monde pour former un contrepoids aux puissances impérialistes. Ils espèrent ainsi renforcer leur position à la table des négociations avec l'impérialisme.
Les politiciens capitalistes et staliniens du continent africain ont également adopté la «multipolarité». C'est le cas de Julius Malema, leader des Combattants pour la liberté économique (EFF) d'Afrique du Sud, qui présente les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) comme un contrepoids à l'impérialisme. Il définit les BRICS comme un groupe «progressiste et tourné vers l'avenir» ayant pour mandat de mettre fin à la «domination impérialiste du monde» et «comme une alternative au G7 et à l'alliance guerrière de l'OTAN». De même, Booker Ngesa Omole, le dirigeant du Parti communiste du Kenya-marxiste (CPK-M), a déclaré: «La transition de l'unipolarité à la multipolarité dans la politique mondiale offre aux révolutionnaires l'occasion de remodeler l'ordre mondial en faveur des opprimés et des marginalisés».
Ce genre de perspective est en faillite. Elle suppose que l'impérialisme américain acceptera sa rétrogradation naturelle. La réalité prouve le contraire. Washington s'est livré à des guerres sans fin au cours des trois dernières décennies, en Europe de l'Est, au Moyen-Orient et en Afrique, pour tenter de compenser son déclin économique. Dans la préface de « A Quarter Century of War : The US drive for global hegemony : 1990-2016 » (Un quart de siècle de guerre: la campagne des États-Unis pour l’hégémonie mondiale: 1990-2016), David North, président du comité de rédaction international du World Socialist Web Site, écrit :
Il faut étudier le dernier quart de siècle de guerres provoquées par les États-Unis comme une chaîne d'événements interconnectés. La logique stratégique de la campagne d'hégémonie mondiale des États-Unis s'étend au-delà des opérations néocoloniales au Moyen-Orient et en Afrique. Les guerres régionales en cours sont des éléments constitutifs de l'escalade rapide de la confrontation des États-Unis avec la Russie et la Chine. [1]
Aujourd'hui, les États-Unis et les puissances de l'OTAN intensifient sans relâche leur guerre en Ukraine, dans le but d'infliger une défaite décisive à la Russie de la part des États-Unis et de l'OTAN, notamment un changement de régime, et pour finir, le vol de ses vastes ressources naturelles.
Dans le même temps, Washington et ses alliés préparent un nouveau front contre la Chine, qui est considérée par les stratèges de l'impérialisme américain comme la principale menace pour son hégémonie mondiale.
Le génocide lancé par Israël contre les Palestiniens, son invasion du Liban, le changement de régime en Syrie et le bombardement du Yémen, tous soutenus par les puissances de l'OTAN, font partie d'une guerre régionale au Moyen-Orient visant particulièrement l'Iran, un allié de la Chine et de la Russie. L'objectif est de contrôler la région riche en pétrole.
Le nouveau partage de l'Afrique
Un autre front se dessine rapidement, sous la forme d'un nouveau partage de l'Afrique. Poussé par des crises internes et confronté au déclin rapide de la position de l'impérialisme américain et européen à l'échelle mondiale, le continent africain et ses riches ressources sont de plus en plus considérés comme un moyen nécessaire pour les autres fronts de leur guerre.
Des pays comme la République démocratique du Congo fournissent du cobalt, vital pour les batteries lithium-ion utilisées dans le matériel militaire de pointe, tandis que les terres rares d'Afrique du Sud et de Madagascar sont indispensables à la fabrication d'appareils électroniques, de lasers et de capteurs utilisés dans les applications militaires. De même, les gisements d'uranium de pays comme le Niger et la Namibie sont essentiels pour l'énergie nucléaire et l'armement. Des métaux comme le tantale, abondant sur tout le continent, sont cruciaux pour les systèmes de guidage des missiles. En outre, les abondantes réserves de pétrole et de gaz naturel de l'Afrique, dans des pays comme le Nigeria et l'Angola, sont essentielles pour alimenter les opérations militaires dans le monde entier.
Identifiant l'Afrique comme une région géopolitique importante pour leur campagne hégémonique mondiale, les États-Unis ont lancé des guerres sur tout le continent au cours des trois dernières décennies. Entre 1992 et 1994, Washington a déployé des troupes pour occuper la Somalie. Après leur retrait, les États-Unis ont soutenu l'invasion de la Somalie par l'Éthiopie en 2006, suivie de celle du Kenya en 2011. Ces interventions, visant à contrôler le détroit de Bab el-Mandeb, l'un des passages maritimes les plus importants au monde, ont entraîné la mort de dizaines de milliers de Somaliens.
Dans les années 1990, les États-Unis et des puissances européennes ont également soutenu le Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par les Tutsis, contre le gouvernement au pouvoir dirigé par les Hutus, pro-français, débouchant sur le génocide de 1994. Ceci fut suivi par le soutien des États-Unis au FPR rwandais et les invasions ougandaises du Zaïre riche en minerais (aujourd'hui la République démocratique du Congo), pour installer un régime pro-américain, ce qui a conduit à la Première et à la Deuxième guerre du Congo dans les années 1990 et 2000, faisant plus de 5 millions de morts.
En 2006, les États-Unis ont créé l'AFRICOM avec pour mission d'exercer une plus grande influence militaire sur l'Afrique, afin de maintenir et de faciliter l'exploitation par Washington des vastes ressources économiques du continent et de ses masses laborieuses. Depuis, Washington a mené la guerre sur tout le continent, utilisant les dizaines d'avant-postes de l'AFRICOM et travaillant avec les forces locales pour lancer des raids de commandos, des frappes de drones et des programmes d'assassinats secrets. Entre 2013 et 2017, les forces d'opérations spéciales américaines ont combattu dans au moins 13 pays africains.
En 2011, les États-Unis et les puissances européennes ont lancé une opération de changement de régime contre la Libye, riche en pétrole, qui a tué 50 000 personnes et jeté le pays dans le chaos, sans gouvernement central fonctionnel et dans un paysage apocalyptique d'instabilité. Des factions tribales rivales ont émergé, se disputant la domination des vastes réserves de pétrole du pays. À ce jour, diverses puissances mondiales continuent de s’en disputer le contrôle, se servant de mandataires locaux pour faire avancer leurs intérêts.
La principale préoccupation de Washington dans la région est la montée en puissance de son principal concurrent, la Chine. Avec un volume d'échanges de 204 milliards de dollars, Pékin est déjà le premier partenaire commercial de l'Afrique. Dans le cadre de l'initiative « Nouvelle route de la soie», la Chine a investi des milliards dans des projets d'infrastructure à grande échelle, notamment des chemins de fer, des ports et des installations énergétiques, tout en accordant des prêts substantiels aux États africains, sapant ainsi l'influence de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, dominés par les États-Unis. Les entreprises de Pékin soutenues par l'État ont obtenu des contrats clés pour l'extraction des ressources naturelles, garantissant ainsi l'accès à des minerais et à des approvisionnements énergétiques essentiels. Dans les secteurs des télécommunications et de la technologie, les entreprises chinoises telles que Huawei sont de plus en plus dominantes dans la construction des réseaux 5G.
Washington a clairement indiqué qu'il ne laisserait pas l'Afrique tomber aux mains de la Chine. Les États-Unis ont signé des centaines d'accords d'une valeur de 14,2 milliards de dollars avec des pays africains dans une première tentative de contrer l'influence croissante de la Chine. En décembre, le président sortant Joe Biden s'est rendu en Angola où il a déclaré: «Les États-Unis s'intéressent de près à l'Afrique». Biden a notamment mis l'accent sur le projet ferroviaire du corridor de Lobito, financé par les États-Unis, qui vise à faciliter le transport de minéraux essentiels de la République démocratique du Congo et de la Zambie vers les marchés mondiaux, en passant par l'Angola.
Compte tenu de la diminution de la capacité des États-Unis à concurrencer la Chine sur le plan économique, des voix s'élèvent au sein de l'establishment américain pour réclamer une approche militaire plus agressive. Comme l'a récemment déclaré le vice-secrétaire d'État américain Kurt Campbell, «nous devons faire plus et nous devons contester les actions chinoises, non seulement en ce qui concerne leur stratégie de base avancée, mais aussi leur désir de s'attaquer aux terres rares de l'Afrique, qui seront essentielles pour nos capacités industrielles et technologiques».
Les États-Unis sont la plus agressive des puissances impérialistes sur le continent, mais la même dynamique qui pousse Washington à la guerre opère également pour les États impérialistes européens. Assaillis par les mêmes maladies politiques et économiques que Washington, ils possèdent encore moins de ressources financières pour y faire face.
La France mène une guerre dans la zone du Sahel depuis plus d'une décennie, dans le but de maintenir son influence en déclin à travers l'Afrique. Paris est intervenu en Libye (2011) et au Mali (2013), puis au Niger, au Burkina Faso, au Tchad et en Mauritanie en 2014. Au Burkina Faso, la France a joué un rôle clé dans la destitution du président Blaise Compaoré en 2015. Malgré cela, des manifestations de masse ont forcé les troupes françaises à quitter le Mali, le Niger et le Burkina Faso, alors que les nouveaux régimes cherchaient à renforcer l’aide militaire venant de la Russie et à nouer des liens économiques avec la Chine. Le Sénégal, le Tchad et la Côte d'Ivoire envisagent à présent de faire de même.
L'Allemagne, qui n'a jamais pardonné la perte de ses colonies au profit de la Grande-Bretagne et de la France en Afrique après la Première Guerre mondiale, est intervenue au Mali et au Niger. Au cours des deux dernières années, le chancelier Olaf Scholz a parcouru l'Afrique de manière agressive avec de hauts représentants des trusts pour annoncer des investissements d'un milliard d'euros. Berlin tente de s'assurer l'accès à l'énergie et aux matières premières africaines, à des marchés de vente lucratifs et à la main-d'œuvre bon marché.
L'impérialisme britannique, autrefois la puissance dominante en Afrique, tente de rétablir son influence. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a déclaré que «ce serait une énorme erreur pour le Parti travailliste de négliger l'importance de l'Afrique». Le Royaume-Uni détient la base BATUK au Kenya, la plus grande base africaine du Royaume-Uni. Ses troupes ont fait la guerre au Mali et au Sud-Soudan, et forment régulièrement des forces africaines mandataires sur tout le continent. Les données sur la position des investissements directs étrangers (IDE) de la Grande-Bretagne en Afrique de 2004 à 2019 montrent qu’ils y ont culminé en 2019 à 50,5 milliards de livres sterling, soit près du double par rapport à 2004.
La présence permanente des armées européennes en Afrique démontre que ces puissances ne s'appuient pas uniquement sur des forces par procuration et sur la bourgeoisie africaine pour faire valoir leurs intérêts sur le continent. Ils y préparent partout une escalade massive de la guerre.
L'élection de Donald Trump accélérera encore cette militarisation du continent, alors que les capitales européennes, confrontées à la menace de mesures de guerre commerciale supplémentaires de la part de Washington et à la concurrence accrue de la Chine, recherchent agressivement de nouveaux marchés, de nouvelles matières premières, des opportunités d'investissement et une main-d'œuvre bon marché.
Socialisme contre nationalisme bourgeois
Les régimes capitalistes et nationalistes en Russie et en Chine, qui représentent les intérêts des oligarques issus de la restauration capitaliste stalinienne, n'ont pas de réponse progressiste. Ils n'offrent pas une voie de développement pacifique pour les masses africaines. Au contraire, ils alternent entre les gesticulations militaires et les appels vains à une « coexistence pacifique » avec l'impérialisme
Quant aux élites dirigeantes africaines, rien ne met plus en évidence leur banqueroute que le fait qu'elles s’offrent comme larbins de l'impérialisme. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi est un allié militaire clé de l'impérialisme américain et joue un rôle crucial dans le génocide palestinien. Le président rwandais Paul Kagame a déployé des troupes pour écraser une insurrection islamiste dans le nord du Mozambique afin de protéger les investissements gaziers de milliards de dollars du géant énergétique français Total. Le président ougandais Yoweri Museveni a envoyé des troupes au Soudan, au Sud-Soudan, au Rwanda, en République démocratique du Congo et en Somalie pour servir les intérêts américains. Et le président kenyan William Ruto a rampé devant Washington pour devenir un allié non membre de l'OTAN, alors que la police kenyane est déployée en Haïti pour terroriser la population et la soumettre au nom de l'impérialisme américain et canadien.
En Afrique de l'Ouest, le Nigeria a menacé de lancer une intervention militaire contre le Niger voisin l'année dernière, après le renversement du président pro-français Mohamed Bazoum par l'armée. Cette menace visait à préserver l'influence de Washington et de Paris sur ce pays pauvre mais riche en ressources. Le Nigeria s'est finalement abstenu, craignant qu'une telle intervention ne déclenche des troubles sociaux généralisés sur son propre territoire.
En Afrique australe, les anciens mouvements de libération nationale bourgeoise qui menaient autrefois une lutte armée contre les colonies portugaises et les États colonisateurs soutenus par les États-Unis et la Grande-Bretagne, la Rhodésie du Sud (Zimbabwe) et l'Afrique du Sud, se sont transformés en instruments clés permettant à l'impérialisme de maintenir sa mainmise sur cette région riche en minéraux.
Le Congrès national africain (ANC) gouverne l'Afrique du Sud depuis 1994; le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) et le Frelimo contrôlent respectivement l'Angola et le Mozambique depuis 1975; l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF) dirige le Zimbabwe depuis 1980; et l'Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO) est au pouvoir en Namibie depuis 1990.
Dans tous les cas, ils ont démantelé les services sociaux, licencié des travailleurs du secteur public, dévalué leurs monnaies et privatisé les industries nationales pour obtenir des prêts de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. La pauvreté et les inégalités sociales n'ont fait que croître après l'indépendance, les soi-disant «réformes de libre marché» ayant garanti que ceux au sommet accumulent une immense richesse.
En fin de compte, la lutte pour l'Afrique ne sera pas réglée par l'économie seule, mais sera poussée par des considérations militaires. Une nouvelle agression militaire et le danger d'une troisième guerre mondiale ne peuvent être évités que par la mobilisation de la classe ouvrière internationale sur la base d'un programme socialiste et révolutionnaire.
Partout dans le monde, une vague d'opposition de la classe ouvrière aux inégalités et à l'exploitation capitaliste se développe sous la forme de grèves et de manifestations. L'Afrique est en train de devenir rapidement une poudrière sociale.
Entre 2016 et 2023, le nombre de manifestations dans les pays africains a plus que doublé. Les données de l’ACLED (Armed Conflict Location and Event Data Project) indiquent qu'entre janvier 2016 et mai 2023, il y a eu environ 7 164 manifestations liées à des questions comme l'alimentation, les salaires et les prix – 5 039 d'entre elles ont eu lieu après l'éruption de la pandémie de COVID-19 en mars 2020. L'Afrique subsaharienne a également connu la montée la plus rapide des manifestations politiques de masse dans le monde, avec une augmentation annuelle de 11,5 % entre 2009 et 2019.
Au Kenya, ce qui avait commencé par des manifestations nationales contre des hausses d'impôts pour les travailleurs s’est rapidement tranformé en insurrection. En Afrique du Nord, rien que cette année, les travailleurs marocains ont organisé plus de 100 manifestations pour protester contre les salaires et la flambée du coût de la vie. Des manifestations ont éclaté contre l'austérité du FMI au Nigeria et au Ghana, et l'opposition est montée contre les régimes autoritaires soutenus par les États-Unis au Zimbabwe, en Ouganda et au Mozambique.
Le mouvement des travailleurs sur le continent africain, en alliance avec les travailleurs des centres impérialistes, a le pouvoir de mettre fin à la guerre impérialiste et au nouveau partage de l'Afrique, et de redistribuer les richesses mondiales pour répondre aux besoins sociaux de la classe ouvrière. La tâche essentielle consiste à introduire dans ces luttes une compréhension de la crise du capitalisme dans son ensemble, dont la manifestation la plus dangereuse est la guerre impérialiste. Il faut développer une direction politique au sein de la classe ouvrière qui puisse unifier les différentes luttes et jeter les bases du renversement de l'ensemble du système socio-économique par le biais d'une révolution socialiste mondiale.
Les travailleurs et les jeunes de l'Afrique ont besoin d'un parti qui soit totalement indépendant de toutes les factions de la bourgeoisie africaine, des puissances impérialistes, de la Chine et de la Russie, et qui lutte pour les intérêts historiques de la classe ouvrière internationale. Seul le mouvement trotskyste mondial, incarné par le Comité international de la Quatrième Internationale, constitue un tel parti. Sa construction est donc la tâche la plus urgente dans la lutte pour unir les travailleurs à l’international autour du programme de la révolution socialiste mondiale.
Fin
[1]
David North, A Quarter Century of War: The US Drive for Global Hegemony, (Oak Park: Mehring Books, 2016), p. xix.